La chanteuse suissesse Vendredi sur Mer, avec en première partie le trio montréalais Paupière, a livré un spectacle d’une prodigieuse scénographie lors des Francos de Montréal à L’Astral.
Dans un décor épuré, ce sont les artistes déjantés de Paupière qui ouvrent le bal avec leur son vaporeux. Sur la scène, on ne retrouve que le clavier d’Eliane Préfontaine, les percussions de Pierre-Luc Bégin et le pied de micro de Julia Daigle. Chacun vêtu d’une couleur fluo, les trois membres ont sorti leurs outfits de festival qui matchent.
«Vous êtes fins, j’vous aime ben et je pense que c’est réciproque», exprime Pierre-Luc au public très réceptif du petit amphithéâtre. Le jeune homme interagit à plusieurs reprises avec les spectateurs. «Y’a t’il des questions?», lance-t-il à la foule calme. «T’as quel âge?», répond une voix. «Really? C’est ça la question?» Julia Daigle qui est déjà nue pieds détache ses cheveux. Le batteur prend une gorgée de bière entre les chansons et termine le spectacle torse nu.
Vendredi sur Mer, de son vrai nom Charline Mignot, fait son entrée sur scène: aucun instrument, rien qu’un pied de micro et le charisme de la Parisienne d’adoption. Puis, ses danseurs derrière elle, à qui je décernerais l’étoile du match. Ensemble, ils forment un trio d’une chimie adorable. Pas besoin d’éclairage ou de projections extravagantes, ni même de musiciens. Le public est captivé par le spectacle.
«C’est ma troisième fois à Montréal et on est toujours aussi bien accueillis», exprime Vendredi sur mer. À défaut de connaître les couplets par coeur, la foule danse et s’amuse tout au long du concert au plaisir de la chanteuse et des danseurs. Ces derniers semblent tout autant impressionnés de la réception du spectacle. Montréal sait tenir sa réputation du public le plus généreux.
«La prochaine, c’est une chanson que j’ai écrite à Montréal», confie Vendredi sur Mer avant d’interpréter Dolan tiré de son album Premiers émois. Pour ma part, je suis absorbée par toutes les textures qui me sont exposées: les chaussures roses à paillettes de Mignot, le col roulé bleu brillant et les pantalons en velours côtelé du duo de danseurs.
Soudain, je remarque que Charline Mignot regarde et s’approche souvent du grand gaillard à côté de moi… Comme si elle chantait pour lui. «Les coups de foudre ça ne m’arrive pas souvent», lui dit-elle à la fin d’une chanson. Sacrée femme.
Subitement, l’artiste s’arrête et semble gênée. «Je viens de me rendre compte que j’ai passé par-dessus quatre chansons de la setlist… Mea culpa», dit-elle. Le public applaudit. Peu importe, tout le monde danse. «Celle-ci, je l’ai écrite à propos de mon premier amour à 14 ans, elle s’appelle Chewing-Gum», indique la chanteuse tout sourire.
«Est-ce qu’il y a quelqu’un qui s’appelle Camille dans la salle?», demande Charline avant la chanson du même nom. «As-tu déjà fait pleurer un garçon Camille? Je suis sûr que oui.»
Le concert tire à sa fin et une personne du public offre même du vin aux trois artistes sur scène. À la vôtre! Les Montréalais savent définitivement comment être l’hôte des projets musicaux d’outre-mer et on a pu le souligner davantage durant les Francos.