The Brian Jonestown Massacre
Aufhenben
A Records
États-Unis
Note : 7/10
Aufhenben nous plonge dans un univers oriental et psychédélique où tourbillonnent des instruments de toutes sortes pour former un pastiche de l’esprit tourmenté du chanteur de la formation, Anton Newcombe. Le disque est un lit de onze morceaux où coule doucement un rock expérimental disparu, dans une cadence presque électronique .
The Brian Jonestown Massacre a toujours refusé d’être signé par une grande maison de disque sous prétexte de vouloir demeurer fidèle à eux-mêmes. Ils ont longtemps été un groupe de rock indie d’une fougue et d’un je-m’en-foutisme éclairé par les influences psychédéliques de la musique des années 60 et 70. Leurs principales compositions s’inscrivent toutes dans la continuité d’une œuvre qui aurait pu être réalisée par The Rolling Stones. Take it from the Man est même un album incontournable. Cependant, si leur vie a pris le tournant de la déchéance avec le temps, leur musique peut en être affectée et c’est ce qui se ressent sur Aufhenben.
L’album donne l’impression d’être un long intermède destiné à la bande originale d’un vieux film bollywoodien. La trame musicale du disque est lointaine et évasive à la manière d’un mirage. Panic in Babylon et I Want To Hold Your Other Hand sont les plus confuses du genre, alors que Walking Up to Hand Grenades est la plus soutenable.
Sur Illumino, la flûte se place presque devant la mélodie de voix qui ne constitue qu’un long murmure perdu à travers les multiples instruments orientaux, tellement qu’il est difficile de percevoir en quelle langue Anton Newcombe chante réellement.
Les accords répétitifs de Viholliseni Malla et de Blue Order/ New Monday rappellent quant à eux la construction de la musique électro/psychédélique de compositeurs comme Jim Noir, mélangée au rock fuyant de Real Estate, tout cela lié à des percussions sommaires.
Leur musique a toujours demandé de l’engagement et plusieurs écoutes pour être appréciée, mais il faut avouer que certains morceaux sont moins marquants comme Gaz Hilarant, The Clouds Are Here ou encore Seven Kinds Of Wonderful. Le psychédélique représente en quelques sortes la branche anarchique du rock, ce n’est pas le chaos. The Brian Jonestown Massacre se trouve cependant sur une ligne mince entre les deux par moment.
Ainsi, le cirque musical d’Anton Newcombe est fantaisiste et audacieux dans une certaine mesure, mais manque d’envolées et d’étincelles créatives qui ont rendu leurs premiers albums si spéciaux. Aufhenben n’est donc pas à recommander aux non-initiés qui n’arriveront ni à comprendre, ni à vraiment apprécier The Brian Jonestown Massacre. Les admirateurs eux ne seront pas surpris qu’après tous les excès dans la drogue et l’alcool le groupe, avec l’âge, se soit fatigué d’accorder une réelle importance à l’épanouissement de son talent.
Tout à fait en accord avec ta critique Rachel.
J’écoutais justement l’album la semaine dernière et je me disais que ce cher Anton commençait à être difficile à suivre.
Un point positif ressort tout de même de tout ça: il est toujours en mode recherche. Ce qui nous laisse supposer qu’il devrait frapper dans le mille éventuellement.