La dixième édition du Festival de Musique Émergente de l’Abitibi-Témiscamingue (FMEAT) s’est offert une clôture à la hauteur de sa réputation: incontournable, unique et festive. Sur une scène surplombant le lac Kiwanis et faisant dos au coucher de soleil, les Adamus, Dumas et Ferland ont su ravir la foule compacte de 7 à 77 ans, signe que l’impératif marginal de l’émergence est désormais révolu.

Il fallait voir arriver en conférence de presse ce Jean-Pierre Ferland tout sourire, détendu, casquette vissée sur la tête durant l’après-midi pour comprendre la tangente que prendrait la soirée. «Ce n’est pas ma musique qui est émergente, c’est moi. C’est moi qui me cache et qui ressors une fois de temps en temps parce que je trouve la retraite d’une platitude épouvantable», a lancé d’emblée le Petit Roi aux journalistes.

Le raffinement et l’humour de l’homme se sont transposés sur scène quelques heures plus tard. Après être entré sur scène sur la mélodie du Petit Roi, Ferland, affublé de ses cinq musiciens et de ses quatre choristes, a livré au public réuni sur la plage Kiwanis ce qu’il attendait: des tubes, des anecdotes et encore des tubes, parmi lesquels Sing Sing et Quand on aime on a toujours vingt ans. «Le plus difficile, c’est de choisir ce que je ne chanterai pas (dans mon répertoire de 450 chansons)» avait confié plus tôt l’auteur-compositeur-interprète. Sous l’œil attentif et non moins fier du cofondateur du festival, Sandy Boutin, et du maire de Rouyn-Noranda, Mario Provencher, le grand homme de la chanson a su rallier grand public et mélomanes réunis pour ce premier concert gratuit à l’orée de l’eau dans l’histoire du FMEAT.

 Dumas et Adamus: égaux à eux-mêmes

Si l’invitation lancée à Jean-Pierre Ferland était un gage de réussite populaire pour les organisateurs du FMEAT, l’idée d’ouvrir le spectacle avec deux ex de la scène émergente en Bernard Adamus et Dumas avait tout pour séduire la foule sélecte venue des quatre coins du Québec – et de plus loin encore – pour faire le plein de musique actuelle. Sur scène le premier, c’est un Adamus en grandeur et en forme qui s’est amené sur les planches de la plage Kiwanis pour défendre les classiques de son premier opus – Brun, Acapulco, La question à 100 piasses et autres – mais aussi de nouvelles compositions qui se retrouveront sur son No 2, à paraître le 25 septembre. Notons la poignante balade Le scotch goûte le vent qui a fait frissonner les spectateurs émus et ravis en toute fin de prestation.

Quelque vingt minutes après que Bernard Adamus ait foulé la scène, Dumas – tout de noir vêtu – s’est lancé dans une décharge énergique suintante de rock’n’roll. Rencontré plus tôt dans l’après-midi, le nouveau papa avait promis une prestation sans compromis, nourrie par son absence prolongée de scène. Volubile et en symbiose avec la foule tout comme ses musiciens – dont le toujours excellent Jocelyn Tellier, Dumas a célébré son court retour en spectacle comme il se doit: quarante minutes de ces compositions adorées du public dont Le Bonheur, Au gré des saisons et Alors alors. La chaleur de sa prestation est venue à point faire le contrepoids à la fraîcheur soufflée par le crépuscule.

Un spectacle de clôture qui, sans être émergent à proprement dit, avait tout de la grande célébration rassembleuse attendue pour fêter les dix ans de l’un des plus beaux festivals au pays. Rendez-vous en 2013 pour une nouvelle décennie de musique émergente.

photos par Philippe-Vincent Foisy

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