En 2013, Peter Peter faisait un gros show de Saint-Valentin un 14 février. Plusieurs s’en souviennent encore. Les dates clés, c’est marquant. Hier soir, c’était la Journée internationale des Droits des Femmes et l’auteur-compositeur, adopté par la France depuis trois ans, revenait en sol montréalais présenter son nouvel album Noir éden dans le cadre de Montréal en lumière. On va s’en souvenir.
C’est le (sûrement) workaholic Julien Barbagallo qui a la tâche de préparer le terrain pour le retour montréalais de Peter. Celui que l’on connait principalement comme batteur de Tame Impala présente les pièces de son deuxième album solo, Grand chien.
«C’est la première fois que je me produis à Montréal avec mes propres chansons», nous dit d’entrée de jeu le multi-instrumentiste. Sur scène, il est assis à son drum, placé en ligne droite aux côtés de ses trois musiciens. Les arrangements sont intéressants et le drum joué par le chanteur, ça impressionne toujours. La voix manque toutefois la note à quelques reprises.
On pallie cette faiblesse avec une montée instrumentale en crescendo très réussie vers la fin de la prestation. Dans la dernière toune, La vérité, Barbagallo dit «Les hommes sont loin», mais la cacophonie nous amène à comprendre, à première écoute «Les hommes sont rois.» On trouvait ça audacieux pour un 8 mars.
C’est avec sa grosse toune Noir éden que Peter Peter revient saluer les Montréalais après une absence trop longue. Il a l’air d’un p’tit gars qui retrouve son carré de sable après un hiver persistant: heureux. Accompagné de sa brigade française Mathias Fisch (batterie), Charlie Trimbur (synthétiseur) et Augustin Hauville (claviers), il débute le concert sans instrument, concentré sur son chant qui est précis; doux et entraînant à la fois.
Il enchaîne, toujours les mains libres, avec Nosferatu, chanson de vampire dans laquelle il dit avoir soif quand tombe la nuit. C’est après ces paroles qu’il s’hydrate, bouteille d’eau à la main. Un gars conséquent.
C’est après No Man’s Land qu’il prend sa guitare pour Orchidée. C’est l’hystérie. Tout le monde capote, particulièrement ces deux gars qui avaient eu le mémo pour le dress code. Pas nous.
On fait un retour agréable en 2011 avec Tergiverse, jouée en version up beat un peu étrange. On imagine que la vibe électro du nouvel album ne se fusionnait pas à merveille avec l’aspect plus folk de la pièce, mais on vit un drôle de petit choc.
C’est sur Venus que Peter Peter se déchaîne avec son pied de micro tel un Bruce Springsteen des temps modernes.
Et on s’amène pour la première fois sur Une version améliorée de la tristesse, album phare de tous ceux qui se sont fait laisser en 2012 ou un peu après. C’est MDMA qui est jouée, intacte et touchante. Les voix de la foule s’élèvent rapidement.
Puis c’est Little Shangri-La qui enflamme le chanteur toujours aussi heureux qu’un enfant qui build son Kinder Surprise. Et Carousel commence après cette grande déclaration: «J’avais écrit cette chanson pour une fille… je pense.»
Après avoir interprété Damien Peter d’adresse aux 83,4 % de la salle (les femmes): «Bonne journée de la femme. Nous serons là pour vous», dit-il, mystérieux. Un problème de micro survient pendant Allégresse. Ça fait la même chose que quand j’appelle ma grand-mère et qu’elle appuie sur mute sans faire exprès. Ça donne une chanson en dictée trouée. Genre.
Peter quitte la scène sans ses musiciens. Est-il allé changer de costume? Est-il allé boire quelques shooters de fort? Reviendra-t-il avec un instrument étrange? Ou un animal?
Probablement qu’il est seulement allé régler le problème technique. Et c’est Bien réel qui commence.
La tournure électro des événements pour Peter Peter occasionne une modification dans le public, faisant en sorte qu’environ 23,5 % des participants à l’événement ne baissent leurs bras que pour applaudir. Constamment dans une extase de type boîte de nuit, ceux-ci n’ont pas de glow stick, pis c’est tout juste.
Loving Game et Une version améliorée de la tristesse s’enchaînent et Peter Peter profite de ce saut dans son album précédent pour nous dire sa joie d’être là: «Parfois les chanteurs disent de la merde, mais moi je suis un chanteur honnête et je suis vraiment touché de revenir chez nous. Je voudrais saluer ma mère, Claudette, qui est dans la salle et que j’aime plus que tout.» Il t’aime pour vrai, Claudette, c’est un chanteur honnête.
Acclamé par le délire féminin du Club Soda, Peter revient en solo et interprète une chanson inédite qui doit probablement s’appeler Noémie. Puis il conclut avec Beauté baroque et Pâle cristal bleu. Pendant cette toute dernière pièce, qui termine également le plus récent album, le gars derrière moi fait son audition pour La Voix.
«On reviendra à Montréal d’ici septembre», promet Peter Peter en quittant. Yes.