Anamai

What Mountain

Halocine Trance

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De retour après son premier album coup de poing, la formation torontoise Anamai frappe encore une fois un coup de force avec What Mountain, un album sombre et glacial, mais néanmoins très beau.

Assez difficile de parler du nouvel album d’Anamai. C’est con comme constat de la part d’un critique musical, on va se le dire, mais reste que l’affirmation a du sens. Après Sallows, un premier album complet lancé en 2015, le duo formé d’Anna Mayberry (HSY) et David Psutka (Egyptrixx) se lance encore plus en avant dans l’expérimentation à un point où l’on perd nos repères traditionnels.

Si Sallows restait relativement conventionnel, dans une esthétique folk minimaliste hantée (pas trop loin de ce que Timber Timbre avait déjà quelque peu popularisé dans les dernières années), What Mountain va un peu plus loin. Sans s’éloigner du folk planant qui les a fait découvrir, Mayberry et Psutka vont ici piger encore plus dans l’arsenal du second, faisant normalement dans l’électro bien oblique. Combinant des trames de synthétiseur et des loops samplés (mis de l’avant sur des pièces comme The Choss ou Air to Blood), le groupe nous déroute quelque peu. Disons que c’est principalement parce que les différentes influences semblent parfois imbriquées de façon forcée: les transitions entre les pièces sont moins fluides et le rythme plus varié. Si ce n’est pas toujours négatif, reste que What Mountain se révèle moins harmonieux au final que son prédécesseur.


Cela dit, si l’on sort de cette optique comparative quasi obligatoire dans l’analyse d’un second album, il n’en reste pas moins que l’œuvre atteint la cible. Réussir à sortir de la musique à tendance folk sans tomber dans les clichés pop est une tâche difficile en 2017. Dans la lignée des Jesca Hoop et autres Circuit des Yeux, c’est un tour de force qu’Anamai a encore une fois su accomplir pour le plus grand plaisir des détracteurs des Lumineers et de cette vague commercialisée à outrance.

Si des chansons comme Crossing restent magnifiques, mais sans dépayser, c’est dans les moments plus exploratoires que l’album frappe fort. Dans cette optique, les pièces instrumentales plus drones et hypnotiques comme Returned sont marquantes parce qu’inattendues. Le point culminant: une Hailstorm hantée, froide et synthétique qui vient réellement démontrer l’étendue du talent et la force de la symbiose musicale de deux artistes que l’on n’aurait, à première vue, jamais pensé entendre collaborer. Au final, tout est beau et travaillé, jusqu’à la pochette que je trouve particulièrement réussie.

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