Après une première soirée somme toute tranquille au «Festival de la saison en cours de Québec» hier, je m’attendais à en virer une plus mouvementée pour la deuxième. Premièrement parce que j’ai pris «une ou deux bières» pour bien commencer le tout, et deuxièmement parce que c’était nul autre que Dead Obies, Anderson .Paak et Kendrick Lamar que je m’en allais voir. Rien de moins! Retour sur une soirée remplie d’étonnements.

Le plan bière se déroule chez une amie où l’on attend d’autres amis avant de se rendre sur les Plaines d’Abraham pour un des line-up hip-hop les plus béton qu’on ait pu voir au Québec. Au final, tout le monde abdique à la dernière minute et on se retrouve à devoir partir un peu après 19 h. La file d’attente monstre faisant également très bien son boulot, on arrivera sur les Plaines cinq petites minutes après la fin de la prestation de Dead Obies.

Petite déception en commençant, certes, mais elle est un peu atténuée par le spectacle que nous offre deux groupes de jeunes devant le site. Le premier, prévoyant et généreux, avait apporté un ballon de plage pour divertir la foule nombreuse qui attendait pour entrer. Le second, plus taquin, a décidé de garder le ballon pour lui. S’ensuivront des menaces d’échauffourées qui feront dire à une madame près de moi: «Ben tabarnak, toute ça pour une criss de baloune!» Elle était crue, la madame du Lac-Saint-Jean!

Tout ce beau monde-là finit éventuellement par entrer dans la paix et l’harmonie et l’on constate dès lors que le public est jeune. Mais au point où je me sens vieux… et spécifions que je suis assez loin de pouvoir qualifier mon âge de vénérable. Une bonne partie du public ne semble pas encore majeure ou tout simplement habituée à voir des shows. Je me dis à ce moment que je risque de pouvoir récolter quelques anecdotes savoureuses sans trop forcer. Le temps de rejoindre un autre joyeux luron, on se dirige vers le milieu du parterre pour se préparer à l’arrivée du prince Paak.

Et c’est tout sourire qu’il arrive sur scène, débutant par un beau «Bonjour, motherfuckers!». Je ris déjà assez fort, phénomène qui se répétera d’ailleurs régulièrement dans les 45 minutes qui suivront. C’est un Paak en forme que l’on a devant nous, vêtu d’un chandail de hockey particulièrement laid**, et visiblement heureux de visiter la Vieille Capitale pour la première fois. Commençant avec son matériel plus électronique en termes de production, le rappeur occupe le devant de la scène de belle façon, dansant de façon bien sensuelle pour le plaisir de tous. Nous le verrons d’ailleurs passer à l’acte avec son pied de micro durant Heart Don’t Stand A Chance. Selon nos informations, le pied était d’ailleurs consentant.

Paak se déplace bientôt vers son endroit de prédilection: un drum placé en coin, un peu reculé sur la scène. Le plus étonnant dans tout ça, c’est qu’il réussit tout de même à bien remplir l’espace, pourtant immense de la scène Bell! Encore une fois en bonne forme, il n’hésite pas à flasher un peu avec quelques moves de baguettes assez audacieux pour un gars déjà occupé à rapper et à jouer des passes pas si faciles sans regarder ses mains. Perso, je suis impressionné.

Au final, Paak revisite sa discographie, présentant au passage un ou deux morceaux traps que je ne connais pas, en plus de reprendre la pièce Glowed Up de Kaytranada dans une version R&B particulièrement efficace. Une prestation vraiment convaincante, presque sans failles, qui vient prouver le statut de Paak comme l’un des leaders du rap récent.

Après une petite demie-heure d’attente, c’est au tour du roi Kendrick de se pointer sur la scène, mais pas avant la désormais traditionnelle projection des aventures de Kung-Fu Kenny, l’adepte du Turtle style. Ça donne le ton pour un show qui commencera directement avec des hits: l’enchaînement DNA, Element, King Kunta saura convaincre tout le monde que ce qui s’en vient relèvera de la légende.

Quoique pas tant, finalement… Dès la fin de King Kunta, une première pause un peu weird survient, puis se répétera à la chanson d’après, avant de simplement engendrer une pause de cinq bonnes minutes après Untitled 2. Sans trop donner d’explications, Kendrick s’excuse aux fans, mais le momentum de la performance restera affecté pour un bon moment encore. Notre vibe est pas mal morte. Seul et minuscule au milieu d’une scène enfumée, il a du mal à insuffler une forte dose d’énergie à son public, mais réussit tout de même à le faire dans les minutes qui suivront. Plusieurs mushpits dans le public en témoigneront. Et c’est à ce moment que le quota weird de ma soirée prend son envol.

Kendrick décide d’arrêter en plein milieu de MAAD City pour se rendre près de la zone VIP et crier aux spectateurs qui y sont de partir s’ils sont pour ne pas danser plus que ça. Consternation: le rappeur s’en est pris aux gens avec du cash et potentiellement au maire Labeaume! J’obtiendrai à ce moment, ma citation du jour* par une fille faisant partie d’un groupe que je surnommerai affectueusement «Les petits chanteurs du Mont-Royal».

Je me retrouve à ce moment-ci de la soirée entre deux groupes particuliers. Le premier est une gang de jeunes BWG qui semblent vivre le moment de leur vie, chantant très fort les paroles des chansons. Le problème, c’est qu’elles ne chantent pas toutes très bien et ne parlent visiblement pas anglais. Le résultat est donc un peu triste au final. De l’autre côté, l’option est plus drôle: un gars s’amuse durant toute la fin du show à crier des verses de Lary Kidd par dessus Kendrick. Du grand génie! Et au moment où l’on s’attend justement à ce que le spectacle prenne une autre coche, vu que le public embarque de plus en plus et que l’énergie est revenue à son comble, Kendrick quitte tout simplement la scène, quelques chansons avant la fin de son set et sur la très calme Love.

Il n’offrira pas de rappel et plusieurs sortiront tristes de ne pas avoir entendu Bitch Don’t Kill My Vibe, après avoir vécu un moment d’incompréhension générale. Remercions donc 99Scenes pour les faux espoirs sur le setlist. Mon constat sur le show: bon, mais il manquait honnêtement beaucoup de rythme à la présentation pour qu’elle relève de la réputation que l’on se fait du rappeur. Il s’est honnêtement fait damer le pion, et de loin, par Anderson .Paak.

Question de ne pas finir la soirée sur cette note un peu décevante, on décide de se lancer dans une épopée pour se rendre jusqu’au Cercle, où mixent les gars de Voyage Funktastique. Épopée parce qu’on vivra un lot de moments assez WTF en chemin, à commencer par un spectacle de ballons géants devant l’Assemblée nationale. Circuler entre un dragon, une maison avec des jambes de femme et une créature quelconque avec des criss de gros tits est une expérience que je qualifierai tout simplement de surprenante…

En continuant notre route, on tombe sur les filles de Vulvets, qui nous invitent à un match de lutte en nous montrant les collants de lutteuse qu’elles portent sous leur robe et je commence vraiment à nager dans l’incompréhension, et quoi de mieux qu’une poutine décevante au Ashton pour me débarrasser de ce sentiment! Je réussis finalement à arriver au Cercle, pour me rendre dans un sous-sol assez épars pour le dj set. Malheureusement un peu déçu par le mood du public qui ne semble pas reconnaître le talent de Walla P et Dr Mad, je monte à l’étage pour écouter quelques chansons de Socalled.

Quoi de plus St-Roch qu’un juif qui parle franglais et interprète des chansons à répondre avec un accent jazz, me direz-vous? Et je vous répondrai: «pas grand-chose!» Honnêtement, Socalled s’en tire super bien devant une salle remplie à rebord, enchaînant avec humour de longues interventions et des chansons souvent jammées avec ses excellents musiciens. S’autoproclamant Kendrick Lamar, il contrôle bien le public pour arriver à faire un Yves Lambert de lui-même et caller tout le monde sur Bootycaller. Je quitte après cette chanson, mais en restant convaincu que la suite a dû être bien bonne. Maudite RTC!

*Citation du jour: «Y’a dit aux VIP  »Get the fuck out, esti de laids »! Il leur a dit ça, Kendrick!» -Une fière représentante des Petits chanteurs du Mont-Royal

Programme de demain: Never More Than Less, Crown the Empire, Pierce the Veil. Ça va brasser pas mal plus, mettons.

**J’ai pas de photos comme d’hab, mais y’en a probablement 2-3 millions sur Snapchat pis Instagram. Bienvenue au 21e siècle, la gang!

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