Le quatuor indie-rock de St-Jean fait un retour sur son passé avec un album homonyme, un nouvel effort qui se veut en quelque sorte biographique de par sa composition et ses clins d’œil au passé du groupe.
O Linea, c’est l’histoire de Julien Vézina, Maxime Viens, Sébastien Montminy et Félix-Antoine Couturier, quatre amis qui se sont rencontrés à l’adolescence dans les rues de St-Jean et ayant comme passion commune la musique et ce qu’elle peut nous faire ressentir.
La formation a fait ses débuts en anglais le temps d’un album avant de réaliser que sa langue maternelle était celle à emprunter. À partir de ce moment, le quatuor a fait paraître L’ordre des choses en 2007, un album aux sonorités abrasives représentant bien leurs influences alternatives à la Pearl Jam et Nirvana des premiers jours. Trop rapidement peinturés dans un coin, ils ont ensuite fait paraître La bête de l’homme et Distraction, deux œuvres qui se sont éloignées du son original en étant plus variées et introspectives.
Désormais dans la mi-trentaine, les membres du groupe ont revisité avec recul et maturité leur parcours artistique pour composer un album homonyme, leur 5e en carrière. On s’est entretenu avec Julien Vézina, chanteur et guitariste du groupe, pour discuter et commenter la création du nouvel opus.
Repartir de la case départ
Lorsqu’est venu le temps de composer ce nouvel album, les membres de la formation ont eu le goût de changer le processus habituel. Depuis plusieurs années, c’est Julien qui s’occupait principalement de la composition et les autres membres pouvaient embellir les pièces. C’est en grande partie ce qui a été fait sur La bête de l’homme et Distraction. «Depuis qu’on a fait le EP Langage Primaire en 2014, on a eu le goût de revenir à nos vieilles traditions. Ce projet-là, on l’a enregistré en live tous les membres en même temps. Ça a aussi allumé le désir de revenir à ce qu’on a fait musicalement sur L’ordre des choses, un projet où tout le monde avait mis du sien», relate-t-il.
Au fil des jams dans le local de pratique, les morceaux composés avaient des sonorités de plus en plus divergentes. Le groupe s’est alors retrouvé avec une variété assez disparate de chansons. Malgré cette volonté de revisiter leurs premiers amours, les gars se sont rendu compte qu’ils avaient inévitablement changé. «Plus ça allait, plus on arrivait avec autre chose, affirme le leader du groupe. C’est donc difficile de mettre le doigt sur un son qui caractérise ce nouvel album. On touche à tous les éléments des albums précédents!»
Comme une biographie du groupe
Même si les gars voulaient se rallier autour de leurs influences d’adolescence, l’effort a été (partiellement) en vain. Avec l’âge, ils se sont mis à écouter du folk, du rock des années 1950, du punk des années 1970 et 1980, etc. Cette diversité a fait son chemin dans la tête des musiciens et a donc un peu contribué à la variété des compositions. «Maintenant, avec les plateformes web, on a accès à toutes sortes de trucs, dit-il. C’est facile d’aller découvrir des styles différents. On n’essaie pas de réinventer la roue, juste d’offrir quelque chose qui sonne bien et un peu différent.»
Il faut également noter qu’entre Langage Primaire et O Linea, le groupe a fait peau neuve, dans une certaine mesure. Félix-Antoine Couturier [guitariste] a été remplacé par David Jobin. «Félix a quitté le groupe avant la production. Il se concentrait sur sa carrière solo et le groupe demandait plus de temps. Suite à cela, on a affiché une annonce et David a passé une audition. Ça a cliqué. Il amène maintenant ses propres influences au groupe», lance-t-il.
La somme des individus qui composent O Linea a donc donné la couleur et la saveur à l’album. «Tout le monde a apporté son grain de sel, assure le chanteur. On a passé plus de temps ensemble en train d’enregistrer, chanson par chanson, au lieu d’un instrument à la fois. C’était plus démocratique dans la façon de travailler.»
Lorsqu’est venu le temps de nommer ce nouveau projet, plusieurs idées ont été lancées, mais aucune n’a réussi à convaincre tout le monde. Les gars ont décidé que l’album porterait le nom du band! Inconsciemment, ce titre s’est avéré très révélateur puisque l’album reflète l’histoire du groupe via ses liens aux anciens albums et, plus directement, il représente le input de chacun des membres qui le composent. «C’est effectivement assez drôle. Les morceaux se sont vraiment placés sans le vouloir et on est vraiment satisfaits du produit final», explique-t-il.
Préparer le public au nouvel album
Sur O Linea, on retrouve donc un peu de tout. Certaines pièces sont plus longues, certaines sont plus courtes. Certaines sont plus abrasives, d’autres plus harmonieuses. La galette reflète les styles d’antan et leurs influences actuelles. Julien affirme que ce n’était pas une démarche volontaire, mais bien un procédé naturel «Y a pas eu de concertation. Les morceaux se sont naturellement placés de cette façon-là. Les gens qui vont écouter l’album au complet devraient trouver leur compte», ajoute-t-il.
Pour les thèmes abordés, Julien et sa plume se sont permis de patauger un peu partout. Les textes se sont écrits principalement à partir de ce que la musique évoquait. «En écoutant, j’essaie d’avoir un sujet qui va coller à la chanson. C’est un peu pour ça qu’il n’y a pas de sujet central: la musique a évoqué toutes sortes d’affaires. D’où la difficulté qu’on avait à trouver un titre», affirme-t-il.
Sur l’album on parle donc un peu d’actualité, de vision sociologique, d’expériences personnelles, etc. Parmi les morceaux, on remarque notamment Chien qui traite d’un sujet assez actuel et dérangeant. «Ça parle d’extrémisme et d’endoctrinement, explique-t-il. On aborde le phénomène absurde de perte d’autonomie du cerveau que ce soit pour des groupes religieux ou autres», explique-t-il. Ce n’est qu’un thème parmi tant d’autres!
En somme, O Linea se définit comme un album d’indie-rock aux thèmes variés et à la musique assez disparate, tout en prenant bien soin de rappeler les diverses périodes d’un groupe qui rallie un noyau de fans fidèles. En plus de tout ça, le tout est assemblé via un effort participatif où chacun des membres a eu son mot à dire. Pas de chicane dans ma cabane!
Le nouvel album O Linea est maintenant disponible en magasins et en ligne.
Le lancement officiel aura lieu le 14 octobre à St-Jean entre les murs du Café le Flore. Les gars ne promettent pas un lancement de 3-4 tounes avec des sandwichs pas de croûtes, mais plutôt un vrai show survolté!
Surveille leur page Facebook pour plus de détails et pour les attraper en tournée quelque part cet automne. Ils vont se promener en masse!