Vendredi dernier, plusieurs étaient réunis à l’URSA pour découvrir ou redécouvrir Anaïs Constantin et Comment Debord, deux projets de la relève qui font doucement, mais unanimement, leur bout de chemin après la parution de EP très réussis et avant la sortie qu’on espère prochaine de premiers LP.
C’est Anaïs Constantin, prix de la relève à la maison Félix-Leclerc, qui ouvre la soirée avec un show qui m’épate tant que j’ai du mal à écrire ici le mot «première partie». Sans avoir jamais entendu parler de ses performances live, j’imaginais le scénario assez calme: une arrivée discrète, un silence dès les premières notes et tous les souffles coupés par la présence lumineuse de sa voix.
Celle qui a pendant longtemps accompagné de talentueux artistes, comme Groenland, Rosie Valland ou Maude Audet, sait mettre tout le monde dans sa poche avec ses interludes de petit clown. Elle provoque également de nombreux rires durant ses chansons, comme par exemple quand elle enchaîne d’un coup les mots «vive l’Amérique» et «j’haïs les humains».
Mais ce n’est pas tant ça qui captive nos discussions post-show. En effet, elle joue de la musique depuis qu’elle a six ans et ça se sent. Alors on parle plutôt de la maîtrise de sa guitare ténor-baryton ou de la belle complicité sans regard avec son accompagnatrice à la guitare acoustique Émilie Proulx. On se délecte tous ensemble de son moderne et minimaliste indie-folk qui parle de réseaux sociaux (Vitrine) et de nos problèmes de riches occidentaux (Vive l’Amérique). On se raconte enfin les nombreux souvenirs qu’elle a réveillés chez nous grâce à ses références à des éléments des années 90.
Bref, je souris encore en pensant aux yeux brillants de mon amie Marine, car c’est sa découverte du début d’année.
C’est ensuite à la formation à sept Comment Debord de lever le party. J’avoue, j’étais conquise grâce au déplogue où je les avais vus pour la première fois. Certains des membres font aussi partie d’autres groupes que j’écoute beaucoup, comme Caltar-Bâteau, Les Shirley et Nobro.
Leur pop-groovy-funk-soul des années 70 me donne envie de danser instantanément et je me fiche pas mal de ne rien voir de la scène. À certains moments, l’écoute se fait plus tranquille. Leurs tounes, tu peux les lancer quand tu veux être tranquille chez toi ou, au contraire, lorsque l’envie de bouger les hanches en bonne compagnie te prend.
L’ambiance de cette deuxième partie de soirée est évidemment plus légère et détendue. Mais il ne faut pas se tromper. Leur maîtrise musicale est assez impressionnante. Pendant plusieurs jours après le concert, une autre amie venue au show me parle de la performance vocale d’Alex Guimond. Derrière leurs textes imagés qui font fondre tous les cœurs, se cachent quand même des sujets importants: l’immigration, les inégalités sociales ou encore le manque d’estime de soi qui règne en maître dans nos sociétés toujours plus exigeantes. Comment Debord, comme Anaïs Constantin, c’est observer le monde actuel, mais cette fois-ci par le prisme du groove et d’une poésie bien attendrissante.
Finalement, le seul hic, c’est qu’on serait bien restés toute la nuit à jamer et à danser avec eux dans l’ambiance feutrée et chaleureuse de l’URSA.