par Charles Boutaud
Ce soir en allant nous coucher, étendus sur nos lits, les verres de scotch encore en main, les regards pendus au plafond, c’est la voix de Bert Jansch qui nous berce, l’écho harmonieux de Needle of Death s’écoute aujourd’hui avec une mélancolie nouvelle.
Le guitariste folk écossais nous a quitté, à 67 ans, après une lutte contre le cancer commencé en 2009, une lutte ne l’ayant pas empêché de passer l’été en tourné avec un guitariste qu’il a beaucoup influencé, Neil Young. Le lien est rapidement tracé entre Needle of Death et The Needle and the Damage Done.
Le Canadien n’est pas le seul, la liste des disciples de Bert Jansch est impressionnante, des grands noms du folk, Nick Drake, Donovan et Simon & Garfunkel aux guitaristes de groupe culte de l’histoire du rock, Jimmy Page et Johnny Marr (Led Zeppelin / The Smiths), ou encore, si on se penche sur l’histoire plus récente, Fleet Foxes, Yo la Tengo et Devendra Banhart, le dernier figurant d’ailleurs sur le dernier et excellent album du «Dylan écossais», Black Swan, paru en 2006.
Cet album s’avérera donc le dernier d’une prolifique discographie de 23 albums solo, auxquels s’ajoutent 12 albums avec son groupe Pentangle, qu’il fonde en 1967, portant l’impressionnant total à 35 albums, on ne compte pas ici les albums live et autres compilations. On ressortira de la liste, notamment, son album éponyme, Bert Jansch sorti en 1965, Birthday Blues sorti en 1969 et The Pentangle, avec son groupe, paru lui en 1968.
Mis à part, cette discographie et la liste de ceux qu’il a influencés, ce que Bert Jansch nous lègue, c’est une collection de ballade qu’on ressort lors des premiers froids d’automne, des trop longues nuits d’hiver, des printemps gris et autour des bivouacs l’été. Des chansons dont on continue de s’émerveiller de part la voix plus proche de l’incantation sacrée que du chant, de part le doigté sur la guitare, juste entre le folk et le blues, nous frappant parfois comme un poing brandi (Angie), et nous apaisant d’autres fois avec sa douceur maussade (Moonshine).
Ses hymnes fatigués se fondent avec ceux de Nick Drake et Elliot Smith, dans une mélancolie intemporelle. Il aura écrit certaine des chansons les plus sincères sur la mort et peut maintenant reposer son âme… verse dont, pour cette âme, un peu de ce scotch que tu bois.
Incantation et non pas inaction, dans le cinquième paragraphe, veuillez excuser cette erreur.