Ghostpoet
Peanut Butter Blues & Melancholy Jam
Brownswood Recordings
Grande-Bretagne
Note : 8.5/10
Le natif de Coventry en Angleterre, Obaro Ejimiwe, alias Ghostpoet, est actif dans la scène musicale britannique depuis 2010. Il compte avec les the XX, James Blake, WU LYF, parmi les nouveaux-nés de la vaste famille musicale anglo-saxonne d’Europe. Après la sortie d’un EP en juin 2010, il commence lentement à se faire une réputation des plus prometteuses sur la scène expérimentale londonienne. Une vitrine qui lui permettra ensuite d’assurer les premières parties du groupe Metronomy (de passage à Montréal le 25 octobre), ainsi que de l’artiste Dubstep Jamie Woon dans la même année. Rapidement repéré par Brownswood Recordings, label du célèbre DJ Gilles Peterson, Ghostpoet a lancé un premier album intitulé Peanut Butter Blues & Melancholy Jam en 2011.
Album à la croisée des genres, Peanut Butter Blues & Melancholy Jam entre dans la lignée de ces oeuvres alliant des sonorités ambiantes électroniques à un son plus typiquement hip hop. Son style, bien qu’unique en son genre, rappelle tout de même l’énergie émanant de l’univers d’artistes récents comme SBTRKT ou encore Washed Out: soit une atmosphère sombre et nerveuse teintée d’une mélodie inspirant le rêve éveillé.
Les pièces maîtresses de l’opus ne font que confirmer cette sensation. De la très cérébrale I just don’t know, à la très poignante Cash and Carry me home, la musique de Ghostpoet nous fait traverser un flot d’émotions aussi intenses et complexes les unes que les autres. Tel un retour d’acide, il semble réveiller les esprits que l’on pensait en dormance dans les tréfonds expérimentaux des années 90.
Doté d’une voix rappelant le meilleur de Kele Okereke (Bloc Party), Ghostpoet fait également partie de ces artistes maniant habilement l’art de la narration. Des chansons comme Us Against Whatever ever ou Gaaasp contribuent à toucher les cordes sensibles des mélomanes grâce à des paroles aussi éloquentes que touchantes, et imprégnées d’une sauce légèrement soul.
En lice pour le prestigieux prix Mercury en juillet dernier (d’ailleurs remporté par l’éclectique PJ Harvey), Obaro Ejimiwe n’a certainement rien à envier à la panoplie d’artistes baignant dans la calamité hype actuelle. L’ascension de cet artiste aux talents multiples ne fait que confirmer le succès critique qu’il a reçu à la sortie de l’album, plaçant ainsi Peanut Butter Blues & Melancholy Jam dans le rang des sérieux concurrents de l’album de l’année à travers le monde.