En fin de semaine passée, Québec accueillait la cinquième édition des Nuits psychédéliques, un festival qui présente, oh surprise, le meilleur de la musique psych québécoise. Retour sur l’une des trois soirées qui nous prouve que le rock est encore vivant!
J’arrive à Québec vendredi plutôt que jeudi et je regrette amèrement d’avoir manqué le show des Martyrs de marde qui était semble-t-il excellent. Ce sera pour une prochaine fois.
Je me présente donc à la Méduse, complexe artistique multidisciplinaire incontournable de la Basse-Ville, pour la soirée Illumination, qui présente sur une même scène Lemongrab, Technicolor Blood, Wizaard, Paul Jacobs, Vulvets et Ponctuation. Gros line-lup!
Lemongrab ouvre la soirée devant une salle encore assez éparse et je me demande vite pourquoi. Je ne connaissais pas le band, mais je suis rapidement surpris par leur fougue et les robes vintages des deux chanteuses du groupe. Ça rappelle quasiment les 5 6 7 8’s de Kill Bill ou le côté slacker cool des Sex Bob-Omb de Scott Pilgrim. La soirée commence sur les chapeaux de roue avec du gros calibre dans tout les cas et la messe punk-rock, souvent rétro, peut difficilement mieux augurer.
Par la suite, c’est le quatuor montréalais Technicolor Blood qui prend la relève. Plus près d’un genre de The Smiths post-punk, le groupe détonne un peu avec Lemongrab, dans une énergie plus grise et brute. Ça reste loin d’être mauvais, mais comme à quelques autres occasions durant la soirée, je me dis que l’ordre des bands aurait pu être modifié pour mieux mettre en valeur les talents de chacun. Reste qu’on a droit à quelques beaux solos et quelques découvertes, considérant que le band n’a que deux chansons disponibles en écoute sur son Bandcamp actuellement.
C’est ensuite Wizaard qui prend le contrôle des speakers de la Méduse pour nous offrir un rock bien funky et rempli de claviers. Encore une fois, le show est un peu weird, placé juste après Technicolor Blood, alors que Wizaard se démarque normalement par une énergie plus colorée. Là ce sont les guitares moins puissantes qui finissent toutefois par ressortir et donner l’impression que le show tombe un peu à plat par moments. Dommage, parce que du côté de la présentation et de l’exécution, c’est vraiment loin d’être mauvais.
Le groupe qui suivra sera d’ailleurs aux antipodes. On m’avait toujours présenté Paul Jacobs comme un monstre d’énergie, un vrai rockeur à la Iggy Pop et je ne l’avais pas encore constaté par moi-même. Je dois dire que les gens étaient loin de m’avoir menti: c’est un show presque plus éreintant pour le public que pour la bande qui se présente à nous. Je lance les premiers moshpits de la soirée, alors que Jacobs s’égosille sur scène en se lançant un peu partout avec une belle fougue. Sur scène, c’est pas parfait, mais c’est justement le côté parfois brouillon qui finit vraiment par faire le charme du show le plus psychédélique de la soirée so far. C’est une présentation qui, dans son style, finit par être quasi-parfaite dans son genre tellement elle remplit bien son mandat. Je tripe solide et je vous passe maintenant la balle: allez voir Paul Jacobs sans faute! S/o en terminant à son guitariste avec la strap de guitare la plus courte que j’ai jamais vue. C’était beau!
Encore une fois, l’énergie en dents de scie va venir sévir pour la suite. Ça devait honnêtement être un peu intimidant pour les Vulvets de passer après ça. Les filles relèvent toutefois assez bien le défi, mais leur proposition plus rétro et un peu plus calme s’impose moins bien et on commence à entendre un peu plus les discussions de fond de salle. Dommage parce que les filles testaient des nouvelles versions de certaines de leurs vieilles chansons, dans une formule plus grungy qui est loin de me déplaire.
Dernier, mais non le moindre, Ponctuation vient conclure la soirée québécoise. Le band originaire de Québec s’offre à un public conquis d’avance. Moi-même grand fan du dernier album, Mon herbier du monde entier, lancé plus tôt cette année, je me sens bien servi puisque la plupart des chansons en sont directement tirées. Le groupe joue bien, avec énergie, et se laisse de la place pour des chansons parfois quelque peu jamées, ce que j’apprécie bien vu le talent de ses membres. Vient finalement le moment du rappel, qui se termine sur Météo, titre que je réclamais à grands cris déplaisants depuis le tout début du show. Je ressors bien satisfait de cette seconde soirée du festival, avant d’aller m’attaquer à une bien étrange soirée psytrance à La Cuisine…
Le lendemain, c’est le moment de la troisième et dernière soirée du festival, qui présente son volet stoner, toujours à la Méduse. Les mottés en tout genre s’y sont donné rendez-vous et les punks côtoient les métalleux du dimanche entre quelques hippies chevelus. Un beau rendez-vous pour les divers publics qui peuvent être attirés par le genre. Les artistes sur le line-up? Godhead Lizard, The Death Wheelers, Milanku, Monobrow et Grand Morne. Je quitte avant la fin pour aller mixer à La Cuisine, mais j’ai le temps de voir le show de Godhead Lizard qui est assez intéressant. Loin d’être la proposition la plus originale en terme de stoner, la musique du groupe reste fort honnête et l’exécution sans trop de fausses notes. Le chanteur énergique vient nous offrir quelques poses très rock et le guitariste de belles nuances entre un rock planant et des solos plus abrupts. C’est visiblement un bon band pour commencer la soirée, surtout vu qu’ils sont originaires de la Vieille Capitale.
Que retenir des Nuits psychédéliques? Que le Québec rock encore, de un, et pis qu’il y a encore moyen de trouver des beaux petits festivals conviviaux dans la province. Alors que tous les festivals tendent à devenir plus gros, plus professionnels et à essayer de signer les plus gros noms possible, au risque d’avoir la même maudite prog que le reste des festivals, les Nuits visent plutôt la qualité; un mandat bien précis, se démarquant même de Distorsion qui vise pourtant la même proposition musicale. Belle job d’enrobage visuel, aussi, avec des projections en direct faites par Louis-Robert Bouchard qui sont honnêtement assez fantastiques et viennent vraiment servir la musique dans une formule bien complémentaire. Shout out donc à cette petite organisation qui, on l’espère, saura continuer à tirer son épingle du jeu à l’avenir.