Portico Quartet-Portico Quartet [2012]Portico Quartet
Portico Quartet

Real World Records
Grande-Bretagne
Note: 8.5 /10

S’il y a bien un morceau qui a joué en boucle indéfiniment sans que je ne m’en lasse d’un poil, c’est bien Clipper, de la formation londonienne Portico Quartet. Au départ intriguée par cette heureuse rencontre entre le saxophone et le hang drum ― ce curieux instrument à percussions inventé pas plus tôt qu’en 2000 par des Suisses — c’est la richesse des sonorités jazz, ambiantes, à la fois réconfortantes mais déjantées, qui m’a au fil du temps accrochée. C’était sur leur second album, Isla, sorti en 2008.

Leur dernier opus, Portico Quartet, est une autre histoire, une tout autre rencontre. Toujours ce jazz moderne à sonorités sérielles, mais avec moins de place au jazz, au profit de l’ambiant et de l’électro. Le saxophone est moins à l’avant-plan. Un son comme rien d’autre, peut-être un peu dû à ce mystique instrument, qui ressemble à un wok et qui rappelle les cloches tibétaines annonçant la prière. Un peu de la même façon que Bell Orchestre, mais avec une touche de Philip Glass en plus, mais sans le piano.

Nommé à deux reprises pour le Mercury Prize, en 2008 et 2010, Portico Quartet monte en flèche depuis 2007. Et pourtant c’est sous un portique qu’ils ont vécu leurs premiers jams (d’où le nom). Portico Quartet, ce sont Jack Wyllie (saxophone), Duncan Bellamy (percussions), Milo Fitzpatrick (contrebasse) et Keir Vane (hang drums et percussions). Ils sont signés sous le label Real World Records depuis leur deuxième album, lui-même conçu en collaboration avec l’un des producteurs de Radiohead, John Leckie.

Les qualificatifs sont variés, bien des comparaisons siéent au quatuor; Brian Eno, Four Tet, Radiohead. Sur Portico Quartet, c’est aussi à la formation norvégienne Jaga Jazzist que l’on pense. Architecture musicale éclectique, où l’on a clairement envie de se perdre. Tanguer entre le psychédélisme  cyclique de Ruins et la fascinante mathématique de City of Glass, toute raison est bonne pour une nouvelle écoute. Steepless nous arrive avec une nouvelle composante musicale: la voix. Celle de la suédoise Cornelia, qui ajoute un puissant lyrisme, à mi-chemin entre du Bonobo et du Portishead, même. Et que dire de Lacker Boo, sinon que de s’abandonner aux accents toniques de la contrebasse d’une puissance émouvante.

Le Hang attise certainement toujours les  nouvelles oreilles, mais il n’est pas projeté à l’avant-plan. Il se fond. Il ne crée pas l’ambiance, il ne crée pas le mythisme, il en fait partie. Ce troisième album propose du nouveau. Du Portico Quartet revisité, mais qui reste juste assez familier pour séduire de nouveaux adeptes et reconquérir les autres.

Tout s’allie, un album aux multiples couleurs, mais bien ficelé, pas barbouillé. À écouter et bien plus d’une fois.

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