Kitsuné
Angleterre
Note : 7/10
Au moment d’ouvrir le feu à volonté et d’asséner à vos oreilles des décharges de bons sons, le ciel est bien sombre, à l’image d’un été maussade où Londres semble avoir signé un pacte diabolique avec le dieu de la météo pour nous forcer à rester assis devant les Jeux Olympiques. Du coup, le choix de cette première chronique va se tourner vers un remède contre la sinistrose ambiante et se porter sur un album sorti au printemps mais portant en lui tous les germes de l’opus de pop estivale, machine à tubes au futur souvent aléatoire.
Seulement, nos cinq londoniens de Citizens! (nom de groupe trouvé par le chanteur d’Art Brut pour l’anecdote) semblent avoir mis tous les moyens en œuvre pour que leur succès estival ne rime pas avec feu de paille – certes le lecteur pointilleux notera l’absence réelle de rimes. D’abord, taper dans l’oreille d’un vrai dénicheur de talents, Gildas Loaec, patron de l’excellentissime label Kitsuné qui a découvert en toute simplicité quelques petits groupes comme Hot Chip, Simian Mobile Disco ou encore Metronomy. Ensuite, séduire un producteur qui maîtrise les mélodies pop accrocheuses en la personne d’Alex Kapranos, le chanteur de Franz Ferdinand. A n’en pas douter, Citizens! a su parfaitement s’entourer et profiter des conseils car le résultat de ce premier opus intitulé Here we are est plus qu’encourageant.
True Romance, le morceau d’ouverture, offre d’entrée une palette assez large des possibilités des Anglais. Gimmick assez simple, voix sensuelle de Tom sur une rythmique down-tempo donnant une atmosphère plutôt obscure que le refrain pop va admirablement éclairer. Peu à peu, l’aspect pop se renforce et s’intensifie, la montée en puissance du morceau est assez imparable, la boucle se refermant en douceur sur le gimmick du départ. C’est très clairement par ce contraste d’atmosphères que la pop de Citizens! fait mouche. Reptile, quant à elle, est sans concession et s’affirme comme un tube en puissance au refrain addictif. L’atmosphère d’ensemble n’est pas sans rappeler Metronomy et, derrière la simplicité de façade, on appréciera les jeux sur les rythmes sur la fin du morceau.
Les deux premiers titres ont frappé fort et Caroline paraît du coup bien conventionnelle avec sa rythmique rapide et ses chœurs. Passé les agréables percussions caribéennes de Love You More et de Let’s go all the way et son instrumentation digne d’Hot Chip, elle s’affirme comme un morceau solide, dignement porté par le duo de voix. Citizens! continue à suivre son cahier des charges pour réaliser un album pop plus complet avec (I’m in Love With your) Girlfriend, morceau plus électro qui m’évoque les débuts de Goldfrapp (lorsqu’Alison ne misait pas tout sur ses minishorts pailletés) ou encore John and Jehn.
La deuxième partie de l’album, sans démériter, se montre moins percutante. On gardera les relents de pop à la MGMT de Monster, la simplicité de She Said et les deux ballades finales qui complètent parfaitement le cahier des charges. Même si sur la longueur l’album se montre quelquefois prévisible, l’ensemble s’apprécie pleinement et facilement. Parfait pour finir ses vacances d’été et, connaissant le nez fin de Kitsuné en matière d’électro-pop, on attend déjà avec impatience la suite des aventures du quintet londonien.