C’est dans le cadre du Coup de Coeur Francophone que Lary Kidd nous conviait au lancement de son nouveau projet à Montréal. Pour l’occasion, le designer montréalais a concocté une fine sélection de vins natures, lesquels étaient disponibles tout au long de la soirée.
C’est pourquoi on a décidé d’enfiler notre chapeau d’oenologue amateur une partie de la soirée afin de tester les vins sélectionnés par l’artiste, mais nous y reviendrons. On suppose que ça fait partie de la démarche artistique de Lary Kidd afin que l’on puisse mieux saisir la subtilité de sa plume. La seule attrape? Le tout se déroulait dans un fin établissement de la culture montréalaise, les Foufounes Électriques. Dans le genre Surhomme, difficile de trouver un endroit qui représente mieux ce concept développé par Nietzsche
En entrant aux Foufs, on est surpris par la longue file d’attente et on commence rapidement à se décourager avant de se rendre compte que c’est la file pour le vestiaire. Tel un Surhomme, on décide de passer notre tour et de monter directement dans la salle afin de déguster les meilleurs nectars offerts lors de cette soirée.
Alors que le parterre est rempli à craquer par la plèbe, on choisit plutôt de s’élever au-dessus d’elle afin de se rapprocher le plus possible du divin en s’installant au balcon. Afin de bien respecter la thématique de la soirée, Lary Kidd a confié l’ouverture de la soirée à une DJ pour qui le concept de plaisir semble inexistant. Peut-être est-ce ainsi lorsque l’on tente de surmonter notre nihilisme dans le but d’atteindre l’état de Surhomme
C’est tout de blanc vêtu que Lary Kidd se présente sur scène afin de présenter les pièces de son dernier album. Enchaînant les chansons une après l’autre alors que la foule chante et se pousse aux sons des excellents beats d’Ajust, Lary Kidd semble impressionné par l’énergie de la foule et laisse même la foule compléter les paroles à sa place. «Tapez-vous su’a yeule!» lance d’ailleurs Ajust entre deux chansons, en se disant peut-être que ça allait se produire vu l’énergie du public.
Peu d’invités, mais d’une grande qualité, se joignent à Lary au courant de la soirée à débuter par 20som, membre du groupe de pop Dead Obies, afin d’interpréter son verse 100 % coulé dans la culture du skate. Par la suite, Loud, le rappeur rebelle au coton ouaté à mille piasses, est présent afin d’interpréter la pièce Sac de sport en compagnie de Lary et la foule en redemande, scandant: «LLA! LLA!» en espérant avoir droit à des pièces du célèbre duo. Sans succès. La valse des collaborateurs se termine alors que Lary nous annonce que Tizzo ne pourra pas être présent, probablement en train de fouetter dans Ahuntsic si on se fit à notre instinct. Pendant que la musique se poursuit, on trouve pour notre part que c’est un bon moment afin de nous rendre au bar dans le but de vérifier si l’offre de vin nature est bel et bien réelle.
«Avez-vous la sélection de vin nature à ce bar-ci?
- Pardon? Si tu veux du vin cheap, va falloir aller au bar en bas mon loup.
- Non, je voudrais goûter au vin qui est servi juste pour la soirée, c’est possible?
- Ah! Ça…c’est 11 $ le verre, t’es sûr?»
C’est ainsi que débute notre expérience des vins natures aux Foufounes Électriques. Lary Kidd, en collaboration avec la firme d’importation privée Wino Import, a sélectionné trois vins: un rouge, un blanc et une macération. Notre équipe d’experts se tourne d’abord vers la macération, le Vej Bianco Antico de Podere Pradarolo. On se trouve ici face à un vin orange au goût complexe, rappelant à certains le goût d’une bonne tête de mush. Un de nos experts oenologues y va d’une déclaration allant dans le même sens: «J’ai l’impression de sucer des racines».
Note finale: 4/5
Pour notre deuxième verre au pays des vins natures, notre équipe a opté pour le blanc, le muscadet Les Parcelles du Domaine Les Hautes Noëlles. Un blanc frais, tout de même un peu funky, qui fait dire à nos fins palais qu’on a affaire ici à un «excellent glouglou» qui «goûte le bon apéro» et certains vont même jusqu’à déclarer qu’ils seraient «prêts à dépenser toute leur paie pour ça». Les avis sont sans équivoque et on commence à comprendre le concept alors que notre état se rapproche peu à peu de celui du surhomme.
Note finale : 4/5
Comme le dit le dicton «blanc sur rouge y’a rien qui bouge, rouge sur blanc tout fout le camp», notre équipe a malheureusement dû se résoudre à n’essayer que ces deux vins afin de pouvoir écouter la fin du spectacle. Le concert se termine déjà à la suite de notre dégustation. Faut croire que de vivre l’extase nous a fait perdre la notion du temps. Toutefois, on se console en se disant qu’on a vécu l’expérience complète alors qu’on a bu du bon vin, aux Foufs, au lancement de Lary Kidd. Si c’est pas ça vieillir, on se demande ce que c’est.