Helena Deland
Someone New
Chivi Chivi
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Helena Deland, artiste musicale provenant de Québec et habitant maintenant Montréal, sort un premier album complet: Someone New. Elle nous a surtout donné de petites bribes d’elle dans les dernières années. Son premier EP Drawing Room, paru en 2016, qui m’a instantanément charmée, a été suivi d’une sorte d’album fragmenté en quatre volumes contenant quelques chansons seulement, chacune comme un single en soi. Mais même ce «vrai album», comptant pourtant 13 titres, me paraît trop court, dans le sens où Helena semble toujours avoir quelque chose d’autre à dire. Et c’est peut-être ce qui fait sa particularité: sa capacité à nous captiver, à nous envelopper de mystère et à nous garder sur le bout de notre chaise en nous susurrant ses histoires infinies.
Les thèmes de la nostalgie, du souvenir, de la tristesse qu’on connaît si bien à la chanteuse se mêlent à celui d’une nouvelle confiance en soi, une détermination retrouvée. C’est un album doux, apaisant, mais dont les compositions contiennent plusieurs surprises, ce qui renouvelle notre intérêt tout au long de l’écoute. La voix apaisante d’Helena est agrémentée d’arrangements originaux, peu conventionnels, qui nous sortent de notre zone de confort, et dont la guitare parfois rock, parfois folk, est toujours reine.
Dans Pale, on retrouve une tonne de synthés gras, des effets de voix weird, et une ligne mélodique lumineuse dans le refrain, alors que la structure traditionnelle couplet-refrain-bridge est tordue.
D’ailleurs, les structures de toutes les chansons sont tout sauf traditionnelles. Les hooks, ces petits airs populaires qui nous restent et qui me passionnent tant ne se retrouvent pas qu’à la voix, mais aux différents timbres originaux qui s’entrecoupent.
Comfort, Edge
Une virgule dans un titre, j’aime ça. Ouverture sur des voix chuchotées, musique comme sous l’eau. La mélodie d’Helena est plaintive et entraînante à la fois.
Smoking at the gas station
L’album n’est pas sans rappeler Radiohead, particulièrement dans Smoking at the Gas Station. Les ambiances, le strumming de guitare, la voix lugubre et répétitive, les arrangements vaporeux et remplis de reverb, la voix chargée d’émotion crient Thom Yorke au féminin.
Fill the rooms
La dernière pièce est une jolie berceuse, qui clôt l’album en douceur, sur ces paroles apaisantes «fill the empty rooms with music», comme une lueur d’espoir.
Je vous conseille d’écouter Someone New d’une traite (oui, gros engagement en cette ère du single à 2 minutes 50). Les chansons se succédant l’une à l’autre dans des transitions ingénieuses, on arrive ainsi à se plonger pleinement dans l’univers envoûtant d’Helena Deland. Une oeuvre accomplie, originale, douce et poignante, qu’on a envie de réécouter pour découvrir ses multiples secrets.