Ariel Pink’s Haunted Graffiti
Mature Themes

4AD
États-Unis
Note: 8/10 

Maître incontesté de l’auto-sabotage (diront certains), le Californien Ariel Marcus Rosenberg nous revient avec un deuxième enregistrement sous étiquette 4AD. Pouvant toujours compter sur son Haunted Graffiti pour soutenir ses idées brouillonnes, Rosenberg est de retour avec un album qui laisse croire que Before Today (4AD, 2010) n’aurait pu être qu’une erreur de parcours. Du moins, aux premières écoutes…

Fraîchement sorti de quelques sessions d’enregistrements auprès de son mentor et grand parrain du mouvement lo-fi R.Stevie Moore, Rosenberg semble avoir repris goût à cet esthétisme qui, avant tout, priorise les idées sur les qualités auditives. Un changement de cap qui, au plus grand bonheur des fans de la première heure, impliquait un retour de Rosenberg derrière la console. Pour leur part, les fans de la réalisation léchée de Before Today peuvent toujours se rassurer en se disant qu’on est encore loin de l’époque où l’imprévisible musicien s’accompagnait en frappant sur des boîtes de souliers.

Le choix du premier simple tiré de Mature Themes (un vieux titre oublié d’un duo soul kitsch) nous confirme que le groupe souhaitait éviter toute impression de surplace. Sérieusement, qui d’autre que Rosenberg aurait pu opter pour une reprise de Donnie & Joe Emerson, afin de promouvoir un nouvel album? Surtout pour suivre un album qui avait reçu une couverture médiatique aussi notable et positive.

De tout ça découle un enregistrement qui peut se montrer assez déconcertant lors des premières écoutes. Après l’électrochoc de Before Today, peu se doutaient que Rosenberg ferait un pas vers l’arrière pour se réapproprier ses racines lo-fi. Encore moins, qu’il nous offrirait un album autant construit autour des claviers.

Des claviers spacerock sur Nostradamus & Me et un essai dansant moins réussit sur Pink Slime. Des claviers qui peuvent aussi donner des airs d’hymnes d’Halloween à certaines compositions et lorsqu’on parle d’Halloween, The Cure ne sont jamais trop loins. Alors que les similarités visuelles sont frappantes entre les pochettes de Mature Themes et Seventeen Seconds (Fiction, 1980), Driftwood et Early Birds of Babylon pourraient se trouver une place de choix sur le classique Pornography (Fiction, 1982). Côté pop, tout le monde s’entend pour dire que l’excellent deuxième simple Only in My Dreams regorge d’harmonies dignent des Byrds. Dans son ensemble, Mature Themes pourrait se voir comme étant un croisement entre Of Montreal, Beck époque pré-Odelay et les premiers disques de Captain Beefheart. Quand même pas si mal!

La qualité qui se retrouve sur la majorité des nouveaux morceaux de Rosenberg compensent amplement pour la faiblesse d’une ou deux interludes qui auraient pu être laissées de côté. Quelques écoutes déstabilisantes et puis, la satisfaction suivra.

En spectacle au Cabaret du Mile-End le 18 septembre.

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