On a pris la bonne sortie du premier coup cette fois-ci pour aller à Sainte-Thérèse. On avait notre semaine dans le corps, pis la 15 était bondée de Montréalais qui s’en allaient au chalet. On a profité de notre temps dans le trafic pour crier des noms à tous les autres automobilistes qui nous bloquaient. On n’avait pas de patience.
Par Élise Jetté et Mathieu Aubre
Louis-Philippe Gingras
Pas facile de se présenter au Prohibition pour jouer en début de soirée, semblerait-il. Ou du moins, c’est ce que Louis-Philippe Gingras nous confie à la suite de sa prestation. Commençant son set vers 19 h, juché sur une table avec ses pédales sur des chaises, il fait face à un bruit assez insupportable qui le deviendra encore plus alors qu’il tente éventuellement tant bien que mal de dédier une chanson à un ami décédé récemment. Au final, la salle semble se vider un peu et le niveau de bruit devient plus vivable, alors que plusieurs quittent et que d’autres vont se masser entre les tables près du chanteur et guitariste en solo. Il profite de l’occasion pour nous présenter quelques pièces qui sortiront bientôt sur un EP intitulé La rangée des popsicles. Ça se prend assez bien en sirotant une bière à la mangue. (M.A.)
La foule de cinq personnes est bien contente d’entendre des nouvelles tounes.
Parmi les gens qui se sacrent du show ben raide, ce gars-là, BIEN dos au show.
Mon Doux Saigneur
En route vers le Saint Graal, on réalise que toutes les places sympathiques de la ville sont monopolisées pour des évènements de bonne musique, excepté ce resto où c’est Nicola Ciccone qui résonne dans les speakers de la terrasse.
En arrivant au Saint Graal pour Mon Doux Saigneur et Philémon Cimon, on se demande si on est à la bonne place? THeresa, Simon et SEigneur… C’est tu le bon show ça?
Seul à la guitare, Mon Doux Saigneur propose une série de chansons qu’on ne connait pas devant un public mi-figue mi-raisin. Les gens s’attendaient peut-être à pouvoir chanter. Pendant un petit solo de guitare, il dira «Le Fa, c’est l’accord de l’hiver qui finit». WOW. OUI. Poétique jusque dans la moelle.
Un gars de Gatineau, derrière nous, mange quelque chose de saugrenu dans un bac de plastique. Après investigation, il mange avec les doigts le restant de fromage de chèvre de sa salade. Un snack de show conventionnel.
En route vers les toilettes, on voit une série de jeux de société et on ne sait lequel est le plus choquant.
À la demande générale du gars de Gatineau qui hurle, Emerik va faire trois tounes de plus que les gens connaissent et qu’ils peuvent chanter. Le beurre et l’argent du beurre. On a tout eu. (É.J.)
Philémon Cimon
C’est Philémon Cimon qui prend le flambeau et qui est le victorieux parmi tous ceux ayant fait une prestation au Saint Graal: les gens l’ont écouté pour vrai. Plusieurs filles aux émotions vives sont massées devant la petite scène et Philémon, lui, fait des nouvelles tounes très pop. «C’était ça la commande», dit-il. Il nous fera une toune née d’un hot tub avec Shash’U, une autre qui parle de douchebags et que ses musiciens disent tout le temps que ça n’a pas de bon sens quand il la fait, une toune qui parle d’avoir l’air d’un esti de cave, puis aussi une chanson qui parle de l’adolescence de sa grand-mère il y a 80 ans. (É.J.)
Safia Nolin
Arrivé à l’église peu avant 20 h, je ne parviens bien évidemment pas à trouver une quelconque place avec une bonne vue. Personnellement, je ne chiale pas trop vu que j’assiste au spectacle gratuitement, mais avouons que c’est tout de même dommage de savoir à l’avance qu’une bonne partie des gens qui ont payé leur billet sont déjà assurés à l’avance de ne rien voir du stage… Je vais m’asseoir au balcon, sacrifiant le son pour la vue. En effet, on n’y comprend strictement rien des interventions parlées, mais au moins on capte la guitare et un peu le chant.
Safia s’installe tranquillement avec ses guitares pour nous chanter quelques pièces de son premier album en parlant assez peu. Le seul moment d’intervention que je réussis à comprendre avec clarté me fait quand même bien rire: «Je vais essayer de pas trop sacrer parce que je pense pas que le petit Jésus y triperait.» Pour ce qui est de la musique en soi, c’est beau comme on y est habitué. Safia profite même de l’amplification naturelle des lieux pour délaisser brièvement son micro à quelques reprises. Mais le summum du set restera la conclusion: une reprise d’Elliott Smith en duo avec Patrick Watson. De quoi donner des frissons. (M.A.)
Second Night
L’équipe du Festival Soir présente toute la fin de semaine l’exposition virtuelle interactive Second Night de Louis TB et Vincent Cusson sur un site extérieur du festival. Ayant manqué le lancement de l’installation à la Nuit Blanche, je me lance dans l’aventure avec plaisir. Pour ceux qui n’ont pas vu passer le concept, il s’agit d’une œuvre qui propose de créer un avatar assez ressemblant de vous pour le placer dans une discothèque virtuelle et le projeter sur écran géant. Vous pouvez donc danser au son de Dj Dom-S en même temps que votre version virtuelle. C’est honnêtement assez impressionnant, surtout si votre avatar a la chance de se retrouver dans la salle privée pour recevoir une danse lascive d’un genre de renard…
Je me prête au jeu en allant me faire scanner à l’arrière, dans un set up qui semble somme toute assez simple, mais qui demande une supervision constante. Après quelques secondes, on peut déjà voir une première version de notre avatar. Ça prendra par contre près d’une heure avant qu’il ne rejoigne la fête! Je vous laisse quelques photos du set up ici et je vous parle du résultat final demain. (M.A.)
Beyries
Après avoir fait du porte-à-porte dans Sainte-Thérèse pour trouver La Protestante, lieu de concert de Beyries, on arrive enfin dans l’ancien lieu de culte mignon fait de bois et d’aura biblique. Dès notre arrivée, un pompier sort de l’arrière-scène. On s’inquiète que le feu soit pogné donc on poursuit ledit pompier dans la rue pour s’assurer de la sécurité de tous. Finalement, il vérifiait des normes de sécurité pour s’assurer qu’on brûle pas. Ça va bien.
La prestation de Beyries est plus biblique qu’une messe. C’est éthéré quelque chose de rare. «Comme vous voyez, grosse mise en scène ce soir», dira Amélie Beyries dans son set up très épuré. En plus de ses morceaux tout en douceur qui cadrent magnifiquement avec l’endroit, elle fera la fameuse reprise de Je pars à l’autre bout du monde qui a fait brailler tout le monde dans Unité 9. Un charmant cover de Morning As Broken de Cat Stevens réussira aussi à nous émouvoir. «Cat Stevens a changé de vocation depuis ce temps-là», précisera Amélie. (É.J.)
Hoan
Le Montecristo se fait un peu vide pour l’arrivée de Hoan, quatuor new-wave montréalais qui vient présenter aux Thérésiens le contenu de leur premier album Modern Phase. Après leur lancement de mercredi dernier, les gars semblent assez à l’aise sur scène, enchaînant les chansons avec aplomb et sans anicroche. Le groupe alterne entre des séquences plus planantes, qui ressortent malheureusement mal sous les sons ambiants de billards et de boisson, et des solos accrocheurs qui finissent éventuellement par leur gagner un peu de respect et de silence. Dommage aussi que la superbe voix du chanteur de la formation soit parfois quelque peu enterrée par les échos des conversations, surtout considérant son spleen et un phrasé qui ne sont pas sans rappeler l’attitude d’un Jim Morrison. La salle continue également de se remplir au fur et à mesure et Hoan finit par amasser un respectable public. Mes moments préférés: la chanson Modern Phase, bien efficace, et la conclusion assez épique du spectacle. (M.A.)
Suuns
Je n’avais pas revu le groupe performer depuis le lancement de leur album Hold/Still l’an dernier. J’étais donc bien heureux lorsque j’ai vu qu’il prendrait part à la programmation du festival. Fébrile, je m’installe directement à l’avant de la scène, ce qui n’est pas trop compliqué compte tenu que les soundchecks placés entre les bands semblent faire fuir une partie de la foule. J’avoue que me faire bombarder de «mic check» et de tests de bass drum pendant 15 minutes ne me place pas non plus au 7e ciel…
Le groupe commence finalement sans trop qu’on sache s’il l’a vraiment fait, justement à cause de la transition avec les tests de son, et le public revient en grand nombre. Adoptant toujours un son assez rough et complexe en live, la troupe de Ben Shemie et le soundman prennent un peu de temps à bien s’ajuster. C’est surtout la voix assez inaudible qui pose un peu problème au départ, mais on finit rapidement par l’oublier et tout simplement se laisser bercer violemment par le sombre groove du groupe. Les Montréalais nous proposent surtout des extraits de leur dernier opus, mais des 2020 ou des Arena viennent quand même rassurer le public qui semble parfois plus à l’aise avec ces pièces plus «dansantes». Je ressors de la salle hautement satisfait de la prestation noisy que je viens de voir. (M.A.)
La déchéance cacaïste
Sur mon départ, je croise l’oeuvre des Mêmes-Cacaïstes que j’avais vue dans toute sa splendeur la veille. Elle jonche le sol, abandonnée, seule, après avoir glissé lamentablement sur une peau de banane. Je décide de remettre debout ce qu’il en reste le temps d’une photo avec la phase 2 de la chose: beaucoup plus épurée, tristement. (É.J.)
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