Plusieurs questions me sont venues en tête à propos de l’avenir de la musique psychédélique et de son rapport au temps moderne lors du concert des Montréalais Elephant Stone au Fairmount samedi soir dernier.

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Elephant Stone/Photo: El Topo

Le rock psychédélique connaît-il un nouvel essor depuis les années 2010? Tame Impala, White Fence, Morgan Delt, Lemon Twigs, Ty Segall, Temples, Black Angels, etc. Les groupes pullulent.

Le son est-il en train de se transformer en quelque chose d’inédit et de novateur ou bien vend-il son âme à la pop marchande? Alors que plusieurs ont critiqué le dernier album de Tame Impala et de la collaboration de Kevin Parker avec Rihanna, d’autres ont plutôt crié au génie.

Rishi Dhir, le bassiste/sitariste/chanteur et fondateur du groupe est un pionnier de la nouvelle vague psyché. À 38 ans, il a collaboré avec les mythiques Brian Jonestown Massacre, mais aussi avec de The Dandy Warhols, The Black Angels, The Horrors, Beck et plusieurs autres. Pas mal, quand même!

Dhir mentionnait dans une entrevue récente qu’il voulait faire un album se rapprochant davantage de la pop dansante. C’est exactement ce qui ressort de leur dernier album Ship of Fool et de leur prestation au Fairmount.

S’inspirant de groupes comme Air et Daft Punk, sa bande et lui ont concocté un son qui flirte davantage avec l’électro et les synthés, mais qui ne délaisse pas ses bases 60’s rock pour autant. Disons que le virage est moins radical que le Currents de Tame Impala.

Devant moi, Dhir, pieds nus, s’installe, le sitar est posé sur un tapis indien qui recouvre un banc surélevé sur la scène.

Le groupe commence avec Setting Sun avec son riff hypnotique, le guitariste Gabriel Lambert s’en donne à cœur joie lors du solo, son pedal board regorge de petites merveilles.

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Elephant Stone/Photo: El Topo

Elephant Stone reste assez discret sur scène, Dhir lance à quelques reprises «Thank you, merci», mais sans plus. Ils sont là pour la musique et ils sont pros.

Don’t You Know explose mes tympans, un morceau puissant qui n’en finit plus de s’élever, avec un solo de sitar féerique en prime. Je plane.

Mais parlons-en du jeu de sitar de monsieur Dhir, il en joue depuis près de 20 ans. Quand il s’y met, on a l’impression qu’il est seul sur la scène, toute l’énergie gravitant autour du chanteur originaire de la splendide ville de Brossard.

Certains morceaux du groupe m’ont toutefois moins emballé. Je pense entre autres à The Devil’s Shelter, un morceau qui se retrouve sur le dernier album. Mélange d’électro avec un rythme dance qui n’en finit plus, j’avais hâte à la fin.

Ça reste personnel, car deux gars à ma droite dansaient comme dans un rave durant la chanson. L’histoire ne dit pas si certaines substances étaient en cause pour expliquer ces pas de danse.

Pour en revenir à la musique psyché moderne, je pense qu’elle est encore en transition, la direction est encoure floue. Elephant Stone en est un exemple concret. Ils essayent un son innovateur avec ses hauts et ses bas et c’est bien comme ça. J’ai remarqué lors du concert, une scission presque irréparable entre une plus vielle chanson comme A Silent Moment et un morceau récent comme Andromeda.

En terminant, mention honorable au jeune groupe canadien Walrus et à son énorme drummer. Ils jouaient en première partie après les funky Wizaard. Beau son, rappelant l’énergie décapante de The Oh Sees. Je pardonne même le fait que le chanteur avait un chandail des horribles Patriots de la Nouvelle-Angleterre. À surveiller.

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