Bermudes
Polygraphe
Indépendant
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Faisant un Steve Zissou de moi-même, j’ai plongé dans les profondeurs de Bermudes (le groupe montréalais et non le triangle) qui vient de faire, paraître le EP Polygraphe. Bien que le type «postpunk» décrive le groupe sur bandcamp, je n’ai pas trouvé le squelette de Ian Curtis dans cette galette. Aucune trace d’une déprime excessive, mais plutôt des textes et un son très léchés qui décrivent l’ambigüité des relations amoureuses.
Paroles et musiques sont écrites par le chanteur, Louis-Jean Trudeau, qui accompagne avec efficacité les compositions. Son petit accent franchouillard, sans être guindé, se mélange bien au postpunk bien agressif. J’entends la délicatesse décalée de Malajube (mais avec des paroles plus intelligibles) et les gentils idiots des Marmottes Aplaties à travers les accords de guitare rapides et les notes de synthétiseurs agiles. Rapidement, les refrains se vissent dans mon cerveau et donnent le goût de se décaper la voix avec des inconnus, et/ou Mathieu Aubre, qui boit de la Four Loko à l’Anti.
Parfois, ça sonne lourd comme du Joy Division (Menteur Menteur) et à d’autres moments c’est racoleur comme du punk rock (Effets Secondaires). Chaque instrument a ses moments clés, sans que ça soit des solos purs. L’échange musclé entre la basse et la batterie vers la fin de Message subliminal a du potentiel pour partir de beaux moshpits, qui se termineront dans un brouillard de synthétiseur planant.
Polygraphe sonne à la fois familier et intrigant. J’hésite à dire si Bermudes est un bon élève des maîtres du postpunk anglais ou du punk rock francophone. Une certitude, c’est que l’énergie naïve qui anime tout le EP nous accroche dès la première écoute. La bande de Montréal a réalisé 5 chansons aux rythmes effrénés, chaotiques parfois, mais avec un souci du détail impeccable. J’ai hâte au prochain.