Fin d’année = renouveau. Greta Thunberg, notamment, doit se dire que 2019 lui a pas mal soufflé dans l’dos et que 2020 is the one. Nous autres, nos psychologues sont d’avis qu’on vit dans le passé. On n’est pas rendus à la nouvelle décennie. Voici donc la belle musique qu’on a vue naître en 2019: Les positions 10 à 1 de nos albums/EP francophones préférés de l’année.
10 Les sœurs Boulay – La mort des étoiles
La phrase «que restera-t-il de nous après nous?» s’est insérée dans l’année 2019 comme dans une chaussure faite sur mesure. Notre conscience de la suite, notre peur de la fin et notre espérance pour plus beau ont embrassé avec candeur les mots des soeurs Boulay qui ont proposé un troisième album étoffé et audacieux. Sur scène, les arrangements se sont déployés comme de grands navires remplis de possibilités. Il y aura au moins ça pour nous garder au chaud après la mort du reste. (ÉLISE JETTÉ)
9 Philémon Cimon – Pays
Un album transformatif pour Cimon chez qui a poussé une barbe et une conscience historique, plongeant ici dans le ventre infini du Charlevoix de son enfance. Il pose cette fois son vibrato tout vulnérable sur des histoires situées à l’Isle-aux-Coudres ou au village de Saint-Joseph-de-la-Rive dont il se fait un touchant ambassadeur, appuyé par quelques plumes de la lignée familiale. Soulignons l’apport de Lucile Cimon, grand-mère de Philémon, qui pose sa voix sur Les Éboulements en fermeture. Un album-racines, sorti de manière indépendante, où Cimon jette le pont entre son histoire propre et celle du Pays. (JULIEN ROCHE)
8 Lou-Adriane Cassidy – C’est la fin du monde à tous les jours
Quoi de mieux qu’une magnifique voix, des textes évocateurs et des arrangements efficaces? Sûrement le premier album de Lou-Adriane Cassidy C’est la fin du monde à tous les jours. Sur ce délicieux album, Lou-Adriane nous fait voyager entre l’amour et la mort grâce à une voix puissance. Les textes nous font vaciller dans un amalgame d’émotions qui ne laisse pas dans l’indifférence. Un album qui lui a permis de récolter deux nominations au dernier gala de l’ADISQ. (MATHIEU AUBRY)
7 Maybe Watson – Enter the dance
Que tu sortes downtown ou à Santa Monica avec ta team, Juulie, Heidy ou Pablo Meza, t’as pas le choix d’entrer dans la danse avec ce nouveau projet de Maybe Watson aka Baby. Pour ce dernier Alaclair Solo de l’année, y’a plusieurs bons coups à mentionner. Entre autres, shouts à la websérie homonyme qui aura servi d’outil promo au lancement et props aux fous beats de ce cher Gab Fruits, qui nous donne une solide collabo avec Wats. Les Pokémons n’ont qu’à bien se tenir! (FRANÇOIS LARIVIÈRE)
6 Laura Babin – Corps coquillage
Qu’arrive-t-il quand notre corps devient un coquillage? Non, on n’y entend pas la mer, mais on y entend un son qu’on se doit d’écouter au complet. La nonchalance bien dosée de Laura Babin a su se coller à sa guitare électrique et sa poésie audacieuse. On y a trouvé la fougue au féminin et les arrangements savants qui transcendent le rock pour en faire du doux. À la plage, tout le monde! (ÉLISE JETTÉ)
5 Corridor – Junior
Ce fou désir de faire du Women en français a mené les gars de Corridor tout droit vers le catalogue de Sub Pop (!) où ils s’offrent d’ailleurs une page d’histoire en s’y produisant dans la langue de Molière. Un peu moins Viet Cong, un peu plus d’Omni dans cet album qui, quoique confectionné dans une relative urgence, s’avère leur plus cohésif et lumineux jusqu’ici. Le dialogue des guitares avec leur jangle signature, tirant davantage cette fois du kaléidoscope que d’une grisaille post-punk, précise les contours d’un rock hypnotique ascendant shoegaze qui, de la West Coast américaine à l’Europe, cumule confortablement les Air Miles. Junior, mais majeur.(JULIEN ROCHE)
4 Jean Leloup – L’étrange pays
Chaque fois qu’il sort un nouvel album, c’est comme si enfin tout le monde au Québec était d’accord sur un point: on est toujours heureux d’entendre du nouveau Jean Leloup. Avec L’étrange pays, John TheWolf s’est permis de laisser sa voix et sa guitare sèche bien en évidence, laissant de côté tout arrangement ou enregistrement studio. Même si certaines pistes sont tellement homemade qu’on y entend le bruit d’une notification sur son cellulaire, ça nous rapproche encore plus de l’artiste qu’est Leloup, comme s’il venait chanter dans notre salon le temps d’une couple de tounes. L’étrange pays, c’est comme si t’étais devenu Best Friend avec la vedette la plus cool du Québec. (ELISABETH MOTTARD)
3 Chocolat – Jazz Engagé
D’un rock crasse jouissif qui fonctionne à merveille avec des passages de psych-folk délicats. Jazz engagé c’est un rêve éveillé chaotique qui peut inquiéter, mais dont on veut savoir la fin à tout prix. En fermant les yeux entre deux solos de saxophone, on peut apercevoir Réjean Ducharme, un masque de BDSM sur le visage, en train de faire du body-surfing pendant Raining Blood. Peut-être par accident, mais assurément en s’en foutant, les chocolatiers du rock québécois ont réalisé leur meilleur album. (JULIEN ST-GEORGES-TREMBLAY)
2 KNLO – Sainte-Foy
Quand Amadit est parue au mois de mai 2019, c’était déjà annonciateur de la bonne nouvelle et signe que l’album à paraître allait être générateur de grandes grouillades. Déçu.e.s ne nous fûmes pas. KNLO a mis trois ans à nous offrir du matériel solo après Long jeu. Je ne sais pas pour vous, mais Sainte-Foy a vraiment été la trame de mon été. D’ailleurs on se demande encore pourquoi les radios commerciales ne se sont pas empressées de s’emparer de cette délicieuse galette. En même temps, ça lui confère une espèce d’aura privée. Comme s’il était juste à nous. C’est permis de rêver.(ÉMILIE PELLETIER GRENIER)
1 Laurence-Anne – Première apparition
J’étais au lancement de Laurence-Anne l’hiver dernier et également à son Bye Bye 2019 aux Katacombes ce mois-ci et je reviens sur une phrase que j’ai dite dès la sortie de l’album: il y a quelque chose de grand qui se trouve dans cette Première apparition et on espère qu’il n’y aura jamais de disparition. La poésie de Laurence-Anne est fluide et s’étend d’un bout à l’autre d’un disque dense, mais varié, bercé par la musique d’un band qui équivaut à se promener en voiture de luxe. La singularité de cette apparition n’a pas trouvé d’égal en 2019. C’est une médaille d’or. (ÉLISE JETTÉ)
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