Entrez entrez, dans ce temple de la meilleure musique de 2012. Nous voici arrivés au top 10, à la crème de la crème de l’art sonore. Lisez tranquillement, et appréciez.
#10 The Walkmen
Heaven
[Fat Possum]
Il y a quelque chose de prestigieux à être membre d’un groupe comme The Walkmen. Tout d’abord, une carrière musicale de plus de douze ans, des miles parcourus autour du monde et une discographie de sept albums. Par-dessus tout ça, il y a aussi une volonté sans limites de se dépasser, et ce malgré les bonnes ou mauvaises passes d’un groupe. Quand le quintette américain s’est retrouvé pour créer Heaven, ce n’était pas pour réinventer la roue ou encore pour composer le Kid A de la décennie 2010. Walkmen n’a pas les intentions ou le talent des Radiohead et Arcade Fire de ce monde, mais ils ont une vision bien juste de ce qui les fait vibrer dans la musique indie. Avec Heaven, le groupe se félicite de tout le chemin parcouru. Ils arrêtent, pour un album, de se traiter de rats sociaux pour qui l’amour n’est qu’un mythe. Si Heaven était un confessionnal, les Walkmen en ressortiraient en paix avec eux-mêmes et heureux d’avoir enfin atteint la rédemption. -WFB
#9 Twin Shadow
Confess
[4A]
Le retour aux sonorités new wave est à la mode depuis un bon bout de temps. Un bon bon bout de temps. Il est rare de voir un vent frais souffler sur ce revival, mais Twin Shadow a accompli cet exploit sans broncher. Des sons électros, des synthés, mais aussi de la guitare et tout le tralala. Mais la carte cachée de Confess, c’est sa profondeur, son urgence émotive qui paraît autant dans les arrangements que dans la voix de George Lewis Jr. ou les paroles. Le meilleur exemple demeure la nerveuse Five Seconds, digne d’une poursuite à moto (regardez le clip). Émouvant du début à la fin. -OM
#8 Cloud Nothings
Attack on Memory
[Carpark]
Est-ce que le punk est mort? Peut-être. Probablement même. Le genre est devenu une parodie de lui-même, baignant dans une marre de corporatisme qu’il s’était pourtant juré de tenter de détruire. Tout n’est toutefois pas perdu. Entre l’indie-rock sale, limite no wave par moment, et le pop-punk des populaires Green Day, Attack on Memory fait deux choses: il frappe fort avec des morceaux rapides et mélodiques agrémentés d’une voix nasillarde et reste imprégné dans notre subconscient pendant de longues heures après son écoute. Le match parfait encore la musique crue et celle bien ficelée. -OM
#7 Beach House
Bloom
[Sub Pop]
Sur des airs tout droit sortis des années 80, les pièces de Bloom, quatrième album de Beach House, fleurissent au son de l’électro. Le duo américain nous sert une fois de plus sa pop spleenétique sur un fond encore plus travaillé, plus peaufiné, sans être lisse.
Les voix stellaires d’Alex Scally et de son acolyte Victoria Legrand ajoutent au céleste de l’atmosphère hypnotique.
Depuis Teen Dream, la marche n’était pas si haute, mais le duo éclectique a fait une montée dans un électro teinté de progressif, et ça semble bien coller. Plus coloré, Bloom rappelle MGMT, et on ne pourrait pas en vouloir pour cela à Beach House, surtout lorsqu’on écoute Wishes. Ce morceau nous touche, nous soulève et nous secoue. Les notes sont claires et le rythme imite le battement du cœur. Troublant. -EL
#6 Grimes
Visions
[Arbutus]
Claire Boucher est-elle la princesse indie de Montréal? Malgré qu’elle soit née à Vancouver, la jeune Canadienne a tout pour empocher ce titre «musiconarchique». Avec son style peu conventionnel et son goût prononcé pour la musique éclatée, elle a ce petit quelque chose qui peut séduire les deux solitudes montréalaises. Sa voix stridente et sa poésie noire parlent d’histoires qu’on ne raconte qu’à des lampadaires de la rue Saint-Laurent. Sa musique électronique rappelle la vague électro française et le désordre musical des Crystal Castles – le célèbre duo de Toronto. Aussi, son style rappelle les excès bourgeois de Brooklyn, mais son allure androgyne ne trompe pas; elle aime magasiner sur Sainte-Catherine. Et ce dernier disque, Visions, est-il une ode à Montréal? Peut-être pas, mais il résume en quelques morceaux cette ébullition musicale qui secoue notre ville et qui en fait un épicentre culturel en Amérique du Nord. Et qui de mieux pour régner sur Montréal que la fille la plus marginale de 2012. -WFB