Après une petite pause de MUTEK la veille et un passage rapide à Valleyfield, je me suis retrouvé, vendredi, dans un état quasi-comateux et j’ai décidé de ne pas étirer ma soirée plus que nécessaire. Pour cette 4e journée de MUTEK, à thématique barcelonaise, je me suis contenté des shows d’après-midi et de début de soirée. Retour sur la seule fois de l’année où j’ai fait attention à ma santé…
J’arrive donc au festival vers 17 h 45, à temps pour assister aux dernières minutes de la prestation de Gonima. Le jeune dj montréalais présente une version live de ses œuvres mélangeant habilement IDM glitchy et ambiant planant pour offrir le genre de performance qui débute excessivement bien une fin d’après-midi, étendu dans un hamac au gros soleil. Un beau petit moment feel-good au final pour lequel je dois de remercier Evan Magoni.
Avec du matériel plus dansant, Sau Poler vient ensuite défendre les couleurs de l’Espagne. Faisant dans la house ensoleillée et influencée à l’os par les productions baléariques, le dj réussit à faire lever une crowd qui, jusque là, restait pas mal assise. Il donne donc le go pour le dance floor avec efficacité et j’en profite pour me prendre une des bières MUTEK18 de la brasserie Harricana. Oui, le festival a bel et bien une bière exclusive brassée pour lui. Et en plus, c’est une méchante bonne pale ale d’été! On continue donc dans le plaisir avec un genre de Piknic Électronik, mais sur le béton de la Place des Festivals avec une sono un peu affectée par les dj sets semi-bons et trop forts de Mode & Design juste à côté…
La transition avec le Montréalais Flandez, par la suite, est peut-être un peu brusque. On passe effectivement d’une house soignée à une techno parfois un peu tapageuse. Si les deux sont très bons, c’est la succession qui choque un peu l’oreille. Malgré tout, je m’habitue rapidement et, si j’arrête un peu de danser, je me mets toutefois à apprécier les subtilités des mixes du Chilien d’origine. Il intègre pas mal de vieux matériel et d’éléments folkloriques hispaniques à son matériel, et le lien avec la soirée espagnole est donc tout à fait présent. Ce sera finalement le dernier sets extérieur auquel j’assisterai, mais j’en ressortirai satisfait.
Je pars parce que je tiens absolument à voir la fin de la soirée A/Vision 2 au Monument-National, où jouera notamment Herman Kolgen, ma révélation 2016 de MUTEK. Arrivé en retard, je dois me contenter d’une des dernières places du balcon, ce qui affectera quelque peu ma vue sur la scène durant les performances. Je prends place alors que les Montréalais Alexandre Burton et Julien Roy présentent la performance quelque peu académique Trois pièces avec des titres. L’expérimentation est intéressante: les deux artistes font une analyse du geste qu’ils transforment ensuite en son: ils se filment manipuler divers objets en métal, puis ils samplent le son obtenu qu’ils modifient et loopent en direct devant le public. On parle ici vraiment d’expérience artistique et le volet un peu scientifique de MUTEK ressort enfin pour moi! Et pour mieux apprécier la chose, je vous laisse ici une vidéo qui ne présente pas exactement ce qu’ils ont fait vendredi, mais qui vous donnera au moins une bonne idée de ce à quoi pouvait ressemble leur troisième pièce.
La performance suivante est celle d’Herman Kolgen. J’avais vraiment adoré l’œuvre Seismik de ce dernier l’an passé, et j’avais donc bien hâte d’assister à Impakt cette année. Ce qui étonne tout d’abord, c’est l’installation scénique: un genre de canon à patates est installé au centre de la scène, juste à côté d’équipement de dj, et le tout pointe vers une toile sur laquelle est dessiné un mannequin. À l’arrivée de Kolgen, l’écran en fond de scène s’illumine et projette la même forme de mannequin. Après, ça devient vraiment fucked up… Le Montréalais commence son show en tirant sur la toile avec le canon et l’impact du projectile sur ladite toile est reproduit virtuellement sur le mannequin animé en projections.
Et alors que celui-ci tombe et revole sous la force du choc, ses mouvements se mettent à activer certains sons, dont Kolgen se sert pour introduire ses compositions. Avouez que juste que là, on est dans quelque chose d’assez gros. Mais la musique du dj en rajoute une couche: on assiste à du dubstep mêlé avec une touche techno glitchy particulièrement harsh et violente, le tout sur fond d’images de courses de chars, de meurtres et de bonhommes animés avec des masques à gaz, des têtes de cochon ou des très longs pénis. L’étude de Kolgen sur l’impact et ses notions est donc fort impressionnante et concluante, comme pas mal tous ses passages au festival, semblerait-il. Et il y a été chaque année ou presque pour vous donner une idée! C’est finalement ce qui met fin à ma soirée, alors que je décide d’aller faire une courte sieste avant de revenir voir d’autres shows. J’ai finalement dormi pendant 11 h.