C’est la deuxième année consécutive que Balleduc, l’alter ego amant de la balle de Bolduc Tout Croche, nous offre un EP de balle juste à temps pour la saison du bronzage-croche-de-chemise-de-baseball.
Simon Bolduc, à la tête de l’entreprise musico-sportive, nous offre en exclusivité une vidéo qui fera frissonner de hâte tous les joueurs aux bas longs. Réalisé par Olivier Courtois, le petit clip s’inspire d’une bonne 50 tablette, du stade olympique et de la nature.
On a jasé avec Simon Bolduc pour s’imprégner du projet.
C’est aussi efficace qu’un entraînement au bâton au Parc Lafontaine.
Comment ça se fait que la musique et la balle, c’est un bon mariage?
Pour moi, je préciserais la musique country et la balle. Je suis un raton des milieux populaires communautaires, je pense la vie à partir de là, c’est évident que ces deux aspects, country et baseball, me rejoignent beaucoup et que je tente constamment de mettre les deux en relation. J’écoute toujours mon George Jones en traversant le parc Lafontaine, avant chaque game. J’croise Yvon, l’gars qui ramasse des canettes, j’croise les autres équipes, je juge les fendants en chest au volleyball, j’ai mon shirt d’avant-match de George Strait pis j’fais mon smath, tsé c’est ça, c’est communautaire la balle, le country aussi.
C’est ton deuxième EP qui parle de balle. Comment ça se fait qu’il y a tant à dire sur ce sport?
Je pense qu’il y a tant à dire sur tout. Une chose est sûre, je ne veux pas être drôle. Mes chansons de balle ne sont pas drôles. Elles font peut-être un peu sourire, mais j’y parle de l’amitié, de l’amour, de la fraternité, avec sérieux. La chanson Ce qui nous sépare, c’est réellement inspiré d’une esti de mauvaise journée de janvier pogné entre quatre murs à’ maison. Ça faisait peut-être une semaine que j’disais à ma blonde «pas de stress, demain sera un autre jour».
Quand ça fait une semaine que tu te dis ça, faut peut-être chercher ailleurs. C’est là que j’me suis dit que cristie que ça m’ferait du bien d’aller claquer des popups dans le champ, voir mon monde de balle, pis revenir à’ maison plus content, plus de vie, plus d’espoir. C’est drôle pareil tsé, j’ai trois albums complets avec Bolduc Tout Croche, c’est totalement différent, plus introspectif, plus dark, mais pour moi, ça fait du sens quand on met Balleduc pis Bolduc Tout Croche ensemble.
En 2018, quand j’ai sorti le premier EP, je l’ai mis dispo 24 h et je l’ai retiré après. J’ai jamais eu autant de messages dans ma boîte en deux semaines que j’aie pu en recevoir en 2 mois avec Bolduc Tout Croche. C’qui me fait rire, c’pas les tounes de balle, c’est ça.
Quels aspects de la balle molle essaies-tu de faire découvrir à travers ta musique?
La fraternité, l’amitié, la famille, la solidarité, la bonne camaraderie et la petite beuverie, la moquerie douce. C’est sur que le vocable du baseball est riche, on peut aller partout. J’ai hésité entre Balleduc et Goodeyes Bolduc. J’me trouvais tellement drôle pis en même temps, c’tu un esti de beau call sur un terrain: Goodeyes, goodeyes.
Chaque année, à quel point attends-tu la saison de balle?
Tsé c’est spécial, tu passes un été avec ta gang de balle pis tu connectes solide. Quand la saison se termine, y’en a pas mal dans gang que tu sais que tu reverras pas avant le mois de mai prochain. C’est ça que j’attends, de revoir ma gang, de reprendre là où on s’est laissés, de recommencer les discussions.
Aussi, pour moi, un terrain de balle, c’est un sanctuaire. Quand j’étais petit, mon père pis moi on allait une fois par année à Montréal voir les Expos. Chaque année, mon plus grand émerveillement était quand je rentrais dans la section au stade et que je voyais le grand terrain vert, les uniformes des joueurs, la nonchalance du public. Je tripais ben raide sur le style à Felipe Alou, quel homme!
C’est très spirituel pour moi, c’est fou à dire, mais y’a pas une place qui me calme plus au monde qu’un terrain de balle. J’suis crissment stressé, on est touts crissment stressés, on pense qu’on est l’meilleur un jour, le pire l’autre, on se démolie à l’idée de voir des fourmis dans les armoires au printemps, on s’met en scène pis on oublie de s’mettre au monde. Sur un terrain de balle, tout le monde est égal, tout le monde fraternise, tout l’monde calme s’est petit criss de nerfs, tout est en place pour la communion.
C’est quoi le moment le plus fort que tu as vécu par rapport à la balle?
J’ai grandi devant un terrain de balle à Victoriaville. J’ai été coach, marqueur, arbitre, joueur, moi et mon frère on partait vers 17 h au terrain et on revenait vers les 22 h à tous les soirs. En rentrant, c’tait les Expos avec les idoles de notre époque, Martinez, plus tard Guerrero, et sans oublier la voix réconfortante de Rodger Brulotte qui sonnait chaque soir ou presque entre les murs du 17, Saint-Denis. C’est sans doute un moment fort en soi qui s’étale sur plus d’une dizaine d’années. Mais à mon souvenir, je compte trois moments forts liés à la balle:
1- Mon père a jamais sorti la balle du terrain du parc Lajoie. Un soir de juillet, mon père au bâton, sa petite famille dans les estrades pour regarder un match de mi-saison d’une ligue de bière, s’élance et frappe très franchement la balle qui vole vers le champ gauche.
Elle est loin, très loin. Enfin, nous pensons que la malédiction du très honnête joueur Alain Bolduc est terminée et que la balle va enfin sortir du terrain. Eh ben non, elle est tombée sur les pics de la clôture pour revenir… sur le terrain. À ce jour, mon père Alain n’a jamais sorti une balle. Si vous croisez Alain, prière de ne pas parler de cet événement troublant.
2- L’année passée, on a décidé de se monter un club de balle moi et mon frère. On a mobilisé des amis, du monde avec beaucoup d’expérience de balle et d’autres sans aucune expérience. Une belle équipe hétéroclite, plein d’amitié, de fraternité, mais sans trop d’espoir de se rendre loin dans les séries. Ben faut croire que parfois la chimie, le plaisir, la passion supplantent le talent.
L’équipe des Dragons, contre toutes attentes, s’est rendue en finale de la ligue des associés pour finalement s’incliner devant les méchants Noslom (Molson à l’envers, esti que c’est poche comme nom). D’ailleurs, on devrait se faire remettre notre plaque des finalistes le 19 mai au soir au Quai.
3- Moins joyeux comme moment, mais c’est un moment trop fort pour l’occulter ici. La saison dernière, notre coach Michel Métivier, probablement une des personnes les plus gentilles et passionnées que je connaisse, a su donner à l’équipe une motivation incroyable par son optimisme, sa motivation et son dévouement à l’endroit des Dragons. Les speechs d’avant-match à Miche pourraient faire l’objet d’un recueil de poésie de balle.
La chanson Coach au deuxième est d’ailleurs écrite pour Michel. C’est son histoire, c’est sa manière d’être. On s’est rencontrés il y a cinq ans alors que j’étais son travailleur social. J’ai rencontré ce gars-là cinq ans auparavant totalement démoli par le quotidien de la vie, c’tait rough. Cinq ans après, c’t’un bon chum de la famille Bolduc, des Dragons, de mes ami.e.s. Tout l’monde l’aime. Pis là, aujourd’hui, trois semaines avant la saison 2019, Miche est aux soins intensifs à l’hôpital pis on l’sait pas dans quelle shape y va sortir, si y sort. C’est un moment fort parce qu’il est rentré à l’hôpital le jour où j’ai sorti la toune. J’aimerais tellement lui faire écouter en ce moment, mais y’est pas là pour l’entendre. Si jamais vous l’croiser c’t’été au terrain, prenez de ces nouvelles, pis prenez soin de lui, c’est à son tour de s’faire parler d’amour.
Balleduc est sur bandcamp:
Le EP Bonne saison de balle la gang sera lancé le 19 mai au Quai des brumes en formule quatuor avec Etienne Galarneau au drum, Marc-Antoine Sévégny à la basse et Simon P. Castonguay à la guitare.