Foisy. a fait paraître son premier album Mémoires le 13 mars dernier, ce que certains appelleront (à tort) un «cristi de bon timing». Son lancement est, personnellement, la dernière sortie que j’ai faite avant de me confiner. C’est pourquoi j’ai décidé qu’il serait notre premier participant aux entrevues de crise, série balcon: des visites règlementaires à 2 personnes qui se tiennent à plus de 2 mètres l’une de l’autre.
C’est pas parce qu’on est en situation de crise que Foisy. avait oublié ses bonnes manières. À mon arrivée devant son appartement de Centre-Sud, une IPA m’attendait au bas de l’escalier, au milieu d’un tas de vieilles feuilles qui ont réussi à passer l’hiver. Un rappel que, nous aussi, on va probablement passer au travers.
Au sommet de l’escalier, Foisy est là. Il a fait une place dans sa journée remplie de rendez-vous pour nous rencontrer.
Élise: Le dernier repas que t’as mangé, c’était quoi?
Foisy: Un sandwich au beurre et jambon parce qu’il n’y avait plus de mayo à l’épicerie hier. Et un Cup-Of-Soup au Boeuf savoureux.
É: C’est vraiment écrit boeuf savoureux?
F: Je te jure.
É: C’est quoi ton état d’esprit aujourd’hui?
F: Ça dépend des minutes. Des minutes, c’est une grande joie, des minutes, c’est (pause) une profonde chute (voir photos ci-après). Ce qui me fait capoter, c’est que je ne sais pas quand est-ce que je vais pouvoir aller défendre cet album-là, faire des shows, voir des chums. En ce moment, je tuerais pour m’asseoir sur une scène avec un tabouret et dire «Salut la gang, on se fait tu des tounes, pis on jase?» C’est de ne pas voir le boutte qui me rend comme ça. Ceux qui disent que ça va durer jusqu’en 2021… Ouf.
É: Je travaille dans les médias. Je te donnerai les vraies statistiques quand on aura fini.
F: C’est pire ou mieux que je pense?
É: Je préfère finir l’entrevue avant.
(Silence)
É: Comment tu trouves le timing de ton lancement d’album?
F: J’aurais pas pu demander mieux, je crois. Mon équipe marketing et moi on est vraiment fiers de notre shot (LOL). Je pense que médiatiquement parlant, c’est tough. Je trouve que c’est ridicule de faire un post Facebook sur une critique dans Le Devoir alors que tout le monde est en mode survie. J’essaie de faire comme si de rien n’était. Il faut parler d’autres choses, sinon je vais revenir à la chute dont je parlais tout à l’heure. En même temps, les gens, en ce moment ont vraiment le temps d’écouter l’album. Ils ont juste ça à faire. C’est weird côté shows, car j’aurais voulu partir sur une run de shows. Mais si mon album peut être un petit abri pour les gens en ce moment, c’est bien aussi.
É: C’est quoi la dernière folie que l’isolement t’a fait dire ou faire?
F: Mettre mon numéro de cellulaire dans un post Facebook.
É: Je sais. J’ai failli appeler, comme on appelle Tel-Jeunes.
F: Je l’ai enlevé parce que le lendemain j’avais plein de demandes d’amitiés de femmes thaïlandaises.
É: La première personne que tu vas serrer dans tes bras en sortant du confinement?
F: Probablement la première personne que je vais croiser. Peu importe c’est qui. Mais mes amis. Je suis habitué d’avoir un bel entourage. Skype, c’est beau, mais quand tu raccroches et que c’est le silence dans ton appart… c’est aliénant.
É: Est-ce que toi aussi tu fais semblant de lire des livres alors que tout ce que tu fais, au fond, c’est écouter des choses sur Netflix?
F: Non, j’écris plus ces temps-ci. J’écoute The Office pour les crises d’angoisse. Aussi, ils ont remis La petite vie sur tou.tv et j’ai commencé à écouter ça.
É: Une bonne dose de réconfort nostalgique, hein!
F: Oui, moi Réjean qui débarque te parler de Creton, ça me remonte le moral. Mais sérieusement, je suis trop envahi pour regarder des choses sérieuses. J’aime mieux écrire.
É: C’est quoi la toune de ton album qui serait la plus réconfortante pour les gens en ce moment?
F: Geneviève Desrosiers. Parce qu’elle me fait du bien à moi.
É: L’album de quelqu’un d’autre que tu suggères pour passer à travers?
F: J’écoute beaucoup Flore Laurentienne.
É: Il n’y a pas de mots donc ça aide à décrocher de la réalité.
F: Oui, ça m’apaise beaucoup.
É: Ton snack le plus fréquent en isolement?
F: Hier je me suis fait une belle épicerie de BS au Maxi. Des pâtés au poulet
É: Sans Nom?
F: Oui, oui, les jaunes.
É: Si tu pouvais être dans une salle de spectacle pour faire un show en ce moment, ce serait laquelle?
F: Je veux juste être au Quai avec tous mes amis. Peu importe qui est sur la prog, je veux être au Quai avec tous mes chums.
É: C’est quoi le dernier show que tu as vu avant de t’isoler?
F: Elliot Maginot.
É: Ta critique?
F: Y’a de quoi ce gars-là, une candeur le fun. Ça se passait vraiment bien sur scène.
É: Peux-tu rentrer chez toi et nous enregistrer un message d’espoir?
F: Avec plaisir, Élise.