Après le lancement de leur premier album À jamais privé de réponses et une myriade d’entrevues dans des médias corporatifs, les membres de Paupière acceptent gentiment de jaser avec Feu à volonté autour d’une bière. Entre deux gorgées, le trio synth-pop échange sur leur projet musical pluridisciplinaire pensé au Québec pour des visées internationales.

Paupière/Photo: Laurence Godecharles
Paupière/Photo: Laurence Godcharles

L’entrevue qui devait au départ avoir lieu au Café Parvis est rapidement relocalisée. Ce café terrasse, débordant de messieurs à cravates venus jaser de golf, est plein. Heureusement! J’avais peur de ne pas avoir assez d’argent pour m’acheter ma fameuse tisane Orange Pekoe.

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Je propose alors aux membres du groupe de faire l’entrevue dans ma voiture. Une suggestion qu’ils déclinent rapidement, réaction très insultante pour ma petite Echo rouge. Nous nous installerons plutôt au pied de l’Église unie St. James. Paupière fait de bons compromis.

Le groupe composé du musicien Pierre-Luc Bégin (We Are Wolves, Polipe), de l’artiste visuelle Julia Daigle et de la comédienne Éliane Préfontaine a intérêt à bien s’entendre, puisqu’il parcourra plusieurs villes du Québec et de l’Europe au cours des prochains mois. «On vient tout juste d’être signés sur un booker français», annonce Julia à Éliane qui n’était vraisemblablement pas au courant.

Paupière fait d’ailleurs sensation en Italie, où la formation aux sonorités new-wave a présenté près de quinze spectacles ces deux dernières années. «Un moment donné, on avait plus joué en Europe qu’à Montréal», ajoute Julia.

Selon les musiciens, l’exportation à l’international de leur band fait partie intégrante de sa genèse. «C’est le but, souligne Pierre-Luc. Le genre de musique qu’on fait peut même se prêter aux pays anglophones. Ce n’est pas axé sur la chanson. Oui, c’est très pop, mais je crois que nos arrangements peuvent plaire à l’extérieur du Québec». À titre d’exemple, le chanteur et percussionniste cite les groupes français Pheonix et La Femme qui percent aux États-Unis.

Il ne néglige toutefois pas les spectacles à Montréal et dans plusieurs villes du Québec. «Au début, nous ne pensions pas nécessairement tourner en régions, dit Pierre-Luc. On pensait que ça allait être très montréalais.» Pourtant, l’accueil y est favorable. Pour son premier long jeu, Paupière se produira notamment à La Petite boîte noire à Sherbrooke, au Petit Chicago à Gatineau et au Zaricot à St-Hyacinthe.

Éliane s’étonne aussi de remarquer que leur public est plus éclectique que ce à quoi elle croyait lors des balbutiements du projet. «Au FME [Festival de musique émergente], il y avait une grosse gang de personnes dans la cinquantaine qui est venue nous voir à deux reprises. C’était très cool.», dit-elle. Pierre-Luc s’estime également surpris de cette inattendue reconnaissance du public. «Ça te fait réaliser que la musique en soi, c’est quelque chose. Que la stylistique c’est quelque chose aussi, mais que l’énergie globale qui se dégage d’un groupe peut transcender bien des affaires, dont les âges.» Selon lui, la dévotion d’un groupe sur scène peut suffire pour toucher un public qui n’est pas nécessairement fan du son.

Pour la tournée d’À jamais privé de réponses, Paupière s’engage à donner plus qu’un simple spectacle. «On ne veut pas juste faire un show pendant lequel les chansons s’enchaînent et qu’entre les tounes, on prenne une gorgée de bière. Comme si entre chaque chanson, le spectacle arrêtait.», ajoute-t-il. En s’alliant au metteur en scène Félix-Antoine Boutin, le trio espère plaire à son public avec des prestations multidisciplinaires, où se croiseront la musique, le théâtre et les arts visuels.

 

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