C’est un secret pour personne, c’était le Gala de l’ADISQ, hier soir, dans une Place des Arts remplie de personnes avec des vêtements empruntés qui devront être retournés au magasin aujourd’hui. Maudit! Contre vents et marées, on a bravé la salle de presse pour fêter les victoires des gagnants avec eux comme il se doit: avec du gâteau!

Gâteau/Photo: Marielle Normandin Pageau

Par Élise Jetté et Marielle Normandin Pageau

Fidèles à nos habitudes, nous arrivons en retard pour le début du tapis rouge et ça fait en sorte qu’on ne peut pas s’enquérir des habitudes vestimentaires des artistes à notre grand désarroi. Néanmoins, on réussit à accrocher le duo La Carabine, nommé dans la catégorie Album hip-hop de l’année, qui accepte de répondre à nos questions douanières leur permettant ainsi d’entrer dans la Salle Wilfrid-Pelletier:

Avez-vous visité une ferme dans les trois derniers mois?

Oui, ça fait ça, vivre à Sainte-Anne-des-Plaines!

Avez-vous plus de 10 000 $ en espèce sur vous?

We wish. Leur agent: Oui, c’est moi qui gère ça!

Dépassez-vous la quantité d’alcool permise, deux bouteilles de vin ou 24 bières?

Pas encore, mais on est close!

Avez-vous dépensé plus de 700 $ pour vous habiller ce soir?

Beaucoup plus!

Avez-vous des armes prohibées sur vous?

La carabine! Toujours! 24h/24.

Transportez-vous des agrumes ou des viandes cultivés hors du Canada?

Nous sommes de la viande. De grosses saucisses. Elles viennent du Canada par contre.

LE GALA

On se déplace ensuite dans la salle de presse pour le début du gala. Ce dernier commence en force avec la pièce Ça que c’tait d’Alaclair Ensemble. Comme début de gala, ça a le même impact que si on passait dans un tunnel de feu et qu’un effet spécial de pluie comme dans un clip des Backstreet Boys venait éteindre les flammes qui nous consumaient.

C’est abruptement enchaîné avec l’introspection de Charlotte Cardin, seule au piano. Le clash n’aurait pas pu être plus efficace sauf si on avait fait un mash up entre Faufile et le hit d’Alaclair. C’est Daniel Bélanger qui complète le numéro musical et, comme d’habitude, il nous donne de grandes émotions. «Vos glandes de Bartholin sont en émoi», nous dit un camarade de la salle de presse qui n’a certainement pas coulé sa bio de secondaire trois.

Après être entré sur scène via une navette spatiale, Louis-José Houde amorce la soirée en disant: «Tout comme le gala, je commence à avoir 40 ans!»

Notre moment fort de son stand-up d’ouverture: «En vieillissant, tout le monde l’échappe… sauf Richard Séguin. On le verra jamais tout nu dans les crudités en train de crier « j’vous haïs, toute la gang ».» Tellement vrai!

Après avoir comparé Marc Hervieux à Denis Coderre un peu paqueté dans le Sud, Louis-José enchaîne avec une ribambelle de blagues toutes plus drôles que celles que 2Frères tenteront de faire en présentant un prix plus tard dans la soirée.

Les soeurs Boulay/Photo: Marielle Normandin Pageau

 

L’homme qui porte le mieux le poivre et sel (à part la table de la cuisine), Richard Séguin, monte sur scène pour la présentation du prix Groupe ou duo de l’année. Il fait un micro-hommage-bien-apprécié à Petite-Vallée.

Les soeurs Boulay l’emportent. Sur scène, Mélanie espère ne pas accoucher et Stéphanie incite les institutions gouvernementales à octroyer les redevances artistiques aux bonnes personnes.

Dans la salle de presse, on enregistre leurs commentaires comme un poignée de journalistes qui sont massés autour des soeurs. Dans notre zone hors-confort, on flatte par inadvertance la joue d’un journaliste sérieux. Un doux moment qui n’est pas dépourvu de malaise.

Les soeurs Boulay/Photo: Élise Jetté

Durant les dernières semaines, les fins observateurs médiatiques que nous sommes avons remarqué que certains influenceurs d’Instagram mettaient en évidence leur amour pour le gâteau Deep and Delicious de McCain dans des publications de type commanditées. Comme on fait pas une maudite cenne avec notre site, on s’est dit qu’on pourrait peut-être essayer d’attirer l’attention de la compagnie de gâteau surgelé en offrant une bouchée dudit gâteau à chaque gagnant d’un Félix. On fait ce qu’on peut.

C’est ainsi que les soeurs Boulay entament le dessert en choisissant chacune un coin du délice chocolaté. «Yes j’avais faim» et «Ce gâteau est fidèle à lui-même», sont les commentaires recueillis lors de la dégustation.

Alaclair Ensemble/Photo: Marielle Normandin Pageau

C’est par la suite qu’un voeu formulé en 2002 par le collectif hip-hop 83 est enfin réalisé: on présente le trophée du meilleur Album hip-hop en ondes, en direct à la télévision publique. «Eh bien, Messieurs de 83… à peine quinze ans plus tard, c’est réglé!», affirme Louis-José Houde avant d’inviter son ami François Bellefeuille pour présenter le prix.

«J’ai tu l’air hip-hop?», demande l’humoriste chevelu, se questionnant sur la présentation qui lui est attitrée, avant d’affirmer que c’est probablement dû au fait que l’ADISQ sait qu’il a déjà poignardé quelqu’un dans un souper de fondue.

Alaclair Ensemble reçoit le prestigieux trophée et on profite d’un moment avec eux pour déguster le gâteau des vainqueurs.

Maybe Watson/Photo: Élise Jetté

«Je vais prendre un coin parce que that’s the only thing I know how to do, dit Maybe Watson. Ça me fait penser à ma grand-mère. C’est le genre de chose que j’aurais mangé chez ma grand-mère. Ça m’aurait fait faire des flatulences non-naturelles.»

On lui demande ce qu’il fera avec le Félix.«Ce que j’aimerais vraiment faire, c’est le faire fondre et en mouler plein de petits et les donner à tous les rappeurs québ. Il me faudrait un mini-moule à Félix. Si vous pouvez trouver ça, l’Académie, ça serait hot.» Excellent projet.

Claude Bégin/Photo: Élise Jetté

Après avoir expliqué au plus bel homme du Québec, Claude Bégin, qui avait mangé où dans le gâteau, il décide de prendre une bouchée dans le même spot que Klô Pelgag (comme Alaclair devait demeurer dans la salle durant plusieurs remises de prix, ils ne sont passés en salle de presse qu’en fin de soirée, donc après Klô Pelgag). «Elle est dans la même maison de disque que nous, donc c’est juste de l’amour. Je me sens connecté à elle par cette bouchée-là. Et si j’avais une toune à écrire sur ce beau gâteau partagé, ça commencerait par « les gangs se partagent, mais ne se touchent pas… ».»

Jamais trop loin d’une réflexion poétique, ce Claude.

Émile Bilodeau et Patrice Michaud font ensuite un duo en tête à tête en se regardant dans les yeux, puis les 2Frères montent sur scène pour présenter le prix Album adulte contemporain. Après de curieux jeux de mots sur les scandales sexuels des dernières semaines, ils décernent le trophée à Céline Dion qui n’est pas plus là que jeudi passé.

«On va lui remettre son prix personnellement», disent-ils en laissant le Félix sur la tablette.

Le prix d’AuteurE-compositricE de l’année est ensuite remis à Klô Pelgag, une récompense offerte à une femme pour la première fois en 24 ans. Avant sa victoire, lors de la lecture des nommés, Klô fait le signe de Mixmania avec ses doigts à la caméra. C’est l’un de nos moments favoris de la soirée.

Klô Pelgag/Photo: Marielle Normandin Pageau

On a aussi beaucoup apprécié son discours: «Message aux haters: on s’en fout de ce que vous pensez. Trouvez-vous des passions.» On adhère.

Fière de la dernière année à tourner avec son plus récent album, elle rappelle aux médias, en salle de presse, qu’elle y a mis tout son coeur et que les prix sont un bel encouragement pour continuer: «J’espère que ma musique pourra toucher encore plus de monde. Je ne passe pas à la radio et je ne crois pas que ma musique va passer à la radio. C’est triste, mais on l’accepte.»

Klô Pelgag/Photo: Élise Jetté

Devant notre dessert d’épicerie, Klô Pelgag affiche une mine réjouie. Munie de la fourchette elle se lance: «J’ai envie d’aller au milieu. Ça risque d’être périlleux, mais qui risque rien n’a rien», dit-elle en accord avec son parcours musical.» Elle avale la bouchée en demandant qu’on la cache des différents paparazzis, autour, qui voulait la prendre en photo la fourchette dans la bouche.

Qu’ont en commun Alexe Gaudreault, The Brooks, Alex Nevsky et Robert Charlebois? Rien pantoute, sauf une prestation commune à l’ADISQ!  À noter que Louis-José Houde passe très proche de se tromper dans le nom de Nevsky, mais qui ne se tromperait pas dans ce nom-là?

Luc de La Rochelière et Vincent Vallières présentent le prix du meilleur Spectacle auteur compositeur. Ils font des jokes de hockey en parlant super lentement et on perd le fil après que Luc ait dit «J’suis ben déçu de la saison.»

Le grand shaman Daniel Bélanger gagne ce trophée et le suivant, celui d’Album pop de l’année. Il se présente en montant sur scène les deux fois: «Mon nom est Daniel Bélanger». Merci pour l’exercice de modestie, Dan, ça nous donne encore plus envie de te cuisiner des gaufres un dimanche matin.

Dans la salle de presse, on comprend vite que Daniel Bélanger a réussi avec brio ses cours de conduite à sa manière de transporter ses trophées comme s’il conduisait une automobile pendant un examen de la SAAQ:

Daniel Bélanger/Photo: Marielle Normandin Pageau

C’est Émile Bilodeau qui s’empare ensuite de la statuette de Révélation de l’année, un prix que Daniel, a perdu aux mains de Kathleen en 1992. Le jeune artiste, né en 1996, n’est pas moins impressionné: «J’t’assis devant Daniel Bélanger tabarnak», s’exclame-t-il d’emblée avant de saluer les talents féminins récompensés durant le gala. «Vive la Catalogne», est la phrase qui termine son discours expéditif, mais sagement mémorisé.

En salle de presse, le jeune homme est dans tous ses états:

Émile Bilodeau/Photo: Marielle Normandin Pageau

Il accepte de manger notre gâteau après avoir reçu, de la part de sa relationniste de presse, l’indication de ne pas manger une zone déjà entamée. Les microbes!

Émile Bilodeau/Photo: Élise Jetté

«Ce gâteau est définitivement meilleur depuis que j’ai un Félix dans les mains, affirme l’auteur-compositeur. C’est profond et délicieux, bien sûr!» Quand on lui demande où il mettra son trophée, il est catégorique:«Chez mes parents! Et je partirai plus jamais de chez eux parce que mon trophée va être là-bas!» Bonne chance à monsieur et madame Bilodeau.

Louis-José Houde accueille sur scène sa rockstar préférée: Klô Pelgag, vêtue de pieuvres. Puis, après une prestation plus convaincante que Metallica sur les Plaines, Klô quitte la scène et c’est le moment de larmes avec l’hommage à Leonard Cohen. Son fils Adam vient récolter le prix après que Richard Séguin ait starté une chorale a capella de Hallelujah, un moment qui mouille les yeux de tous, même les tough guys de hip-hop invités au gala pour la première fois.

Pour faire perdurer la parole de son père, Adam nous donne une confirmation officielle: Son père préférait le smoked meat du Main à celui du Schwartz.

Kamikaze de Patrice Michaud est la Chanson de l’année et Mary Poppins est le Spectacle de l’année interprète.

Patrice Michaud/Photo: Marielle Normandin Pageau

Puis, c’est la consécration: Safia Nolin plante Céline Dion dans la catégorie Interprète féminine de l’année. «Ha non», sont ses premières paroles en montant sur scène. Les nôtres sont «Ha oui!» Elle dit qu’elle espère que les dénonciations de gens dégueulasses vont continuer et elle lance un avis qui est destiné aux #gens de l’Internet: «Le monde à la maison, calmez-vous.»

En coulisses, un long moment passera avant qu’on puisse faire goûter notre gâteau à Safia. On offrira une bouchée à sa copine, la chanteuse française Pomme qui n’avait jamais goûté au fameux dessert. «Est-ce que c’est du chocolat spatial?», demandera-t-elle, éberluée par le bon goût.

Plus tard, Safia acceptera quelques bouchées délicieuses. Qu’est-ce qu’il a de différent ton nouveau trophée, Safia? «Je l’ai volé à Céline!», lance-t-elle, fière. Nous aussi on est fières!

Safia Nolin/Photo: Élise Jetté

Entre temps, Patrice Michaud remporte le prix d’Interprète masculin de l’année et affirme «J’ai pas de discours. Je suis fier de moi.» Puis, tel un prof de yoga du Mile End il déclare: «gratitude».

Se délectant de notre gâteau il affirme: «ça goûte 1984».

Patrice Michaud/Photo: Élise Jetté

Voici de quoi a l’air le gâteau de la victoire en fin de soirée:

Gâteau/Photo: Élise Jetté

Louis-José félicite les musiciens qui saluent la foule depuis le fond de la scène. Dans la brume bleutée, on n’a pas vu leur visage de la soirée, mais on les a entendus, c’est déjà ça!

L’animateur quitte la scène comme il est entré: par un tube de téléportation. Peut-être une allusion à Blade Runner? Peut-être pas, aussi.

On réussit à se tailler une place parmi les invités du club select de l’after-party de l’ADISQ. C’est là qu’on pourra voir des tablettes à hamburgers:

Un acrobate sphérique:

Et Philippe Fehmiu:

Y’avait pas vraiment de meilleure façon de terminer notre soirée.

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