La quatrième édition du festival métal Heavy MTL débutait samedi au parc Jean-Drapeau sous un ciel plus qu’incertain. Au programme en ce premier jour: un mélange intéressant d’artistes de la relève et de vieux de la vieille qui grattent leur guitare bien avant la naissance de la plupart des spectateurs.

Le site compte cette année encore trois scènes. Les deux principales, situées côte à côte et surnommées pour l’occasion Scène Jaggermeister et Scène Heavy MTL, accueillaient les plus gros noms de la journée, alors que la Scène de l’Acopalypse, plus petite, reculée et entourée d’arbres, donnait une tout autre ambiance aux spectacles qui y étaient présentés.

La présentation du festival Osheaga la semaine passée a probablement évité des ratés dans l’organisation en ce samedi. Il faut aussi noter que le Heavy MTL accueille moins de spectateurs que son homologue. Pas trop d’attente à l’entrée, une fouille rigoureuse qui a dû en frustrer plus d’un, des indications claires et un horaire (presque) respecté à la lettre ont rendu cette première journée agréable.

C’est au groupe canadien Diemonds que revenait l’honneur de débuter la journée sur la scène Heavy MTL. Leur performance hard-rock était à point, mais c’est le genre de musique qu’on ne peut ni aimer, ni détester. On avait donc hâte de voir Job for a Cowboy entrer sur scène. La fébrilité était palpable lors de l’entrée sur scène du groupe du deathcore américain… sauf que cette excitation a laissé place à de l’incompréhension alors qu’aucun son n’était audible hormis ceux provenant des moniteurs sur la scène. Le problème a vite été réglé, heureusement. Hormis ce détail, Job for a Cowboy a donné une performance correcte, sans plus.

Se sont ensuite enchaînés, sur les deux scènes principales toujours, Veil of Maya, Periphery et Between the Buried and Me. Il est alors apparu évident que le son était meilleur sur la scène Heavy MTL, où ont performé le premier et le troisième groupe, que sur la scène Jaggermeister, où s’est exécuté le second. Ces trois jeunes groupes ont néanmoins donné tout un spectacle.

btbam_heavymtl2012BTBAM, en particulier, a été le premier groupe de la journée à soulever autant les passions de la foule. Reconnue pour leurs longues chansons de métal progressif alliant le metalcore, le death metal et bien d’autres genres, la formation américaine n’a eu le temps de jouer que quatre chansons en 45 minutes… mais ce seront quatre morceaux qui resteront gravés dans la mémoire de leurs amateurs présents au spectacle. Notons au passage la présentation de Telos, un morceau qui sera sur leur album à paraître dans les prochaines semaines.

fleshhgod_heavymtl2012Un petit tour dans le bois sur la scène de l’Apocalypse a permis de comprendre que les techniciens sonores y étaient mieux préparés. Cinquième groupe à s’élancer sur les planches de cette scène, Fleshgod Appocalypse a offert aux métalleux présents une performance tight, bien équilibrée et surtout pleine d’énergie. Ces extravagants Italiens sont arrivés sur scène vêtus de leurs habituels complets et le visage couvert de maquillage. Leur métal technique et symphonique fût chaudement applaudi, mais a aussi amené les premières gouttes de pluie. On aurait aimé en avoir plus qu’une seule petite demi-heure.

La pluie s’est concrétisée pendant la performance (très) brutale d’un groupe reconnu pour sa violence, ses paroles sans bon sens et son statut de légende du death metal: Cannibal Corpse, présenté sur la scène Heavy MTL. Revisitant les grands succès comme les morceaux récents, la troupe du chanteur George « Corpsegrinder » (oui oui) Fisher a laissé des marques et des plaies à plusieurs de ceux qui se trouvaient dans le mosh pit. Ne donnant pas dans la subtilité, les membres du groupe, tous vêtus de noir, ont donné tout ce qu’ils avaient à donner, et n’avaient pas du tout l’air d’une formation qui roule sa bosse depuis plus de 20 ans.

Pendant que Killswitch Engage et Deftones faisaient vibrer les cordes de leurs guitares sur les scènes principales, un retour à la scène de l’Apocalypse a permis d’assister aux performances d’Origin et de The Faceless. La première formation, dont le chanteur Jason Keyser s’est permis quelques phrases assez réussies en français, a impressionné par sa brutalité et son énergie contagieuse. Le wall-of-death silencieux restera un des moments mémorables de la journée, alors que Keyser a demandé aux spectateurs de se rentrer dedans avant le début de la chanson, alors que la coutume veut que ce soit la voix du chanteur qui soit le signal de départ habituel. En plus, c’est sur les dernières notes d’Origin que la pluie battante s’est arrêtée, laissant les gens mouillés et le sol boueux.

thefaceless_heavymtl2012Pendant qu’on entendait au loin les premières notes de Five Finger Death Punch, sans doute le groupe le plus insipide de la journée, au loin, The Faceless s’est amené sur scène en rappelant la sortie prochaine de son nouvel album Autotheism, premier disque du groupe depuis 2008. De cet album, les gars ont joué deux morceaux, Autotheist Movement III: Deconsecrate et The Eidolon Reality. Bien préparé, le groupe a offert un spectacle à la hauteur de son talent. Le groupe progressif a aussi bénéficié du meilleur son de la journée. Seule déception : après les breakdowns de An Autopsy, le groupe a terminé son set alors que l’horaire leur permettait encore de jouer une bonne quinzaine de minutes.

Ce fut ensuite la course vers la scène Heavy MTL pour le groupe le plus attendu de la journée. Les Arméniens de System of a Down ont attiré la plus grosse foule de la journée, aucun doute là-dessus. Les spectateurs étaient gonflés à bloc et les mosh pits se formaient un après l’autre dans la boue, gracieuseté de la forte averse et des torrents d’eau lancés sur la foule pour éviter les crises de chaleur. Pendant une heure et 45 minutes, le groupe qu’on attendait depuis trop longtemps a enchaîné les succès, remontant jusqu’à leur premier album éponyme et jouant d’autres classiques de l’album Toxicity (qui n’a jamais entendu la fameuse Chop Suey!?) ainsi que des morceaux de leurs deux plus récents albums, Mesmerize et Hypnotize, qui datent quand même de 2005. S’il existe de l’animosité entre les quatre membres du groupe, elle n’a pas trop paru sur scène. Serj Tankian, chanteur du SOAD, n’y est pas allé de longs discours entre ses chansons, préférant laisser place à la musique de ce groupe qu’on n’avait pas vu à Montréal depuis cinq ans. Une réussite d’un bout à l’autre. On en oubliait même les souliers pleins d’eaux, les jambes recouvertes d’une épaisseur de boue séchée et l’odeur de sueur qui englobait le parc Jean-Drapeau.

Après cette journée épuisante, retour à la maison pour un dodo trop court avant de repartir pour le jour deux. Au programme : Marilyn Manson, Slipknot, In Flames, Gojira et plus encore.

photo sur la page d’accueil par chew2011, autres photos par Julien L.

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