clinic-free-reignClinic
Free Reign

Domino Records
Royaume-Uni
Note: 6,5/10

 

Une question demeure en suspens chaque fois que Clinic nous présente un nouvel album: qu’est-ce qui peut bien distinguer un grand cru du groupe d’un autre de ses albums conçus sur le pilote automatique? C’est que le quatuor de Liverpool (les comparaisons avec le Fab Four s’arrêtent là) refuse de souscrire aux tendances musicales actuelles et, plus important encore, refuse depuis ses débuts toutes transgressions qui pourraient voir son travail être imputé d’une évolution significative et durable.

Deux ans après le plus qu’honnête Bubblegum (qui était marqué par une surprenante tangente acoustique), notre bande de chirurgiens retrouve sans trop de surprises son environnement sonore digne des plus grands films de science-fiction des années 60. Le tout appuyé par une énergie pouvant évoquer la scène post-punk britannique de la fin des années 70 ou le décor krautrock de l’Allemagne de l’Ouest du début de la même décennie.

La facture sonore de Free Reign dégage toute une froideur. On pense énormément au travail du réalisateur et grand penseur de la musique britannique Joe Meek. Un personnage qui aura consacré une bonne partie de sa courte existence à prétendre que Phil Spector s’était attribué tout le mérite de ses avancées en matière de réverbérations. Ce qui reste à être prouvé… Les compositions du quatuor témoignent aussi d’une admiration plus que probable pour des comparses avant-gardistes (d’une époque révolue) tels que Clock DVA, Throbbing Gristle ou même Suicide.

Parmi les titres qui jaillissent de cet ensemble, For the Season pour les lamentations d’Ade Blackburn (à s’y confondre avec Richard Ashcroft des Verve) et la présence du mélodica qui insuffle une chaleur réconfortante. Tout comme sur Sun and the Moon, pièce de clôture qui se donne aussi des airs jazz. Les chansons les plus rock de l’album, quant à elles, nous rappellent pourquoi le groupe avait été sollicité par Radiohead à la fin des années 90 pour les accompagner en tournée.

À l’image de leurs six parutions précédentes, Free Reign mérite d’attirer l’attention des férus de claviers vintage et d’ambiances inquiétantes. Une exploration plus poussée des propositions offertes sur Bubblegum aurait bien été accueillie, mais bon… Pour ceux qui souhaiteraient s’initier au répertoire du quatuor, un opus comme Walking with Thee (un incontournable de la dernière décennie) se voudrait un choix beaucoup plus alléchant. En espérant tout de même un éventuel arrêt montréalais, puisque Clinic injecte une agréable dose d’énergie sur scène.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *