Bat For Lashes
The Haunted Man
The Echo Label
Angleterre
Note : 9/10
Un mois déjà que The Haunted Man de Natasha Khan alias Bat For Lashes tourne régulièrement sur ma platine, un mois déjà que je constate que cet album gagne en qualité avec les multiples écoutes, un mois déjà que l’envie de vous en parler me tient… Il faut dire que je suis charmé depuis le début par l’univers néo-hippie teinté de tentations tribales (un Devendra Banhart au féminin) de Bat For Lashes qui apparaissait dans ses deux opus précédents Fur And Gold (2007) et Two Suns (2009). Dès la pochette – une superbe photo en noir et blanc de Ryan McGinley – on prend vite conscience d’une réelle évolution, tant la sobriété de cette photo contraste avec les pochettes colorées des autres albums. On gardera dans un coin de la tête cette première impression de sobriété, car la musique de Bat For Lashes a justement beaucoup gagné en simplicité et clarté. Pour l’entourage sur cet opus, on a toujours le tournis: à côté du producteur habituel David Kosten, des amis et grands noms comme Beck et Dave Sitek de TV on the Radio, le guitariste de Portishead Adrian Utley (réseau de Brighton oblige) ou encore Justin Parker qui après avoir œuvré sur Video Games de Lana Del Rey a mis son talent au service du sublime titre Laura.
Lilies commence tout en douceur, la voix de Natasha aussi douce que fragile rappelle bien sûr Kate Bush. Les sonorités plus âpres des synthés et quelques cordes en fond viennent sobrement envelopper la voix pour un joli premier morceau tout en contrastes. All your Gold confirme ensuite la belle tessiture de Natasha avec une voix plus chaude et sensuelle sur les couplets et plus cristalline sur les superbes refrains où les divers tintements et les cordes font mouche. Bat For Lashes garde ce talent à créer des refrains particulièrement mélodiques et entraînants. Horses Of The Sun change totalement d’atmosphère, l’univers est plus dépouillé et oppressant, le rythme plus down-tempo et ce n’est pas un hasard si on pense à l’univers trip-hop des premiers albums de Portishead avec la présence d’Adrian Utley. Cependant, Natasha sait insuffler quelques éléments plus pop pour rendre le morceau moins linéaire et moins prévisible. Oh Yeah restera dans la même lignée avec un univers plus mystérieux et la même impression d’entendre au chant Beth Gibbons, époque Portishead(l’album, pas le groupe hein?).
Et soudainement surgit un instant de grâce auditive… Laura, une ballade au piano juste sublime où le fantôme de Regina Spektor traîne mélancoliquement en fond. Des refrains qui montent en puissance, mais gardant néanmoins une certaine retenue particulièrement émouvante. Ou comment rendre hommage à Justin Parker… Derrière, l’introduction instrumentale de Winter Fields prolonge la poésie, pour un titre mettant en valeur les cordes lancinantes enveloppant la voix de Natasha. The Haunted Man change de nouveau l’atmosphère, plus mystérieuse avec ses chœurs d’hommes en fond (l’album aurait été créé à la suite d’une rupture amoureuse) et ce tambour martial, vite relayés par les synthés et la voix écorchée de Natasha. Un des morceaux les plus riches musicalement. Marilyn, penchant moins en retenue de Laura, confirme définitivement le talent de Bat For Lashes à créer des ballades avec des refrains addictifs. Après A Wall pas particulièrement surprenant, Rest Your Head surprend agréablement avec sa rythmique plus affirmée avant que Deep Sea Diver ne close l’album tout en douceur et sobriété.
Évacué l’univers hippie/tribal qui faisait de Bat For Lashes une artiste digne de suivre les traces de Bjork, Natasha Khan propose un troisième album particulièrement réussi et empreint d’une grâce tellement simple…
Morceaux préférés: Laura – The Haunted Man – Marilyn – Horses Of The Sun