C’est l’apocalypse à Québec. Des milliers de milléniaux déchaînés ont décidé de prouver que Patrick Lagacé n’avait peut-être pas si tort en se rendant au show qui réunira Manu Militari, Jazz Cartier et Migos sur une même scène. Retour sur une interminable file d’attente, déjà très bien partie à mon arrivée à 18 h 45.

Alors que les Cowboys Fringants jouent sur les Plaines, Migos, groupe de calibre headliner à l’international, s’est fait offrir de jouer sur la scène du Parc de la Francophonie, un espace cinq fois plus petit. Dans les deux cas, les groupes auront su attirer des foules enviables, mais Migos aura vite su remplir complètement l’espace qui lui est alloué. J’en tire deux constats principaux :

-Le «Festival de la saison en cours de Québec» en est un réellement fréquenté par un public qui n’est pas constitué de grands consommateurs de culture à l’année. Sinon, comment expliquer qu’un groupe local, que l’on peut voir en spectacle presque quarante fois par année et précédé de deux artistes dans la même situation, ait su attirer autant de monde sur les Plaines? Et soulignons que le FDLSECDQ n’est pas non plus reconnu pour l’audace de ses programmations sur les Plaines en général…

-Le hip-hop jouit toujours d’un biais particulièrement défavorable chez le public de festivals grand public du Québec à l’extérieur de Montréal. Une situation qui n’existe pourtant presque plus dans le Canada anglais ou aux États-Unis. Un groupe de l’envergure de Migos aurait réellement mérité plus qu’une scène de trois ou quatre mille places qu’il a remplies près de 45 minutes avant le début de son set. Et le public qui y assiste ne bénéficiais pas d’un très grand respect de la part des internautes, de ce que j’ai pu voir. Moi, je les trouve détestables aussi, mais au moins je fais l’effort d’aller le constater en personne!

Au final, plusieurs se questionneront là-dessus et on assistera probablement à une petite polémique dans les prochaines heures. Je suis heureux de pouvoir vous imposer mon opinion là-dessus moi aussi, opinion que j’ai soigneusement élaborée en arrivant devant l’énorme défilé de milléniaux en ligne pour accéder à la trop exiguë scène du festival fautif.

La file d’attente me prend finalement presque une heure et demie à vaincre, parce que ça adonne que je suis malheureusement une personne respectueuse dans la vie et que je décide de ne pas dépasser personne, contrairement à un père de famille que je croise éventuellement, lui bien décidé à inculquer des valeurs de marde à ses jeunes enfants. Ennuyé et seul dans la foule, je décide éventuellement de dresser une petite liste de statistiques de ce que je peux observer, question de voir quelle sera la pire crowd entre le show de Migos et la soirée électro menée par Flume de demain sur les Plaines. Voici le résultat :

-0 : nombre de personnes que je n’ai pas entendu chialer dans la file

-1 : nombre de boîtes de Lucky Charms retrouvées au sol

-2 : nombre de personnes aperçues en train de manger des ramens secs, pas d’eau

-3 : nombre d’interventions de la police qui tentait d’empêcher les dépassement avant de lâcher prise devant l’ampleur de la tâche

-4 : nombre de filles de 11 ans que j’ai vu se montrer mutuellement des dickpicks sur leur téléphone

-11 : nombre de filles qui se sont trouvées originales en exposant leurs sous-vêtements Calvin Klein

-12 : nombre de Juniors au poulet retrouvés écrasés par terre sans même avoir été entamés. Je les aurais mangés, moi!

-15 : âge moyen de la crowd

-18 : nombre de remarques s’apparentant à du harcèlement sexuel énoncées par des mineurs à l’endroit d’autres mineurs

-92 : nombre de canettes de Four Loko retrouvées au sol. Si tout avait pas été systématiquement écrasé, y’aurait eu de la piastre en cimonac à faire dans ce coin-là!

Maintenant, vous comprenez un peu mieux mon titre. Tout cela vaincu, je peux maintenant passer la fouille la plus légère que je n’ai jamais subie et assister aux quatre dernières chansons de Jazz Cartier. L’Ontarien semble en grande forme, screamant presque ses verses par moment et lançant des bouteilles d’eau Fidji à profusion sur ses fans sans jamais en prendre une gorgée. Son set se conclut évidemment sur Dead or Alive, seule pièce que l’assistance semble vraiment bien connaître et Cartier pète réellement les plombs. Avant de commencer la chanson, il somme le public de bien se diviser au milieu du stage jusqu’au fond, spécifiant qu’il ne continuera pas tant que ce ne sera pas fait. Trois minutes plus tard, c’est un très gros et respectable wall of death qui s’ensuivra, alors que Cartier décidera plutôt d’aller escalader les clôtures près de l’infirmerie. Je n’ai jamais vu un responsable de la sécurité autant rudoyer un artiste qu’à se moment-là, alors qu’un dude s’est visiblement mis en tête de le ramener au sol le plus rapidement possible. Honnêtement, c’est un des moments de hip-hop les plus survoltés que j’ai pu voir à ce jour, et ça vient encore une fois consolider mon opinion mitigée sur le show de Kendrick Lamar plus tôt cette semaine.

Le set terminé, je décide d’aller prendre un bain de foule, en même temps qu’une pause pipi. Une rencontre avec une Beauceronne bien sur le party engendrera d’ailleurs ma citation de la soirée. Au moment où je rentre dans la toilette chimique, j’entend la fille qui ne s’est pas fermé la trappe une seule fois durant les six minutes d’attente dire à son amie : « Je sais pas ça va prendre combien de temps encore pour que quelqu’un me calice une claque sua yeule tellement je suis gossante. » Au moins, elle est réaliste.

Un problème technique retarde ensuite l’arrivée sur scène de Migos, puis le groupe décide ensuite inexplicablement de tout simplement pitcher DJ Durel seul sur scène sans trop lui dire pour combien, forçant le pauvre gars à répéter sans cesse au public qu’il ne lui reste qu’une seule toune avant que « le meilleur band sur terre » ne vienne le rejoindre. Et honnêtement, c’est le pire dj set que j’ai vu ever, mais le public a l’air de s’en foutre royalement, tant qu’il connaît les chansons. C’est aussi pourquoi je déteste viscéralement mixer pour des milléniaux, même si j’en suis un moi-même. Le groupe finit par se décider à arriver, sur fond de la grosse face projetée à DJ Khaled, qui fait ce qu’il fait de mieux dans la vie, c’est-à-dire crier comme un perdu. Les gens enchaîneront ensuite une belle liste de hits que très peu auront écoutés de leur dernier album, chantant souvent par-dessus les tracks du cd pour laisser place aux nombreux featurings qu’il contient à la base. L’autotune est également bien au rendez-vous, mais il est intéressant d’évaluer les besoins techniques justement liés à cet aspect. Je quitte éventuellement après sept ou huit chansons, sans avoir entendu l’ultime Bad and Boujee, non pas parce que le spectacle est mauvais, mais tout simplement pour être bien sûr de ne pas manquer Bernardino Femminielli au Cercle.

J’arrive au Cercle une dizaine de minutes avant la performance du Montréalais, qui est déjà relativement remplie pour mon plus grand plaisir. Plus on est de fous, hein! Femminielli monte finalement seul sur scène, débutant dans la performance artistique avec une conversation semi-improvisée à un personnage inexistant, se déshabillant peu à peu au fil des répliques. Il commencera finalement la première vraie chanson en string, tout en sensualité. La bête de sexe échange des regards pleins de luxure avec le public sans jamais se déconcentrer et finit par le rejoindre sur le dancefloor assez timide. Je me fais éventuellement twerker dessus, un beau moment. Comme à l’habitude, la performance de Femminielli restera une expérience difficile à décrire, mais à voir absolument!

C’est ensuite à Duchess Says de prendre la relève et je me découragerai rapidement. Le moshpit que la bande montréalaise engendrera est un des moins respectueux que j’ai vu depuis un petit bout de temps. Du monde trop intense, qui se foute un peu du reste de la foule et s’étranglent presque avec du saranwrap, c’est pas mal ce que le Cercle nous offrira. Je me fais finalement blesser à un pied alors que je ne suis même pas dans ledit moshpit et décide de quitter avant de trop me fâcher. Dommage parce que le groupe était en bonne forme ce soir.

Citation de la soirée : « Moi je suis trop une fille à chat, mais toi, t’es clairement un homme à chatte! » -La Beauceronne qui se magasinait une claque sua yeule en voyant ma camisole, dont voici une photo prise par une amie souhaitant snapchater comme 99,99% de la foule. L’autre 0,01%, c’est moi vu que mon téléphone est pas très intelligent…

Ma camisole controversée/Photo : Camille Landry
Ma camisole controversée/Photo : Camille Landry

Programme de demain: A Tribe Called Red, Gab Paquet, Fetty Wap, Flume

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