Remis de ma trop ambitieuse poutine de la veille, je retourne braver la température assez frisquette de l’automne dans une soirée qui mariera légendes de la musique, jeunes expérimentateurs slackeurs et dance-punk de façon exemplaire.
Leif Vollebekk
Ma soirée commence vers 19h par un spectacle assez intimiste du musicien d’origine ottavienne sur le toit du Rialto. Éclairé par seulement quelques lampes, probablement toutes d’anciens luminaires du théâtre juste en dessous, il évolue dans un set-up très minimaliste, avec seulement deux synthétiseurs et une guitare autour de lui. Son folk très aérien, aux inspirations scandinaves marquées, se prête assez bien au temps frais, température qui me vaut d’ailleurs bien des commentaires sur mon habillement, moi qui marie à merveille gougounes, bermudas et chemise hawaïenne malgré les 16 degrés environnants. Un malade, comme disent les gens. Pour ce qui est de Vollebekk, il sera en show à tout les soirs du festival au même endroit et ça vaut le détour, si jamais vous cherchez une activité.
Party Secret City Records
Tout comme la ville à laquelle le label réfère, le party était plus ou moins secret et je n’avais pas procédé au RSVP obligatoire pour y entrer. Et je n’étais visiblement pas assez cool pour y entrer sans être sur la liste, malgré les quelques «Hey, c’est le dude de la piscine!» entendus en franchissant la porte.
Néanmoins, la maison de disque a lancé aujourd’hui un album-compilation 10e anniversaire de luxe composé de 34 pièces représentant une décennie de parutions, présentées en ordre chronologique et sélectionnées individuellement par chaque artiste. Tu peux te procurer ça icitte, pis ça vaut le coup!
Helena Deland
Je me dirige donc plutôt vers la salle principale du Rialto pour la performance d’Helena Deland. Avant le début de son set, j’ai le bonheur d’apprendre à La Bronze à quelle heure et à quel endroit elle présentera son set de samedi: 16h au barbecue Pop, pour les intéressés. Sinon, je suis très convaincu par le spectacle et je reste aussi pour écouter quelques chansons de John Cale, mais je laisserai mon collègue vous en dire plus à ce sujet.
Mavo
Je monte ensuite au Studio Rialto, deux étages plus haut, appâté par la promesse d’un party slacker de haute voltige dans le cadre du showcase officiel de la maison de disque montréalaise Fixture Records. C’est à leur signature la plus méconnue d’ouvrir le bal et elle le fait avec tous les clichés auxquels on aurait pu s’attendre: 20 minutes de retard sur l’heure de départ prévue, un set abrégé de deux ou trois chansons, des jokes sur les commanditaires de l’événement et quelques citations vraiment savoureuses du chanteur. Ma préférée: «I found all the Pokemons but I can’t find myself.» Un band assez prometteur que j’ai bien hâte de revoir en show vu qu’il marie bien musique et humour.
Phern
Le quintette Phern prend ensuite la relève dans un set-up à deux guitares, basse, claviers et percussions. Le drum étant d’ailleurs occupé par le soundman de la soirée au poignet brisé; je suis impressionné. La performance, elle, me flabbergaste un peu moins alors que les chansons s’enchaînent, mais sans vraiment se démarquer du son un peu générique auquel on aurait pu s’attendre d’une soirée slacker. La seule qui me fait un peu triper reste la première, chantée en français. Un show, donc, franglais, ce qui ne manquera certainement pas de mettre Malik Shaheed en beau fusil.
EN QUITTANT LA SALLE, IL EST IMPORTANT DE NOTER QUE JE CROISE PHILIPPE FEHMIU. #festifforever
Whitney K
S’ensuit une longue marche sous la pluie alors assez intense et rallongée par quelques rencontres fortuites de collègues sur le chemin. J’arrive finalement à la Casa del Popolo complètement trempé, mais tout de même juste à temps pour le set du Vancouvérois. En formule trio avec un bassiste, qui joue parfois avec un archet, et un violoniste-percussionniste, qui joue aussi parfois avec un archet, Whitney K joue de la guitare avec vous devinerez parfois quel outil. Le résultat est donc excessivement dissonant avec du feedback souvent intentionnel qui vient troubler une sorte de folk-rock à la Sun Kil Moon et accompagné d’un chant récité comme du Lou Reed. Un son, qui, vous le comprendrez, me charme au plus haut point. Pas mal le meilleur spectacle de ma fin de semaine à ce moment.
Un Blonde
C’est ensuite le Montréalais Jean-Sébastien Audet, que je n’ai pas revu en show depuis la parution de Good Will Come To You et son changement de son assez draconien. Je suis donc bien content d’entendre une musique vraiment plus smooth, bluesy par moment, de la part de l’homme qui porte toujours un joli veston. Très humble et personnel, il se livre à nous sur scène, acceptant les petites erreurs ou différences de sonorités qui pourraient survenir ponctuellement, prenant bien son temps et regardant presque sans interruption son public. À un moment, il nous lance un «No more fronting!» bien senti et cohérent avec ce que l’on peu voir devant nous. Je suis bien déçu de devoir quitter avant la fin pour me déplacer au Club Lambi pour voir mes prefs de Fet.nat.
His Clancyness
Comme vous vous en doutez à la vue de l’intertitre juste au-dessus, mon plan a changé. Arrivé au Lambi, ma copine, bénévole à la porte, m’apprend que le set est rendu avec pas loin de 45 minutes de retard et j’arrive donc presque au tout début des prédécesseurs des Gatinois, soit le groupe italien His Clancyness. Leur son est un mélange de pas mal d’influences indie rock facilement reconnaissables avec des sonorités un peu synthétique. Sans révolutionner la musique moderne, ça reste sympathique. C’est simplement dommage d’avoir fait la route depuis Bologne pour performer devant seulement vingt personnes…
Fet.nat
La bande jazz-punk du génial Pierre-Luc Clément prend ensuite contrôle du stage pour un 45 minutes bien rempli, comme ils ont l’habitude de le faire. Un peu moins en énergie que la dernière fois que je les ai vus, soit durant leur show à l’off-francofolies de CISM, ils restent tout de même fantastiques. Je finis sur le stage en compagnie de trois autres dégênés pendant la présentation d’une nouvelle chanson qui s’articule momentanément sur des bruits d’auto de police et une très courte séquence semi-improvisée comportant les notes de début du générique de fin de Bob l’éponge. Quoi de demander de plus, hein?
Fog
Je reviens au Rialto presque à la course pour être sûr de ne rien manquer et je suis finalement un peu déçu de voir que je n’ai vraiment rien manqué. L’ordinateur d’Andrew Broder ne veut visiblement pas collaborer et il passe une bonne dizaine de minutes à tenter de l’arranger, pendant que son acolyte jase au public d’à quel point Montréal est vraiment plus nice que le Minnesota. Au final, le duo ne nous présentera que deux chansons et elles seront un peu passables. Une déception.
Health
Dernier, mais non le moindre, le trio de Los Angeles se pointe devant une foule courageuse, restée malgré le flop précédant et augmentant sans cesse jusqu’à la fermeture de la salle à trois heures. Les génies commencent dans le gros hardcore avec trois pièces de leur premier album pour bien réveiller le public avant de commencer à mélanger le contenu de Death Magic à tout ça au plus grand plaisir de tous. On nage aussi dans le mystère, car malgré les éclairages vraiment impressionnants, on ne verra pas une seule fois le visage du bassiste, habillement camouflé derrière ses cheveux. Le reste nous saute au visage par contre et je ressors exténué du late-night party. Direction dodo.
Une réponse