Avec son nouveau spectacle Les passages secrets, Louis-Jean Cormier se donne carte blanche et donne aussi cette carte magique à son public. Le Théâtre Fairmount était le terrain de jeu de LJ et de ses convives à qui on permettait de faire tout ce qu’ils voulaient. Retour sur une soirée où le rythme n’était pas donné à tout le monde.

Louis-Jean Cormier/Photo: Élise Jetté
Louis-Jean Cormier/Photo: Élise Jetté

Le mystère était complet quant au contenu de ce spectacle où on aurait pu s’attendre autant à une revisite des classiques de Cormier version danse contemporaine qu’à un théâtre de marionnettes maniées par les membres de (feu) Karkwa. C’était le néant: «C’est un spectacle où vous savez pas ce qui va arriver. Même moi je sais pas ce qui va se passer», dit d’emblée Louis-Jean.

C’est exactement à ce moment qu’il aurait fallu se méfier. «T’as le droit de chanter les bouttes que tu connais même pas», dit dès le départ l’auteur-compositeur devant une foule pendue à ses lèvres qui n’attendait qu’un signe pour transformer le Théâtre Fairmount en karaoké.

On se demande ensuite s’il s’agira d’un cours de yoga réinventé quand LJ s’apprête à commencer: «Connectez avec la Terre. Avec le moment présent.» Ces personnes dépourvues de chaises sont bien placées pour suivre la leçon ou bien ils s’installent pour un sit-in.

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Contre toute attente, c’est L’ascenseur qui commence et non une salutation au soleil rythmée par un chant de baleine. Puis c’est Bull’s eye avec un intermède sexu-groovy et C’EST LÀ que la décadence débute. Durant tout le spectacle, Louis-Jean enlèvera d’abord son veston, puis, étape par étape, il détachera des boutons de sa chemise. Et Gisèle (nom fictif), à ma droite, vit quelque chose qu’elle n’a pas vécu depuis un long moment: elle est très émoustillée.

Louis-Jean, vous le connaissez déjà. Gisèle sera donc le personnage principal de ce qui suit.

C’est pendant Si tu reviens que LJ prononce la phrase fatidique. «Tu peux y aller plus fort quand tu chantes», dit-il à son public qui entonne déjà de manière bien insupportable tous les mots dans chansons. Gisèle obéit.

Et pendant Transistors on réalise que Gisèle est toujours vraiment proche de dire le bon mot, mais jamais vraiment proche de chanter sur la bonne note. Et LJ s’élance et parle de nudité pour l’une des nombreuses fois du spectacle. «Je me sens nu sans les ex-détenus et les drogués qui sont avec moi d’habitude sur scène», dit-il en parlant des musiciens qui l’accompagnent en temps normal. «Ooooohhh», s’écrie Gisèle telle une adolescente qui pousse les portes du 281 le soir de son 18e anniversaire.

Comparant son spectacle à un véhicule tout-terrain qui peut emprunter les routes de campagne, Louis-Jean fait un parallèle avec Les grandes artères où on a l’habitude de le voir se promener. Ma grand-mère mélange Louis-José Houde et Louis-Jean Cormier. Heureuse de ne pas l’avoir amenée à ce spectacle coquin. On aurait eu de la misère à s’en sortir.

Tête première, Faire semblant, Traverser les travaux et St-Michel s’enchaînent et Gisèle fait sa propre poésie, utilise sa carte blanche. Ainsi, le soleil tombe dans la TERRE, on a le corps gris sur un fond PÊCHE et le pied sur le TRAIN.

Et, probablement parce qu’il constate les lacunes vocales du groupe, Louis-Jean se lance dans une leçon de chant sur Tout le monde en même temps. Parce qu’il dira des gros mots comme «ta yeule», il se sentira vite comme un gars de hip-hop: «Vis ta vie pis reste en vie», chantera-t-il même, entre deux refrains. Gisèle est confuse.

Louis-Jean Cormier/Photo: Élise Jetté
Louis-Jean Cormier/Photo: Élise Jetté

Soulignant qu’il pensait à Karkwa tout à l’heure pendant qu’il était en chest (frénésie de Gisèle au mot chest) dans sa loge, Louis-Jean enchaîne avec Le pyromane et Moi-léger. Gisèle connait pas Karkwa pantoute donc elle va faire pipi. Le monstre et Un refrain trop long nous amène lentement vers la fin du spectacle gorgé de frivolités. Et tel Rémi Girard, Louis-Jean nous remercie «Merci d’être là, fidèles au poste, prêts au combat», puis il termine avec La fanfare.

Pour chanter Ce soir l’amour est dans tes yeux lors du rappel, Louis-Jean fait monter sur scène la fille qui s’agite le plus dans la salle: Amélie. Elle se fait chanter la pomme par LJ et Gisèle est ben jalouse. Que doit faire Amélie sur scène? «Tu peux faire comme si tu jouais une asperge à l’Espace Go dans une mise en scène de Serge Denoncourt», dit Louis-Jean. Notre ami veut terminer par une demande spéciale. Il se fait demander Heureux d’un printemps, mais refuse, puis poursuit avec Les chansons folles et Deux saisons trois quarts, durant lesquelles Gisèle aura un besoin intrinsèque de moucher tout son fin fond nasal.

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