Alors que Mathias s’occupait du shift du soir, Maxime est arrivé relativement tôt au Mile Ex End où il s’attendait à passer l’après-midi sous un pont dans l’ombre. Mais surprise: il débarque au milieu d’une fête d’enfants avec des décorations ultra colorées et sous un soleil de plomb.
Par Maxime Plantady et Mathias BP
Une ambiance très familiale avec des jeux en bois, des tables de coloriage, et tout un tas d’activités pour réveiller son enfant intérieur. Et c’est une vraie réussite pour les personnes se prêtant au jeu et affichant fièrement leurs créations le long de la piste cyclable du réseau-vert.
On rejoint la scène Mile End où s’apprête à jouer Holy Two, un groupe venu de France qui joue pour la première fois au Canada. Même s’il y a des groupes que l’on aime voir et revoir, c’est toujours le fun d’avoir des artistes inédits en festival, bonne initiative.
Trois musiciens rentrent sur scène, on suppose que les deux habillés en blanc sont les membres du duo.
Ils entament leur électro-pop, qui oscille entre des morceaux très lents et d’autres plus rythmés, chantant en anglais, français, espagnol, et ils nous perdent un peu dans ce mélange. Une musique assez minimaliste, guitare, synthé, batterie à la disposition plutôt étrange avec une cymbale presque hors de portée certainement peu recommandée pour la tendinite. Les chansons s’enchaînent et on s’attache vite aux personnages et à leur musique, et malgré le déluge d’influences ressenties, on y discerne un style épuré bien à eux. Belle découverte.
A peine terminé qu’on change de scène et de quartier, pour passer du Mile End au Mile Ex. Au tour de Kid Koala d’envoyer du gros son, avec son spectacle Vinyl Vaudeville. Le «show le plus idiot du monde» pour reprendre les mots d’Eric San, l’artiste qui se cache sous son costume de Koala.
Pour avoir vu son show en salle il y a quelques mois, c’est donc une adaptation réduite avec un peu moins de folies, mais tout de même ses traditionnels: battle de kazoo, la spirale infernale qui fait danser la foule, les marionnettes géantes en mousse et les danseuses du groupe Adira Amram and the experience de NYC qui, avec leur énergie débordante, font sourire jusqu’aux plus réfractaire du genre. Les filles du Kid viennent sur scène pour une danse super cute, une programmation qui colle parfaitement avec la thématique familiale de cette après-midi.
Après toute cette excitation, c’est le moment de profiter de l’air de repos pour s’allonger et écouter Nakhane puis Tire le coyote. Le premier un chanteur synth-pop qui revendique très fort son image d’artiste queer et qui ne passe pas inaperçu avec son costume rouge flamboyant visible depuis notre petit coin d’herbe, de sa voix magnétique il chante une pop rétro, influencée des sonorités africaines. Et le second, l’artiste folk et sa troupe de musicien, ayant sorti le très bon album Désherbage l’an passé, entonnent des ballades mélancoliques, nous font quitter la métropole pour se sentir comme en festival de région.
Le son est étonnamment bon à cet endroit centrale du Mile Ex End, avec une rediffusion musicale bien pensée, un combo parfait pour une sieste réussie.
Tout est ben blood à Mile Ex End. On voit que c’est du monde qui savent ce qu’ils font. Le site est bien aménagé, le son est bon, il y a des bécosses à perte de vue. Le rêve.
The Barr Brothers, un groupe de folk rock bien connu des amateurs du genre, mais qui nous laisse un peu froids. Les frères livrent quand même vraiment la marchandise. Les goûts ça se discute pas!
Donc pendant que les Barr s’égosillent par-là, on s’installe à deux pouces du stage pour avoir une place de feu à PUP. Eux autres, PUP, tu vois que c’est des bons gars: bien élevés, propres, polis.
Un peu comme Mastodon et Fucked Up avant eux, PUP s’inscrit dans la tradition des bands qui font une version plus user friendly d’un mouvement mal-aimé du rock. Dans leur cas, ils digèrent le emo pour l’offrir en pâture aux hipsters. On les en remercie.
Au milieu du parterre de cette scène (Ex? End? On sait pu trop…), il y a quelques gros rochers, une installation idéale pour se péter la tête en trashant. Heureusement, les jeunes qui s’adonnent à ce genre de danse sont eux aussi très polis, et ils pratiquent cette forme d’expression corporelle de manière rangée et organisée, réduisant à un minimum le nombre de fois où ils nous pilent sur les pieds pendant qu’on prend des photos.
Finalement, le clou de la soirée, Hubert Lenoir arrive sur scène en portant l’espèce de casquette weird qu’il a sur ses photos de presse. On n’était pas trop sûr d’aimer son show, et on avait prévu partir après 2-3 tounes, mais au final, on s’est surpris à passer un agréable moment, et on est resté jusqu’à la fin!
Faisant fi des traditions de la scène locale montréalaise, Lenoir a décidé de ne pas faire des shows awkward dans des petits bars à moitié remplis pendant 10 ans, et de plutôt monter un bon show direct en partant sa carrière.
Anyways, on est resté jusqu’à la fin. Hubert est né pour faire la split sur un stage. On sentait que le set list était un peu padé (genre, on se serait passé du cover de Pearl Jam chanté par le drummer et du festival du solo en rappel), mais au final, on a eu du fun à un show de rock, et en 2018, ça arrive pas tous les jours disons.