Que ceux qui ne sont jamais allés à l’église pour une messe de Noël soient excommuniés sur-le-champ! Que celui qui n’a jamais péché me jette la première pierre! Et Dieu sait que les rues du Vieux-Port de Montréal en sont principalement composées.
Safia Nolin conviait cette semaine les pèlerins à trois Spectacles unplugged tristes pour Noël dans l’antre de la plus ancienne chapelle de Montréal, la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, situé à un jet de pierre du Marché Bonsecours dans le Vieux-Port de la métropole. Ouverte au public pour la première fois en 1678 par Marguerite-Bourgeoys dans l’optique d’offrir aux Montréalais un lieu de pèlerinage en hommage à la vierge Marie. Elle sera reconstruite en 1771 à la suite du terrible incendie de 1754.
Dès l’entrée dans ce lieu dédié à la mère de Jésus, les fresques au plafond captent notre attention, malgré leur sainte couleur turquoise. Comme quoi les modes sont cycliques. Assis sur les très (sic) confortables bancs de bois, nous remarquons la présence de nombreux bateaux miniatures accrochés dans les airs. Pourquoi donc pendent-ils du plafond de la chapelle? Ne pouvant contenir notre curiosité, nous apprenons qu’il s’agit d’une tradition remontant à 1872, alors que des zouaves pontificaux offrirent le bateau argenté (sur la photo) à leur arrivée à Montréal.
C’est bien intéressant l’histoire, mais nous étions réunis pour voir un spectacle avant tout.
Avant que ne se ferme l’entièreté des luminaires dans la chapelle, nous remarquons les multiples étagères de cierges n’attendant que l’allumage de l’esprit divin. L’esprit divin, c’est ici Mathieu Roy, allumeur de lampion d’un soir, qui effectuera sa tâche durant la seconde pièce du spectacle, Technicolor.
Traversant la nef de la chapelle, un cierge à la main, Safia Nolin l’installe dans les marches du chœur et débute le premier bloc musical de la soirée sous l’unique éclairage de ce cierge.
Dans ce premier segment, Safia Nolin nous berce grâce à sa voix sublime avec cinq chansons de son premier opus Limoilou. Sans micro ni amplification, la voix dépouillée d’artifices de l’auteure-compositrice-interprète est mise de l’avant et l’acoustique de la chapelle met en valeur ses envolées lyriques. La foule est captive et lui démontre son approbation avec vigueur à la fin des pièces.
La seconde portion du spectacle débute avec Calvaire, reprise de La Chicane, qui nous donne le frisson. L’interprétation unplugged qu’en fait Safia me fait verser une larme tant la tristesse se fait sentir. C’est un spectacle triste de Noël après tout…
Elle interprète l’entièreté de Reprises Vol.1. Mention spéciale à la reprise d’Entre l’ombre et la lumière. Non, Marie Carmen n’était pas présente, mais Zahia Nolin, la petite soeur «conne», s’est chargé de la remplacer avec brio. Dommage qu’elle ait quitté si rapidement à la suite de sa performance: elle méritait amplement l’ovation des fidèles réunis.
Avant d’entamer le segment final de Noël, nous avons droit à la présence d’Anna Frances Meyer du groupe Les Deuxluxes. Du balcon de la chapelle, la cantatrice se joint au spectacle afin d’interpréter un opéra rock de Noël. Très réussi.
Safia exécute les pièces en symbiose avec son fidèle acolyte Joseph Marchand à la guitare et nous démontre allègrement leur complicité lors de l’interprétation de I’ll Be Home for Christmas. Cependant, nous aurions aimé qu’ils montent le ton lorsqu’ils discutaient, entre les pièces, afin qu’on puisse comprendre tous les détails et subtilités de leur road trip à Banff et de la rencontre entre Safia et Céline Dion lors du gala de l’ADISQ. Mais c’était une performance unplugged et il y avait quelques bachibouzouks qui ne voulaient pas se la fermer. Message pour eux: «La parole est d’argent, mais le silence est d’or.»
Le bloc de chansons du temps des Fêtes se conclut avec Noël partout. En guise de rappel qui n’en est pas un (Safia affirmant qu’elle n’aime pas quitter la scène et faire semblant d’être surprise par l’ovation des spectateurs), elle interprète une nouvelle chanson assise seule dans les marches du chœur.
Beau cadeau de Noël pour tous les spectateurs. Comme le souligne Safia: «Merci la vie! Amen.»
Petit shout out à l’ange bobble head de la crèche qui hochait frénétiquement la tête lorsqu’il gobait des 2 piastres.
La preuve que j’ai pleuré. Mes notes: