Notre troisième jour à Petite-Vallée commence avec un club sandwich au homard et un doux 22 degrés au soleil pendant que le seul sujet de conversation qui occupe les Québécois est la chaleur accablante. Personne n’est accablé au Village en chanson, sauf ceux qui sont tombés dans les shooters la veille.

Martin Léon/Photo: Élise Jetté

C’est le spectacle de 16 h qui nous sort du farniente de jour de pluie. C’est le déluge sur le village et Martin Léon raconte son voyage en Asie: il pleut des mots.

Tel un prof de géo de secondaire 3, il fait défiler ses acétates devant une salle comble en quête de divertissement. Pendant qu’il pleut au Laos sur son écran géant, il pleut sur la tente du Théâtre de la vieille forge et il pleut dans notre âme.

Au moment où on met les pieds dans la salle, il est en train d’expliquer la structure physique d’un atome à l’aide d’un schéma. «On a-tu fait du LSD?», demandé-je à mes complices.

Les explications moléculaires et géographiques sont longues et les chansons peu nombreuses en proportion. L’histoire la plus saugrenue qu’on entend est celle du moment où Martin a composé une toune avec une flute achetée sur un dépanneur flottant avec des triplés laotiens après avoir bu ben du fort.

Les expériences/Photo: Élise Jetté

On n’a pas vraiment moins l’impression d’avoir consommé des drogues hallucinogènes au sortir de la salle noire. Ce qui nous semble être soit un débarquement d’extra-terrestres musiciens, soit une secte axée sur la technologie, peuple la salle du Café de la vieille forge.

Yolande/Photo: Élise Jetté

Pendant qu’on mange une poutine aux fruits de mer, commandée en donnant un faux nom #Yolande, le groupe commence à cogner sur des tambours pour faire vivre une expérience multisensorielle à quelques chanceux qui vivent un évènement de réalité virtuelle. Pour les autres, ça peut se décrire par une bonne grosse migraine.

Damien Robitaille/Photo: Élise Jetté

Du côté de Grande-Vallée, c’est Damien Robitaille qui se donne à son public. «Je suis accompagné, ce soir, par ABBA», ment-il avant de chanter ses tounes un peu sexuelles devant un parterre rempli d’enfants de 2 à 7 ans.

Les enfants/Photo: Élise Jetté

Alors que le fait de s’allumer une cigarette à Petite-Vallée, peut avoir l’air d’un geste de provocation, Damien nous chante Tout feu tout flamme en faisant quelques blagues de type incendiaire au préalable #lesbeauxmalaises

On félicite Damien pour son band paritaire (2 gars, 2 filles).

Dans les toilettes de l’école, à côté du chapiteau, on réalise que c’est pas en Gaspésie qu’on peut flâner.

Reste pas là/Photo: Élise Jetté

Également, c’est un endroit idéal pour te remettre en question:

Achètes-tu tes condoms?

Payer/Photo: Élise Jetté

Ou tu vas les chercher gratuitement?

Ne pas payer/Photo: Élise Jetté

La deuxième partie du grand spectacle est menée par Yann Perreau qui arrive sur scène sur les épaules de quelqu’un en chantant Dance Me to the End of Love de Cohen. Puis, il se transforme en personnage de cirque et utilise une voix machiavélique en se pliant en deux comme un bossu afin de présenter son groupe.

Il a aussi aimé les oiseaux, si jamais vous vous demandiez.

Yann Perreau/Photo: Élise Jetté

On se demande ce qu’ils mettent dans l’eau icitte.

Cherry Chérie/Photo: Élise Jetté

La pluie commence à avoir le dessus sur notre moral et on mérite une bonne nuit de sommeil. On ne fait qu’un court arrêt au chapiteau du Théâtre de la vieille forge pour écouter quelques tounes de Cherry Chérie.

Le groupe, friand de matériel musical archaïque se butte à la réalité du temps au début de la troisième chanson: «ça sera pas long, on va arranger la guit de Paolo, c’est un instrument des années 60.»

C’était la première fois qu’on voyait le groupe jouer en quintette plutôt qu’en quatuor et c’était la première fois qu’on voyait le groupe jouer avec son nouveau batteur. L’énergie et le look du groupe (vestons et cols roulés) demeurent les mêmes.

Les baleines/Photo: Élise Jetté

Notre présence au festival culmine, au dernier jour, avec un tour de bateau. Le cousin de Louis-Jean Cormier, Simon, a invité quelques journalistes à profiter des plaisirs aquatiques. On a vu des rorquals et selon la conjointe de Simon Nathalie, on les a vus de plus proche que Louis-Jean, qui se baladait avec eux plus tôt dans la journée. On a battu Louis-Jean à quelque chose. Ça fait notre journée.

On se rend à Grande-Vallée juste à temps pour voir Jean-Pierre Ferland, 83 ans, mais en forme comme un jeune sexagénaire. À part son poignet qui est toujours dans cette position-là, il s’exécute avec le groove d’un p’tit jeune.

JP/Photo: Élise Jetté

Son drummeur est en quarantaine derrière une vitre durant tout le show. On se demande ce qu’il a.

La grippe espagnole?/Photo: Élise Jetté

Il enchaîne tous ces grands succès et on capte aisément l’aspect rassembleur de Petite-Vallée, un festival où l’on peut voir des artistes qui en sont à tous les stades, des interprètes de tous les âges. Et chaque soir, quiconque peut trouver chaussure à son pied.

Ferland, ce sont les chaussures de tout le monde.

Voici ses meilleures jokes de mononcle interventions:

«Quand je chante Sing Sing, on me demande souvent si je suis déjà allé en prison. J’ai été marié trois fois, c’est pareil!»
«La chanson Je reviens chez nous, Nana Mouskouri l’a chantée dans toutes les langues. Ça a payé toutes mes dettes.»
«J’ai fait 450 chansons, mais Une chance qu’on s’a, tout le monde l’a aimée, même les Hells.»
«Le rap, c’est moi qui ai inventé ça.»

Placard/Photo: Élise Jetté

Dany Placard met la cerise sur le sundae de notre festival avec un show sérieusement rodé et intime. «Êtes vous bien assis?», demande-t-il au public qui comprend, se lève et tasse toutes les tables pour apprécier le show debout.

Les grosses tounes de Full Face, son dernier album, amènent le public à chanter et il sourit d’une joie palpable. «J’ai rencontré une metteure en scène cet après-midi au dépanneur. Elle est où la mise en scène?», questionne-t-il en tendant la main pour qu’on lui refile la bouteille de Jameson. C’est notre genre de mise en scène aussi.

Il revient pour un rappel, acclamé par la quarantaine de personnes massées près de la scène. «Moi qui voulais aller me coucher», plaisante-t-il avant de nous faire deux tounes de plus.

Pendant quatre jours, Petite-Vallée nous a ouvert ses bras éprouvés qui ont travaillé sans relâche pour rebâtir l’endroit chaleureux où l’on peut entendre toutes les musiques résonner au rythme de la mer.

Juste pour aujourd’hui, nous ne sommes plus Feu à volonté.

Le moins de feu possible, svp.

Amour à volonté.

Lisez le récit du jour 1

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