Martha Wainwright
Come Home To Mama
Cooperative Music
Canada
Note : 8/10
En entendant les premières notes de la pièce Proserpina, nous savons déjà que tous nos sens sont désormais captés par la musique. Lorsque Martha Wainwright additionne sa voix à cette œuvre écrite par sa mère Kate McGarrigle, plus rien n’existe. Il ne reste que nous et la chanson. On pourrait qualifier cela de don ou de talent, mais le trémolo particulier qui teinte les sentiments véhiculés dans chaque chanson de Martha est précisément juste, toujours touchant.
Ce quatrième album, Come Home To Mama, arrive sur les tablettes des disquaires dans une période charnière pour la chanteuse. Elle interprètera la pièce Ayoye d’Offenbach sur la prochaine bande sonore de l’émission Trauma et elle envisage aussi de réaliser prochainement un rêve de longue date : enregistrer un album avec son frère Rufus.
L’émotivité des mots et de la musique de Wainwright que nous connaissions déjà atteint son paroxysme dans Proserpina, alors que les autres pièces de l’album se retrouvent plutôt en marge de ses précédentes parutions. Les collaborations de Yuka Honda à la réalisation et de Nels Cline (Wilco) à la guitare amènent des ambiances nouvelles, des synthés omniprésents qui placent parfois la voix magnifique de la chanteuse au second plan.
Loin de nuire à ce que l’on connaît d’elle, cette nouvelle avenue qu’emprunte Martha Wainwirght lui permet de se distancier de ce qu’elle a fait précédemment et de ce que sa famille fait toujours. Moins lyrique, moins harmonique, Come Home To Mama permet un détachement du noyau familial et la création d’un style personnel qui fait en sorte que l’on peut l’écouter avec une approche réservée à elle.
De son folk sentimental initial, on n’a presque rien gardé, se dirigeant vers des sonorités plus rock qui collent à merveille à l’auteure-compositrice. Bien entendu, depuis son dernier disque, Martha Wainwright s’est mariée, elle a eu un enfant prématurément et a perdu sa mère, dont elle était très proche. Come Home To Mama devient ainsi une œuvre très personnelle, à mi-parcours entre le chant posthume et l’ode à la maternité.
On apprécie l’audace du changement de style et la préservation du talent brute de Martha qui lui permet de faire frissonner les moins sensibles.
Martha Wainwright sera de passage à Montréal le 5 novembre au Théâtre Corona et à Québec le 6 novembre au Petit Champlain.