La protégée d’Éric Lapointe à La Voix 4 a pris ses distances d’avec la machine TVA et s’est tournée vers la scène locale, notamment en sortant à l’automne un single, Ça va ça va, écrit par Philémon Cimon. Lundi soir, au Verre Bouteille, Lou-Adriane Cassidy devait se sentir comme dans un examen du ministère en secondaire 5.

Lou-Adriane Cassidy/Photo: Élise Jetté

C’est que devant la petite salle comble, elle présentait quelques compositions et plusieurs covers, un spectacle sans prétention qui s’est déroulé devant quatre maisons de disques, trois agences de relations de presse et quelques artistes locaux. Elle n’est pas signée, la petite, et le mot s’est passé.

Si vous êtes demeuré accroché à Éric Lapointe, plus tôt dans cet article, décrochez immédiatement. Cette jeune femme n’est pas loadée comme un gun. Elle est loadée comme un jardin de coquelicots printaniers après une petite pluie.

«Je me lève de plus en plus tard pour aller nulle part. Je me perds dans ta rue les soirs de semaine», chante Lou-Adriane à la fermeture des lumières. Son talent fou devient mémorable dans les graves alors que rien ne détonne malgré les péripéties vocales. Elle est soutenue par Vincent Gagnon au clavier, Jessy Caron à la basse, Emmanuel Beaudoin à la batterie (un gars qui se fait torcher aux cartes, nous dit-on) et l’indétrônable Simon Pedneault à la guitare. Aux côtés de ce dernier, Lou-Adriane est portée par un sens du rythme éloquent rappelant la précision des changements de tempo de Louis-Jean Cormier.

Lou-Adriane Cassidy/Photo: Élise Jetté

«Il y a des gens qui abordent mieux certains sujets que moi», nous explique la jeune interprète en entamant Les jardins de mon père de Gilles Vigneault et The Partisan, chanson bilingue de Leonard Cohen. Et c’est là le seul bémol qui ternit la soirée: peu de chansons originales au profit de covers, certes bien exécutés, mais ne permettant pas à l’auteure-compositrice de montrer toute l’étendue d’un talent «hors La Voix», à ne pas confondre avec hors-la-loi.

Après son interprétation de Mappemonde, des soeurs Boulay durant ladite émission de télé à grand déploiement, les soeurs Boulay ont offert à Lou-Adrianne de lui écrire une chanson. «On est allées bruncher. Je leur ai conté ma vie et ça a donné ceci», articule Lou-Adriane.

Durant la courte prestation, elle enchaîne Comme un boomerang de Gainsbourg, Va-t’en pas de Richard Desjardins, La voix humaine de Catherine Major et quelques compositions «dans le champ lexical de la joie de vivre et du bonheur», ironise la chanteuse. «Si vous voulez le punch, le Titanic coule à la fin», dit-elle entre autres pour décrire une toune où ça va aussi mal que si on devait laisser Léo se noyer.

Lou-Adriane Cassidy/Photo: Élise Jetté

Elle conclut la soirée avec son single, Ça va ça va, puis, elle est réclamée pour un rappel imprévu et elle demande à sa mère si elle est là pour qu’elle vienne chanter Mommy avec elle.

«Elle pensait vraiment qu’il n’y aurait personne et qu’il n’y aurait pas de rappel», dit le claviériste Vincent Gagnon pour dresser un portrait très juste de l’humilité de Lou-Adriane Cassidy.

Difficile de savoir qui lui a donné la meilleure note au bulletin, mais si le spectacle se voulait sans prétention, il revêtait néanmoins des allures de laissez-passer pour une suite glorieuse. Pour ma part, j’ai passé deux heures à imaginer un combat de lutte gréco-romaine entre les diverses maisons de disques, au milieu du Verre Bouteille. J’avais prévu une façon d’empiler les chaises pour rendre le tout possible. Écrivez-moi si vous voulez que je vous organise ça.

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