Repas irréguliers et sommeil à temps partiel ponctuent encore notre FME pour la deuxième moitié de nos aventures en terre norandienne. C’est par un samedi ensoleillé qu’on se réveille à coups de pizza, de Pabst et de soundchecks. T’inquiètes, on a aussi une bouteille de Gravol.
Par Élise Jetté et Alexandre Demers
KROY
C’est au bar Le Groove de la rue principale que KROY (une des moitiés de Milk & Bone) a donné rendez-vous à ses admirateurs pour le 5 à 7 du samedi. Tandis qu’on esquive quelques corps maladroits armés de bières (dommages collatéraux de la veille, on devine), on réussit à se tailler une place de choix près de la grande fenêtre qui souffle un malicieux vent glacial sur nos omoplates. Toute vêtue de noir (quoi d’autre?), elle fait son entrée sur scène, accompagnée de son comparse. Pendant une heure, elle déploie avec charme et délicatesse sa pop électro contemplative par le biais de morceaux enjôleurs issus de son premier album solo, Scavenger, paru l’an dernier. Elle se permettra quelques covers pas piqués de vers, dont la pièce Read My Mind de The Killers. Même si elle porte la couleur vedette chez tous les bons Alfred Dallaire, elle sait mettre de la vie dans un bar qui en redemande!
Mon Doux Saigneur
Pendant ce temps, le 5 à 7 de Mon Doux Saigneur en est un sous le signe du lancement. Cinq musiciens dont un marimba accompagnent Emerik St-Cyr Labbé, «aussi stressé qu’avant un oral au secondaire ou un tournoi de soccer.» Sur son album, il explore de grands thèmes controversés: «On vient de la Montérégie et on a dû apprendre le code vestimentaire de Montréal. La prochaine toune parle de ça», dit Emerik avant d’entamer Île aux calvaires. «Il est même pas sorti, pis il est là», dira-t-il également en expliquant que son album pas encore paru est quand même disponible en copies physiques. La magie existe, au FME.
En sortant de la salle des Chevaliers de Colomb, on tombe sur cette pancarte que l’on trouve très restrictive.
Boskorgï
Au pop-up shop sur la 7e rue, on devient tous fous lors de la perfo de Boskorgï. Authentischen Barbier est sur place pour couper les couettes en trop et donner des conseils de vie. Thomas et Antoine, concentrés, offrent la trame musicale à toute la sagesse qu’on réussit à puiser dans cet établissement. Tout le monde en ressort grandi et en état d’ébriété.
Au FME, il y a toujours une soirée où tu finis par manquer 5/6 des shows que tu voulais voir parce que t’es occupé à déguster des drinks aux fraises à 11 % d’alcool. Pour nous, c’était samedi. On n’a donc pas d’autres informations à vous donner sur ce samedi soir à part qu’il y avait beaucoup de vin gratuit au souper offert par la SOCAN. C’est pendant ce souper qu’on a fait un voyage dans le temps en voyant ce gars-là qui est le sosie d’au moins 3/4 des Beatles en 1964.
Le Couleur
Pour notre dernière journée de FME, on trouve du réconfort comme on peut en se faisant livrer de la lasagne en regardant une rafale d’épisodes d’Un souper presque parfait. Le motel: notre sanctuaire. Puisqu’on a le goût de s’activer lors du 5 à 7 quotidien, c’est à la scène Évolu-Son qu’on se dirige pour la performance disco-dansante de la formation Le Couleur. Tandis que les quidams de l’assistance sont répartis sur deux étages, on décide de prendre place au parterre parce qu’on sait ce qui nous attend: des chansons enflammées avec pas mal de groove langoureux. Le groupe le rend parfaitement alors qu’il entame une ribambelle musicale de son savoureux répertoire.
Le parterre se réchauffe autant au niveau des danseurs que de ceux qui regardent de façon louche les filles se déhancher un brin. Le groupe rend justice à sa réputation, notamment grâce aux performances remarquées des pièces La Fuite de Barbara et Voyage Amoureux, durant lesquelles son enthousiasme et son savoir-faire sont mis de l’avant. La troupe conclut le tout avec son succès L’amour le jour. Le Couleur est un peu à l’image de notre sommeil durant le FME: on en aurait pris plus longtemps.
Jean-Michel Blais
Pendant ce temps, on retombe sous le charme de Jean-Michel Blais à l’Agora des Arts. Plongé dans l’obscurité, il réussit à être le seul à briser le silence de la foule prosternée. Il y a un gars, sûrement un Italien, qui dit tout le temps «Bravissimo» entre les tounes. Blais, pour sa part, parle en français et interprète ses jolies pièces ainsi qu’une autre de Satie en guise de conclusion.
Klô Pelgag
C’est l’unique et colorée Klô Pelgag qui a la mission d’inaugurer la soirée sur la ô combien bucolique scène de la plage du lac Kiwanis. Dans un décor enchanteur incluant une sublime étendue d’eau et un poétique Rona l’Entrepôt (qui nous rappelle que la chainsaw de Black & Decker est actuellement en solde à 139 $), l’artiste livre un pot-pas-pourri-du-tout de ses chansons, mettant l’accent sur son plus récent opus L’étoile thoracique.
Entourée de ses musiciens/équipe de sécurité, elle exécute avec justesse et brio un set enchanteur qui charme toutes les oreilles rassemblées autour de la scène. Elle se permet d’ailleurs de remercier chaleureusement la foule de Rouyn avec qui elle avait précédemment eu un rendez-vous manqué, faute de santé. Tout est pardonné!
Elle terminera le tout avec Les ferrofluides-fleurs tandis que le soleil fait ses adieux pour la journée (mais nous on est toujours là!). Elle dira aussi «Merci à la Terre de nous porter», un remerciement que trop peu d’artistes songent à faire.
Desjardins, on l’aime-tu!
Avant le tout dernier spectacle, c’est Matt Holubowski qui occupe la scène aquatique. Comme on l’avait déjà vu au Festival de Jazz, on choisit ce moment-là pour aller faire pipi (la file est vraiment longue) et aller acheter du gin tonique (la file est vraiment longue).
C’est le show d’hommage à Richard Desjardins qui conclut notre week-end, toutes les chansons baignant dans un brin de magie, que ce soit L’engeôlière, chantée par les soeurs Boulay ou Tu m’aimes-tu?, interprétée par Fred Fortin. Le frisson est présent à chaque toune.
Rien ne pourra toutefois nous toucher autant que l’arrivée en triomphe de Richard Desjardins pour chanter Les Yankees avec Klô Pelgag. Beaucoup fondent en larmes pendant … et j’ai couché dans mon char, chantée avec les soeurs Boulay. Puis, tous se joignent à lui pour Chaude était la nuit.
Rarement un moment musical aura provoqué d’aussi grands émois, la foule étant bien consciente du peu de concerts offerts par Desjardins dorénavant, de son appartenance bien spéciale à sa ville où nous étions et de la puissance évoquée par tous les bons enfants de la musique québécoise qui s’unissent pour dire bravo et merci.
Pour avoir vu la version du spectacle (sans Desjardins) offerte au début de l’été aux Francos, je (Élise) dois avouer que le FME a eu droit à un tout autre spectacle, mieux rodé, d’abord, plus sensible et mieux enchaîné. J’avais pas braillé de même depuis la mort de Léo dans Titanic en 1997.
Notre retour en petit bus blanc s’est fait le lendemain à l’aube. On mentirait si on disait qu’on n’a pas eu le mal des transports, mais tout ça en valait bien la peine.
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