Personne n’aime se faire faire la morale. Plutôt que de te demander où tu te cachais ces dernières années pour ne pas connaître le maître lyriciste David Dufour alias D-track, j’ai rapatrié quelques arguments pour t’encourager à t’y mettre aussi rapidement que possible. Dans le cadre d’une rencontre tout sauf formelle, autour d’un nacho qui a pris froid parce que je me suis chargée de le faire jaser, le rappeur originaire de l’Outaouais n’a fait qu’alimenter ma certitude: il faut aider les mécréants.
Il t’a récemment pondu un EP hommage à Charles Aznavour
Entre deux projets et un peu par hasard, D-track a fait la connaissance du prolifique producteur Nicholas Craven (lui aussi originaire de l’Outaouais). Prolifique est le bon mot puisqu’il ne faut qu’un bref coup d’œil à son Soundcloud pour se rendre compte que le beatfaiseur, qu’on décrit comme un travailleur acharné ermite, propose une nouvelle piste presque chaque jour.
Craven et D-track ont trouvé en Aznavour un terrain commun de création. De cette rencontre impromptue est né, en moins d’un mois, le EP Shahnour, i.e. le prénom de l’artiste franco-arménien. Nicholas Craven, reconnu pour son approche davantage minimaliste, permet au rappeur de coucher ses verses sur une instrumentation riche.
D-track décrit par ailleurs le parcours d’Aznavour, ainsi que sa démarche, comme étant «très hip-hop». Il affirme partager son côté DIY (Do It Yourself). Le rappeur se reconnaît aussi, en quelque sorte, dans la trajectoire du grand homme de la chanson française. L’auteur-compositeur-interprète, varlopé à ses débuts, a su garder la tête haute et montrer de quel bois il se chauffait.
Pour en rajouter une couche, on se rappelle que Charles s’est porté à la défense de la scène hip-hop et de sa verve.
«Tu ne peux pas ne pas aimer Aznavour», conclut habilement D-track. À ceux qui se servent d’applications de rencontres, on devrait peut-être songer à intégrer à sa description/bio: «si tu n’aimes ni ne connais Charles Aznavour, on n’est peut-être pas fait pour partager quoi que ce soit».
Il maîtrise la langue comme pas un
David Dufour se décrit comme un «lexiste». S’attarder à ses paroles, c’est constater une pléthore d’habiles jeux de mots, d’allitérations et d’assonances.
Autant d’entourloupettes linguistiques tissées autour d’un propos intelligent.
J’viens du temps où Nas chantait « New York State of Mind » /
Je vous parle d’un temps qu’les millenials pourront jamais connaître /
Yo ramenez-moi à l’époque où y’avait pas Spotify /
Où on étai pas saoulé par le Web, gang de alcoo-like ! /
Dans mon after-life, je chill avec Charles /
Parce que y’en a très peu dans ce bas monde qui écrivent avec charme .
Il est hautement sous-estimé
Et toi, as-tu l’impression d’être sous-estimé?, moi de lui demander. «J’aime mieux être underrated qu’overrated». N’est-ce pas? S’ensuivit une discussion sur cette étiquette d’émergence qu’on continue de lui coller, lui qui cumule plusieurs années de métier. Il voit ces paires d’oreilles à conquérir comme un moteur, qui le pousse à être au sommet de son art.
«À chaque album, j’ai l’impression que j’émerge [mais] c’est peut-être mieux d’émerger que d’être sur la terre ferme.» Et il semblerait qu’on finit d’émerger quand on est «rendu là». Mais effectivement, comme il le souligne, «c’est quoi être rendu là?». Question rhétorique, s’il en est une. Et surtout, qu’y a-t-il après qu’on soit rendu, là?
Il fait ce qu’il aime (pis il t’encourage à faire de même)
«Je fais ce que j’aime», a-t-il répété à plusieurs reprises. Tel un mantra, qui le protège peut-être du glissement vers quelque chose de moins en harmonie avec sa personne. L’artiste autosuffisant fait également fièrement remarquer qu’il arrive depuis déjà au moins cinq ans à vivre et à faire vivre grâce à ses mots et ses beats.
Il t’attend avec un autre album, à paraître en mars
Déjà? Oui. Un nouvel objet qui lui donne toujours l’impression qu’il est meilleur que le précédent; gage d’amélioration selon lui.
En mars prochain donc, il accouchera de Dieu est un Yankee. Un album sur lequel on pourra entendre des collaborations notamment avec Koriass, Knlo et Dominique Fils-Aimé. Ça promet.
Mais ne te sens pas coupable. La question ce n’est pas tellement de savoir ce que tu peux faire pour D-track autant que ce que D-track peut faire pour toi.
Aie pas peur de crier ton nom sur tous les toits, sur tous les coins /
Si tu veux l’faire bin fais-le /
Sois le réal de ton film /
Concentre-toi sur les choses que t’aimes /
Si faut prend sdu café du Tim /
Avant que les lumières s’éteignent /
Comme le RZA fais ton tang /
Défonce toutes les serrures des chambers /
Pour marquer l’monde des lettres comme un timbre.
Parce qu’il est vrai! Il excelle à jouer avec les mots avec humour et intelligence! Il nous fait réfléchir en riant!
Parce qu’il est originaire de Gatineau ! Parce qu’on l’’aime xxx
Bonjour,
j’aime beaucoup D-track , mais je trouve qu’il ressemble trop à Tom Mcdonald,
Alors, par association, je crois qu’il est rasciste,
merci pour sortir du Québec,
Au revoir,
Thomas Macdonald