Iron & Wine
Kiss Each Other Clean

4AD
États-Unis
Note : 8/10

J’ai découvert Iron & Wine au cinéma. Oui au cinéma. Dans une scène particulièrement touchante de Garden State j’ai entendu les notes de Such Great Heights du groupe The Postal Service, mais avec une voix qui m’a plu au point où j’ai dû reculer le film pour écouter la réplique très émotive de Natalie Portman : « That’s life. It’s real, and sometimes it fuckin’ hurts, but it’s sort of all we have. » La réplique était belle, certes, mais il y a les gens qui tombent amoureux des films et ceux qui tombent amoureux des musiques de film. Je fais partie de la deuxième catégorie.

Il y a ensuite eu le moment où j’ai entendu Flightless Bird American Mouth, tiré de l’album The Shepherd’s Dog, paru en 2007 dans le film… Twilight. Je ne commenterai pas ce dernier point. J’essaierai d’oublier le lien unissant ce chef-d’œuvre musical à cette histoire vampirique. Je l’ai appelé chef-d’œuvre parce que c’était, et c’est toujours, le type de morceau auquel on adhère comme à un papier collant double face : impossible de s’en départir. On l’aime à la première et à la dernière écoute.

Des pièces comme celle-là, Samuel Beam, mieux connu sous le nom d’Iron & Wine, en a produit plusieurs : The Trapeze Swinger, sur la trame sonore du film In Good Company, ou bien 16 Maybe Less enregistrée avec le groupe Calexico sur le EP In The Reins, en 2005, pour ne nommer que celles-là. Mais Kiss Each Other Clean n’offre pas ce type de chanson adhérente et indélogeable.

Les pièces de ce nouvel album ne feront pas partie d’un best of d’Iron & Wine dans dix ans, mais ce n’est pas tellement préoccupant : d’abord, parce que cet album s’écoute très bien et, ensuite, parce que cet album sonne comme un laboratoire dans lequel Samuel Beam s’est amusé à essayer des combinaisons nouvelles. Kiss Each Other Clean est une expérience qui a fonctionné…

Qui dit expérience musicale dit diversité. Iron & Wine nous accroche avec une première pièce très peu musicale. C’est une voix, avec des voix harmoniques et un léger rythme de batterie en arrière-plan. À la première écoute, ça ressemble à du soft Green Day. On entend par la suite une tentative de funk groove et de reggae avec Me & Lazarus et Big Burned Hand, deux pièces très rythmées, avec des insertions instrumentales de trompette et de saxophone. Nous sommes également transportés par une comptine aux accents religieux, God Bless Brother in Love, qui donne le sentiment d’être soudainement atterri dans un camp de vacances chrétien à l’heure des chants.

Ma note parfaite va à la pièce Your Fake Name Is Good Enough For Me qui ramène les sonorités aiguës des années 80 et qui est la seule pièce à posséder une véritable ascension musicale, une montée dramatique intéressante. Samuel Beam revient dans ses pantoufles avec Rabbit Will Run, Half Moon et Glad Man Singing, qui sonnent toutes un peu comme Our Endless Numbered Days, son album de 2004. Tree By The River est « la jolie balade » de l’album : des paroles sensibles, des textes comme Iron & Wine sait si bien les penser et les mettre en musique. Des rythmes travaillés additionnés de bruits suspects obtenus de façon inconnue planent sur la pièce Monkeys Uptown. Le résultat mérite d’être entendu.

Aucune des pièces n’est un feu d’artifice, mais chacune possède un univers musical travaillé. En résulte donc un album hétérogène, mais intéressant, peu commun et appréciable. On écoutera alors celui-là avec plaisir… En attendant le prochain!

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