Essaie Pas
New Path
DFA Records
*** 1/2
Après l’excellent album Demain est une autre nuit, les attentes étaient hautes pour le deuxième opus de Essaie Pas chez DFA Records et leur 5e en tout. Le choix de se lancer dans un album concept ajoutait aussi à l’anticipation. L’entreprise est-elle réussie? On vous le dit dans un Futur parlé.
Si Essaie Pas est bon pour se lancer des défis et sans cesse renouveler son son, New Path marque quand même une grosse coche de recherche de plus. L’album s’inspire principalement du roman Substance mort de Philip K. Dick, roman de science-fiction dystopique assez dark. Le duo a donc décidé de se lancer dans un univers qui lui est étranger plutôt que de laisser la musique émaner d’eux-mêmes comme à l’habitude. Gros move, qui, s’il ne nous dépayse pas entièrement, suffit à marquer une belle variété d’influences. Les chansons, lorsqu’elles ne sont pas instrumentales, s’inspirent donc directement de l’écriture de l’auteur américain et parlent d’événements tirés du récit. L’idée de base est de Pierre Guerineau, mais le duo l’assume bien dans son ensemble.
La pièce d’ouverture, Les Aphides, réussit bien à nous plonger justement dans cet univers dystopique. Rapide, étourdissante, vaste, la chanson nous fait feeler comme une Alice en train de tomber dans son trou vers un monde vraiment différent. Futur parlé marque le pas juste après: moins hypnotique, la chanson est plus concrète, plus rétro. On sent le côté SF rentrer en force et prendre la place de choix qui lui revient sur l’album. C’est subtil, mais bien intelligent! Dans le même esprit, la conclusive New Path vient aussi marquer le pas à la perfection.
Si du côté de l’univers, tout est bien fignolé, reste que les pièces se suivent et ne se ressemblent pas. Les liens entre elles sont moins évidents que sur Demain est une autre nuit, par exemple. Il manque de transitions entre les tounes, de liens plus évidents pour nous enlever l’impression un peu déplaisante que même s’il s’agit d’un album concept dans son esprit, New Path n’est pas qu’une compilation de tracks techno. C’est à mon avis le principal défaut de ce nouvel album des Montréalais.
Dommage, parce que les pièces restent individuellement solides. J’adore les claviers bien gras sur Complet brouillé, la chanson la plus légère de l’album, ou l’excellente Substance M. Est-ce que ça suffit à faire oublier ce dernier défaut? Non, mais reste qu’il y a moyen de vivre des beaux moments de musique avec New Path.