Bon, je sais, ce titre vous induit en erreur. Il n’est pas question, ici, de faux gazon, mais je vrai gazon, posé sur un plancher. De la tourbe. Quand ton père a refait son terrain, il a déroulé du gazon en rouleaux? Bon ben c’est là-dessus que le public de Dear Criminals s’est assis pour entendre le nouvel EP Lullaby.
Frannie Holder, Charles Lavoie et Vincent Legault n’en sont pas à leur première innovation. Dans un souci de faire vivre, une fois de plus, une expérience hors du commun à leurs fans, ils offrent cette fois une soirée sur l’herbe où les spectateurs jonchent le terrain de jeu sur lequel les musiciens se déplacent allègrement. Sans être des personnages, ils se font muets tout au long de prestation, guidés par des forces surnaturelles d’une station à une autre.
J’ai souvent dit que la musique de Dear Criminals était parfaite pour pleurer, dormir ou faire l’amour. C’est encore le cas avec Lullaby, une suite de pièces susurrées ou semblant sortir tout droit d’une vieille radio. C’est d’ailleurs l’impression qu’on a au début du spectacle alors que des lecteurs cassettes sont placés sur une étagère de bureau. Puis on entend les voix qui s’avancent, semblant arrivées des bois dans la clairière où nous sommes installés. Des poutres en bois, attachées au plafond, jouent leur rôle d’arbres et on se laisse emballer.
Coco, d’une beauté à faire frissonner est présentée a capella: «How can I be even sure I didn’t dream it all /I’m spending more time thinking of you that I have seen your face for», nous dit-on en espérant qu’on ne se brise pas en mille morceaux.
L’entièreté de la performance se vit comme un mirage. Ça sent la pelouse, il fait noir. On nous offre une lumière tantôt diffuse, tantôt en rayons pour ne nous dévoiler que ce qu’on souhaite montrer. Rien ne peut nous arriver pendant qu’on se fait bercer par le trio électro-folk. C’est se faire bercer par sa maman au coeur de la nuit.
Sous hypnose, je n’ai pris aucune note durant la prestation. Je ne fais jamais ça. J’ai laissé le groupe me capter par tous les sens. Et quand je commençais à me dire que c’était vraiment quelque chose de magique, que je venais de vivre, le groupe a interprété ma pièce préférée, Fuck the Stars, tirée de Weapons (2013) dans une version prenante et épurée, les voix partants des coins de la salle pour finir ensemble sous les faisceaux lumineux.
Chapeau à Félix-Antoine Boutin, à la mise en scène, Martin Sirois aux éclairages et Benoit Bouchard à la sonorisation.
Une dernière représentation du spectacle a lieu ce mardi 11 septembre à 19h à la Chapelle Scènes Contemporaines.
Le EP Lullaby est disponible ici: