Liars
WIXIW

Mute
États-Unis
Note : 9/10

 

Après plus de dix ans d’ébullition créative, rares sont les groupes qui peuvent se targuer de toujours soulever autant de passions chez les mélomanes. Encensé à en faire rougir plus d’un sur certains de ses enregistrements (They Trew Us All… ou Sisterworld) ou crucifié sur un autre essai qui s’intéressait à l’univers de la sorcellerie (They Were Wrong, So We Drowned), l’inclassable trio Liars n’a jamais laissé personne indifférent. Affichant une brillante discographie sans compromis, ces maîtres du revirement spontané et du brouillage de pistes sont de retour avec un sixième long jeu rempli de contradictions, de doutes et d’anxiété.

Après un détour de deux albums qui nous replongeaient directement dans les racines rock du groupe, WIXIW (ça se prononce wish you) nous rappelle sèchement  que ces trois grands voyageurs n’ont jamais réellement priorisé la facilité. Alors que tous les critiques s’entendaient pour écrire que le groupe s’était finalement trouvé une certaine zone de confort, une autre avenue plus alléchante semble s’être présentée à eux: ranger les instruments et imaginer une suite au très drogué et électro Drum’s Not Dead (Mute, 2006).

Emballé par cette nouvelle aventure musicale, le trio s’est retrouvé isolé dans un studio en forêt aux côtés de Daniel Miller (réalisateur et fondateur des disques Mute). Un choix qui, en partie, pourrait expliquer les ambiances organiques qui dominent les 11 titres de WIXIW. Un album beaucoup plus épuré que Drum’s Not Dead. Il ne faut pas oublier que ce dernier carburait aux percussions (un titre assez évocateur) et avait été conçu au cœur de Berlin. Ceci dit, tout ce que WIXIW perd en intensité, il le gagne en subtilité.

La présence de Miller derrière la console se fait surtout sentir sur la pièce de fermeture (Annual Moon Words) qui fait écho à de vieux enregistrements de Depeche Mode (dirigés par ce même Miller dans une vie lointaine) ou au britannique Echoboy (protégé de Miller à une certaine époque). Brats, quant à elle (pièce le plus rythmée de l’album), nous laisse une envie incontrôlable de réécouter Beaucoup Fish d’Underworld ou XTRMNTR de Primal Scream (deux classiques indispensables des années 2000). Sur la pièce d’ouverture The Exact Colour of Doubt et sur Who is the Hunter, la voix de fausset d’Angus Andrew et les arrangements synthétiques minimalistes de ses comparses nous font oublier les ratés flagrantes des derniers essais électroniques de Radiohead. Les fans d’Atlas Sound (projet solo de Bradford Cox de Deerhunter) devraient aussi prendre le temps de tendre l’oreille à la pièce titre de l’album.

Véritablement, une des grandes réussites sonores de 2012. Les prochains mois nous laisseront savoir s’il ne s’agit pas de la plus grande… Pour l’instant, on écoute encore et encore.

Pour les friands de concerts, le groupe sera de passage à La Sala Rossa le 23 juillet. À ne pas manquer!

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