Stephen Malkmus & The Jicks
Mirror Traffic
Matador/Domino
États-Unis
Note : 8/10
Bien que les années 90 soient terminées depuis longtemps, StephenMalkmus ne s’est pas éteint avec le début des années 2000. Ni avec l’arrivée de la décennie suivante. Cet éternel ados n’a pas perdu de sa nonchalance. MirrorTraffic, le cinquième album enregistré avec ses collègues des Jicks, est aussi paresseux que lui.
Très peu de qualificatifs collent à ce disque. Très bon en est un. Indie rock en est un autre, tout comme agréable. Comme avec Pavement, le génie de Malkmus est franchement éclipsé par le faux désintérêt porté par le musicien envers sa musique. Pour bien comprendre son attitude, dites-vous qu’en 2010, lors d’une performance à Osheaga, il a reçu une bière lancée par un spectateur en plein visage. Sa réponse? « Well, that was a good shot. » Il avait échappé sa guitare par terre quelques fois, en plus de porter les mêmes vêtements d’adolescent que dans les années 90. Difficile d’être plus passif.
La musique n’est pas mauvaise pour autant, loin de là. Prenons Tigers. Mariage de mélodie de guitare électrique avec une guitare acoustique en fond et la section rythmique assurée par batterie et basse. Alignement tout à fait conventionnel. Musique conventionnelle aussi. Mais là où devrait se trouver un deuxième couplet, le bridge se retrouve allongé par un mini-solo. Là où on devrait entendre un climax tranquille se retrouve un petit bridge qui se termine par quelques mesures qui ne collent pas au reste de la chanson. C’est ça, Stephen Malkmus: un talent unique pour réunir des segments musicaux chaotiques.
Impossible d’écouter Mirror Traffic sans se trouver le moindrement cool. L’album pue les années 90 à plein nez, et c’est ce qui fait son charme. Comme Malkmus l’a déclaré d’entrée de jeu à Osheaga en 2010: « It’s 1996 all over again. Everything’s perfect. »