Sébastien Tellier
My God is Blue
Bonsound/Record Makers
France
Note: 7/10
My God is Blue est le tout premier album de Sébastien Tellier que j’ai eu la chance d’écouter. Tellier lui en est à son cinq ou sixième (albums, collaborations, compilations, etc). Personnellement, je suis un peu hébété d’être passé à côté. Disponible depuis déjà plusieurs mois en Europe, My God is Blue sera disponible au Québec, dans toutes ses versions, demain. Ceci dit, l’album mérite tout de même d’être revu aujourd’hui, soit près d’un an après sa sortie originale.
My God is Blue débute de façon grandiose. Pépito Bleu, malgré son titre plutôt niais, est une pièce d’envergure qui accroche. Tout semble être exagéré (synthé à la Vangelis, rythmes lents et exhaustifs), mais le dosage est visiblement calculé puisqu’il s’agit d’un très bon morceau. L’intro est longue et les paroles peu nombreuses. Sébastian Tellier rappelle Serge Gainsbourg à son meilleur (la narration cool d’Histoire de Melody Nelson) et à son pire (l’instrumentation de Love on the Beat). Aussitôt commencée, Pépito Bleu est aussitôt finie (la pièce, pourtant épique, dure moins de 3 minutes). Suit The Colour of Your Mind, un morceau presque chill-wave qui rappelle bien aussi la pop française des années 80 et fin 70. La pièce suivante, Sedulous, nous offre une ligne de basse entraînante accompagnée d’orchestrations aux saveurs toujours aussi rétro.
Sébastien Tellier sait expérimenter, mais il sait aussi créer des hits. Lui-même le disait l’été dernier lors de son passage à On n’est pas couché: «J’adore la pop, j’adore les codes pop, seulement moi, je déséquilibre un peu le tout, j’essaie de créer un truc un peu nouveau, mais toujours avec les codes pop. Je déteste les films emmerdants, les albums emmerdants, je déteste les livres emmerdants. J’veux qu’il y ait de l’action, comme tout le monde.» Cochon Ville en est un bon exemple. Cette fois-ci, Tellier fait presque dans le disco. Plusieurs remixes de Cochon Ville sont déjà paru sur un EP portant ce nom. Celui du producteur/DJ français Brodinski vaut certainement la peine d’être écouté. Les nombreux remixes de chansons tirées de My God is Blue et Sexuality (l’album précédent) font constamment revivre la musique de Sébastien Tellier.
My God is Blue continue sur la même vague chill-wave/downtempo, au piano, pendant plusieurs morceaux. Malheureusement, les chansons se ressemblent parfois un peu trop. Le tempo accélère avec l’excellente pièce Against the Law qui fait bien rire: «Coiffeur pour lui, pour elle […] c’est quoi cette histoire de coiffeur, c’est n’importe quoi, oui, et c’est beau.» La chanson semble se terminer avec un petit excès de synthé puis le rythme et la basse reprennent de plus belle. L’effet est tranchant (comme dans les dernières minutes de State of the Nation de New Order par exemple). My God is Blue et Yes, It’s Possible terminent bien l’album. Tout y est: orgue, synthé, longs interludes, solos à la Randy Rhoads…
Co-produit avec Mr Flash (Ed Banger Records), My God is Blue est plaisant et vaut plus d’une écoute. L’étrange musique de Sébastien Tellier pique la curiosité, mais dans le cas de My God is Blue, la musique, malgré quelques bons morceaux, se ressemble trop. Tellier se situe quelque part entre Gainsbourg, un Leonard Cohen qui nous chante First We Take Manhattan et Emerson, Lake & Palmer. Comme eux, il n’est pas parfait, mais il s’efforce de sortir du lot. Tellier affirma lui-même dans une entrevue récente ne pas être un guru ou un philosophe, mais plutôt une maman (qui fait naître des choses). Mangez quelques pépitos bleus et laissez-vous donc border par Sébastien Tellier.
C’est vrai que ses titres se ressemblent, ils portent la marque de fabrique « »sébastien tellier », mais en même temps l’album est tellement unique en son genre ! Une alliance de pop et de poésie, avec en plus une certaine dose d’humour.