Mac DeMarco
This Old Dog
Royal Moutain Records
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Le fumeur de Viceroy a gagné en sagesse et il nous revient avec un troisième album plus doux et mélancolique nommé This Old Dog. Entre cheesy synthé et guitare acoustique, Mac DeMarco maîtrise parfaitement son univers et démontre une fois de plus son sens inné de la mélodie.
Le Canadien maintenant établi à Los Angeles a concocté ses nouvelles chansons l’an dernier entre New York et la Californie après une longue et folle tournée bien arrosée (on imagine).
Habitué de l’univers coloré et loufoque du chanteur à casquette, je ne m’attendais pas à des textes sombres de la part de Mac. My Old Man, la chanson d’ouverture, avertit d’emblée l’auditeur que l’esprit du disque sera plutôt triste. Débutant par une boîte à rythmes, accompagnée d’une guitare acoustique, DeMarco raconte sa peur de voir son père lorsqu’il se regarde dans le miroir: «Oh no, looks like I’m seeing more of my old man in me». Dans une entrevue récente avec sa mère dans Pitchfork, il décrivait son père ainsi: «Well, I have a strange relationship with my dad. He’s kind of a piece of shit. But he’s my dad, so god bless him.»
Son père a quitté le nid familial lorsque Mac avait quatre ans et il a certainement un peu raison de le considérer comme un trou du ***. Toutefois, DeMarco conclut l’album en rappelant à son père qu’il est dur pour lui de le voir vieillir sans vraiment l’avoir connu, avec la poignante Watching Him Fade Away: «Haven’t got the guts to call him up/ Walk around as if you never cared in the first place/ But if you never call you’ll end up stuck/ Without another chance to tell him off right to his face.»
Évidemment les chansons de l’album ne sont pas toutes aussi lourdes. On reconnait bien le bon vieux Mac coloré au sourire si gentil sur Baby Your’e Out ou bien sur Still Beating avec le son unique de sa guitare.
Parlons-en d’ailleurs de la guitare électrique si peu présente sur l’album. Mac DeMarco aurait très bien pu continuer la formule gagnante de ses derniers albums au son de sa guitare style Steely Dan. Il a plutôt opté pour les synthés et l’acoustique, ce qui n’a rien enlevé à la magie du personnage.
Produit et conçu par Mac, l’album est un petit bijou en ce qui a trait à la prise de son. La batterie minimaliste est claire, la basse est confortable et chaleureuse puis l’exquise voix de l’Italo-canadien s’impose radieusement en avant-plan.
L’ancien Montréalais a composé de petites merveilles pop et dansantes. Chapeau à la douce et planante On the Level, tout droit sortie des 80’s puis à Moonlight On The River qui se termine dans un délire psychédélique.
Ma préférée? A Wolf Who Wears Sheeps Clothes. Ce morceau ensoleillé aux accents clashiens me fait indubitablement sourire. L’ajout d’un harmonica dans la chanson embellit le tout.
À écouter en boucle cet été en grillant une bonne cigarette.