La route Montréal-Baie-Saint-Paul a été dense en activités diverses. Notre excitation devant le festival qui s’annonçait ne pouvait qu’être accentuée par les discussions de fond qui nous ont animés pendant quatre heures, notamment au sujet de la culture des cucurbitacées et de tous les niveaux d’humour de Michel Beaudry.
Par Élise Jetté, Marielle Normandin Pageau, Mathieu Aubry et Catherine Guay
Arrivés à destination, on érige campement plus rapidement qu’un maître scout. La raison est simple, MEC nous a passé un palace similaire à la salle de spectacle rétractable que Gregory Charles s’était fait builder. Question de se mettre dans le bain on se prépare des drinks de camping saturés en gin, dans des verres triangulaires MEC.
On se déplace ensuite vers Le Germain pour aller voir le plus bel homme du Québec toutes catégories confondues selon nos mères. En chemin vers Richard, on aperçoit cette clinique dentaire qui n’inspire pas confiance. Si tu peux pas gérer tes briques, je te confie pas ma gingivite.
D’une éloquence de haute voltige, Richard Séguin nous parle des problématiques sociales québécoises dans une salle où il fait plus noir que dans un sous-sol durant la crise du verglas.
Dans le paradis des quinquagénaires, Richard Séguin nous dira entre autres: «Quand t’entends l’harmonica en Fa, tu vois la route.» Plus sage que le Père Fourra en 1994.
Pour conserver la thématique verglas, une panne d’électricité survient au milieu de la prestation. Un spectacle très conséquent.
Après l’entracte (pour permettre aux baby boomers d’aller faire pipi), Richard enchaîne encore quelques pièces dont une chanson qui contient la phrase suivante: «Les vrais rockers n’ont jamais eu de micro.» Richard s’excusera donc personnellement à Éric Lapointe qui n’est pas dans la salle.
On finit par pleurer pendant le show de Richard, notamment parce que certains d’entre nous se souviennent avoir été allaités sur ses chansons.
On se rend ensuite au restaurant Diapason, pour une entrevue fromagée mettant en vedette une quantité impressionnante de fromage, mais aussi Antoine Corriveau (voyez cette vidéo sur Feu à volonté la semaine prochaine).
Nous nous rendons à la scène Desjardins pour Valaire, déposant nos sacs à dos dans les flaques d’eau sans hésitation dans le but de sauter jusqu’en avant de la scène pour entrer en relation intime et mouvementée avec les millennials en place qui ne cessent de dire à quel point le show est lit.
Certaines personnes sont si pressées qu’elles partent directement du Maxi pour venir assister au spectacle.
Karim Ouellet et Fredy V se mêlent au plan pour donner une touche RnB qui stimule les déhanchements.
Entre autres, lui se déhanche sur un moyen temps:
Avant de quitter, on assiste au show pop up de Loco Locass dans l’escalier de secours. Une prestation de trois tounes pour nous titiller.
Nous rentrons au campement, histoire de rater notre café dans notre cafetière à piston. On assiste auditivement au spectacle de Caravan Palace. Les guitares manouches nous emportent peu et le moment fort du spectacle demeure toutes les fois où nous avons suspecté entendre «notre toune».
Sous l’égide de Jésus, dans le sous-sol de l’église, Mathieu assiste à la performance de Weaves, un mélange de musique off tempo et de guitare et de basse distorsionnées, le tout doublé d’un chant rappelant celui d’Alice Glass. Sur la courte liste du Polaris 2017, le band nous propose une musique tellement singulière qu’on ne peut trouver les moves de danse adéquats.
Pendant ce temps, Catherine se rend à la tente Sirius XM pour le show de Loco Locass. À sa grande surprise, elle constate que le spectacle se déroule dans une tente de sudation. Après la chanson Super Mario, le trio vient casser le beat en chantant sa toune sur la prévention du suicide. Tout le monde chante en choeur «en ce moment j’suis sur un site de noeuds coulants». #LinkinPark
Ensuite, Chafiik dit «ça fait longtemps qu’on n’a pas entendu une acoustique comme ça». C’est probablement parce qu’il font pu vraiment de shows.
À 24 h 59, Mathieu prend le relais. Il arrive pendant une reprise des Colocs. Batlam doit s’ennuyer de son rôle dans Dédé à travers les brumes ou de son permis de conduire.
Élise et Marielle, pendant ce temps, vivent l’envoutement à La Chapelle avec le show d’Antoine Corriveau. Nouveau lieu de spectacle pour cette huitième édition, et seul show à cet endroit également, c’est un peu comme un rêve éveillé.
Quand on entre dans l’établissement, on se surprend à avoir un petit creux à cause de l’odeur accaparante de chocolatines. On a aussi un peu envie de se confesser. À travers les lueurs mauves et bleues, la vierge Marie nous dévisage et les angelots nus nous envoient des regards critiques. On se sent quasiment comme si on buvait de la bière accotées sur le coeur du Frère André.
Prenant à coeur son rôle de prêtre, Antoine sait se faire écouter et il offrira une nouvelle chanson en nous avisant que contrairement à ses autres tounes, celle-là est downer (lol).
On a aussi volé la pancarte qui nous a menées jusqu’à lui, mais il nous a donné son accord.
On finit notre périple au sous-sol de l’église pour la fin du show de Chocolat. Sans surprise, Jimmy Hunt est en état d’ébriété avancé et les membres du groupe font du bodysurfing en chest avec les amplis. Une fois de plus, les millennials trouvent ça lit en tabarnak et les gens dans le moshpit sont nus pieds devant le regard ahuri des gardiens de sécurité dépassés par les évènements.
Jimmy profitera des encouragements de la foule pour s’adonner au plaisir charnel avec Jésus crucifié. Une action qui ne sera pas sans conséquence pour le crucifié qui finira un peu croche.
Les gens, ben à l’aise, monteront sur la scène pour vivre des douches de bière flat devant public. Jimmy se fera invitant, mais modéré: «C’est l’fun le monde qui monte sur la scène, mais marchez pas sur mes pédales. Je peux pu jouer.»
Captivés par les covers de Stand By Me et La Chicane, nous oublions de prendre en photo les deux hurluberlus qui animeront le parvis de l’église pour les fêtards jusqu’à 4 h du matin. Une fin de soirée digne de l’établissement religieux où il se trouve.
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