Mercredi soir avait lieu la troisième et dernière soirée du mini-festival hivernal Série Neige avec la prestation de Monsieur Raph et Renard Blanc, directement sur le plancher du Divan Orange devant une immense foule de… 25 personnes.
Rarement a-t-on vu aussi peu de spectateurs dans cet antre mythique du boulevard St-Laurent, à part peut-être lors d’un last call de boisson à 2h48 en semaine lors d’une tempête hivernale. Quoique là, il était 20h53, mercredi en plein printemps indien. Cette photo rend compte du désert du Divan Orange (si vous êtes un peu myope et sans vos lunettes).
Afin de bien digérer son copieux souper, mon photographe d’un soir, Bruno Lessard, se clenche une pinte de kombucha saupoudrée d’une larme de gin en attendant que commence incessamment cette soirée. Pinte qu’il calera assez rapidement.
Dans l’optique de créer un effet hivernal (Série Neige oblige) qui est définitivement absent de nos radars météo, Monsieur Raph arrive sur la scène (sur le sol en fait) sous le bruit d’une tempête de neige poudreuse et venteuse. Malheureusement, Monsieur Raph ne véhicule pas autant d’énergie que son intro.
Malgré un timbre de voix éraillé venant des tripes, Monsieur Raph nous laisse sur notre faim. Ses chansons aux paroles insipides ne rendent pas justice à cette voix remplie de potentiel. Mettant l’accent sur ses déboires amoureux avec son ex et la nostalgie qui en résulte, l’auteur-compositeur-interprète abuse de comparaisons sans grande valeur afin de nous transmettre sa peine: «Dure comme la couenne, frais comme l’ADN». Il nous semble qu’il lui manque quelques kilomètres de maturité. Mon photographe se calera une seconde pinte afin de se remettre de ses émotions.
Toutefois, la chanson Nu, de son EP qui sortira le 16 mai, laisse présager des textes plus fins pour Monsieur Raph.
Attendant l’arrivée de Renard Blanc, nous profitons de la température printanière pour fumer du tabac et apprécier l’inutile échafaudage devant la salle de spectacle.
Dans un registre diamétralement à l’opposé de Monsieur Raph, Renard Blanc fait son entrée avec une énergie redoutable beaucoup plus punchée/groovy que ce à quoi leur album Empire Onirique nous a habitués. Depuis quelques spectacles, le trio masculin a intégré la saxophoniste Ariel Comtois au groupe, amenant ainsi une belle cohésion sonore à l’ensemble. Le spectacle débute délicatement avec la pièce Doucement et sera un feu roulant atteignant un climax avec Magma pour clore la soirée.
Le quatuor surprend le spectateur avec un son définitivement plus rock en spectacle. En entrevue, le chanteur et guitariste Vincent Lepage nous confie que l’avenir de Renard Blanc passera par cette approche moins introspective. L’excellente maîtrise musicale en personne leur donne raison.
L’abus de cymbales d’Alexandre Crépeau à la batterie couvre malheureusement la voix vaporeuse de Vincent, nous empêchant de bien ouïr les paroles et d’entendre le saxophone. Ce dernier ne s’en plaindra probablement pas, affirmant lui même après le spectacle qu’il n’est pas un grand parolier: «Je ne suis pas le Kevin Parent de 2017», admet-il humblement.
Mon voisin de table semble ne pas apprécier son expérience, se bouchant continuellement une des deux oreilles (pourtant le son rentrait par son autre oreille, mais bon, je ne l’ai pas ausculté afin d’avoir un diagnostic médical complet). Julien Beaulieu ajoute une touche de funk au groupe avec des lignes de basse énergiques et des synthétiseurs utilisés avec parcimonie.
Renard Blanc tentera de se frayer un chemin vers les sommets de la 21e édition des Francouvertes le 3 avril prochain au Lion d’Or. Primeur! Les pièces qu’ils ont fait parvenir afin d’être sélectionnés sont les versions originales d’Empire Onirique, plus introspectives. Le 3 avril, ils tenteront de surprendre le jury avec leurs versions plus groove/rock qu’ils exécutent depuis quelques spectacles. Bonne chance!