Colin Stetson

All This I Do for Glory

52HZ

***1/2

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Avec son 9e album solo, le saxophoniste montréalais prodige Colin Stetson revient à ses compositions plus habituelles. C’est avec efficacité et talent, mais sans trop de surprises, qu’il nous livre All This I Do for Glory.

Il ne faut pas voir All This I Do For Glory comme un album présentant réellement des nouveautés, mais plutôt comme une sorte de checkpoint dans la carrière de Stetson. Lui qui nous a habitués à innover et à perfectionner ses techniques de jeu, dont celle de la respiration circulaire, nous propose plutôt un album relativement sans surprise: un genre de bilan de l’étendue de son talent. Le tour de force ne réside pas tellement dans la composition en elle-même que dans l’enregistrement. Le Montréalais a enregistré chaque portion de la musique lui-même, en live et donc sans montage ou utilisation de loop et a même réalisé et mixé son disque. C’est donc le travail d’un homme parfaitement en contrôle sur son art qui nous est livré.

Mais parlons musique aussi! C’est sur un rythme plus lent et moins agressif, presque chill, que débute l’album sur la pièce-titre All This I Do For Glory. Hantée par des voix d’outre-tombe, toujours interprétées au saxophone, la pièce impose par son rythme une fonction assez hypnotisante qui permet une ouverture familière et relativement rassurante. Like Wolves On The Fold viendra ensuite placer l’auditeur dans un terrain plus hostile et aride. Utilisant notamment comme élément percussif le bruit des clés de son instrument, Stetson vient rythmer de façon encore plus efficace une pièce pourtant déjà assez vive.

Si tout semblait relativement mécanique jusqu’à maintenant, Between Water and Wind, viendra briser cette suite continue de loops en proposant quelques cassures efficaces dans des sonorités plus gutturales, basses et profondes. Une accélération brute vers le milieu de la pièce s’enchaîne avec une fausse impression de calme retrouvé en dernier tiers, une bonne façon d’introduire Spindrift, le moment plus serein de l’album. Plus aérienne et contemplative que ses consœurs, la pièce louvoie plus lentement, avec douceur, et me semble un peu plus proche de l’esthétique de son album collaboratif Never Were the Way She Was, lancé avec sa compatriote violoniste Sarah Neufeld en 2015. Mais sans prendre de pause, après ce bref interlude, Stetson revient encore plus fort et agressif sur In the Clinches, moment particulièrement angoissant et presque industriel de l’opus. Rapide et incisif, son jeu se fait plus fort et impressionne justement par les capacités respiratoires de son interprète. L’album se conclut ensuite sur The Lure of the Mine, plus longue plage du lot qui atteint une durée fort respectable de treize minutes. Très progressive, c’est aussi peut-être à mon avis la moins impressionnante de l’œuvre stylistiquement. Elle vient toutefois créer une belle synthèse du reste, présentant des éléments qui semblent vaguement tirés des pièces passées.

Au final, que faut il donc penser de All This I Do for Glory? Que Stetson est resté dans un univers familier et que c’est peut-être le plus gros problème de cet album. Alors qu’il nous avait habitués à un dépaysement et un renouvellement complet dans les dernières années avec tour à tour un album minimaliste collaboratif violon-saxophone et la reprise d’une symphonie du Polonais Henryk Gorecki en ensemble de chambre sur Sorrow (2016), on peut être déçu de se retrouver devant une œuvre efficace et sans trop de défauts, certes, mais qui peine malheureusement un peu à nous exciter plus qu’il le faut.

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