Philippe Brach avait choisi le Club Soda et Coup de cœur francophone pour conclure sa tournée Portraits de famine et le tout se déroulait bien entendu dans le merveilleux monde d’Enfant-Ville, une place ben swell en apparence. Retour sur une soirée biscottée au possible.

Dès mon arrivée au Club Soda, un étrange avertissement fortuit nous annonce que la soirée risque d’être bien spéciale. C’est qu’on a inscrit «Ici ça brasse» sur la marquise plutôt que simplement «Philippe Brach». Et ce ne sera pas long pour que cette prophétie se concrétise: on est accueillis par une fight entre la sécurité et un gars qui était entré sans billet.

Le show commence vers 20h30, alors qu’il reste pas loin de 200 personnes en file d’attente à l’extérieur, parce que yolo probablement, dans un décor assez féérique situé à mi-chemin entre 50 Shades et Toy Story. Des toutous sont pendus par le cou un peu partout sur les murs, certains très BDSM, et un genre de boucher de bonbons glauque coupe des jujubes à l’air relativement louche à l’entrée. Les shooters sont servis dans des petits pots de Play-Doh et il y a des coloriages aux tables avec des crayons de cire. Ça promet. Brach monte sur scène, ses musiciens déguisés dans le même esprit que sur Lullaby, pièce phare du film Rosemary’s Baby de Polanski. Au menu: un Minion laid, un suit de Normand Brathwaite et un épouvantail, notamment. Mon préféré reste par contre le dude avec un suit de Captain America des pauvres, ou post-Trump comme le surnomme ma blonde, et qui ne sert strictement à rien à part se promener sur le stage une fois de temps en temps.

Philippe Brach/Photo:Maude Terreault-Lavoie
Philippe Brach/Photo:Maude Terreault-Lavoie

Ça vole assez haut dès le départ. En ouverture, on a déjà droit à un enchaînement winner entre une joke de Paul Cagelet et Si proche et si loin à la fois, de quoi nous souhaiter officiellement la bienvenue. Quelques instants plus tard, on en rajoute avec un savoureux liner: «Qui dit Enfant-Ville dit sodomie.» Brach est en forme, visiblement. On a aussi éventuellement droit à une joke d’avortement suivie d’un biscuité «Les enfants, ça se fait pas comme des muffins». Plus musicalement, le band joue bien, accompagné d’un quatuor à cordes, et se permet même des petites surprises. On a ainsi droit à un rap bien senti de Brach et à une reprise de Black Swan de Thom Yorke pour notre plus grand plaisir. La première partie du show se finit par Brach, seul sur scène avec sa guitare, pour nous présenter une nouvelle chanson portant sur la joie des rebounds. Il quitte ensuite en nous annonçant un entracte de 1300 secondes.

Philippe Brach/Photo:Maude Terreault-Lavoie
Il en reste maintenant 1217/Photo:Maude Terreault-Lavoie

Après les 20 minutes passées à écouter les reprises 8-bits de son album, on retrouve Brach et sa bande pour encore plus de surprises. Après quelques succès de son répertoire, il pousse le concept «émission pour enfants» au maximum et invite nulle autre que Carmen Campagne sur scène. Je me dis que sa vache doit être morte depuis un petit bout de temps, mais visiblement, pas son père puisqu’il semble toujours porter la moustache fièrement.

Philippe Brach/Photo:Maude Terreault-Lavoie
Philippe Brach/Photo:Maude Terreault-Lavoie

Mais ça ne s’arrête pas là! La venue de Carmen est aussi synonyme de ballons de plages, de tournées de jello-shots gratuites offertes par Dora l’exploratrice et d’une reprise de Lucy In The Sky With Diamonds, ce qui semble confirmer ma théorie sur l’héroïne. Du génie. Moi, je retombe en enfance puisque le premier show que j’ai vu dans ma vie est celui de Carmen Campagne. La fête ayant maintenant atteint son paroxysme, le reste du spectacle se déroule sans anicroche et dans une formule un peu plus calme. Je crois que le but est tout de même atteint puisque malgré l’ambiance assez trash qui aurait pu en rendre quelques-uns mal à l’aise, presque tout le monde quitte avec le sourire.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *